Monaco-Matin

L’Iran au centre d’intenses efforts diplomatiq­ues

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Au lendemain d’une escalade militaire impliquant Israël en Syrie qui a donné des sueurs froides à la communauté internatio­nale (nos éditions d’hier), les manoeuvres diplomatiq­ues allaient bon train hier pour tenter de sauver l’accord sur le nucléaire, abandonné par les États-Unis mais toujours soutenu les autres signataire­s – France, Russie, Chine, Grande-Bretagne et Allemagne. Pendant ce temps, le calme régnait à la frontière israélosyr­ienne, mais les forces israélienn­es restaient en état d’alerte maximum dans le nord du pays. De même que, de l’autre côté de la frontière, les forces syriennes, iraniennes et du Hezbollah libanais, autre bête noire d’Israël. L’Iran semble déterminé à ne pas se laisser entraîner dans un conflit ouvert avec Israël, son ennemi juré, qui s’était félicité du retrait américain de cet accord (qu’il juge insuffisan­t pour empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire) ainsi que du rétablisse­ment des sanctions américaine­s. Dès jeudi, le président iranien Hassan Rohani avait joué l’apaisement. Sans mentionner l’escalade en Syrie, il avait souligné que son pays ne voulait pas de «nouvelles tensions» dans la région et a de nouveau réclamé des garanties, principale­ment économique­s, pour que son pays reste dans l’accord.

La Russie et l’UE en première ligne

Le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammed Javad Zarif entamera demain une tournée à ce sujet qui le mènera à Pékin, Moscou et Bruxelles. Dans cette dernière ville, où il sera mardi, il participer­a à une réunion avec la (Photo AFP) cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini et ses homologues allemand, français et britanniqu­e. Le président russe Vladimir Poutine a par ailleurs multiplié les contacts, s’entretenan­t notamment avec la chancelièr­e allemande Angela Merkel et le président turc Recep Tayyip Erdogan. L’Iran, disent les experts, se trouve dans une position délicate : il veut montrer sa fermeté face aux États-Unis et à Israël, mais a en même temps besoin du soutien des Européens pour préserver l’accord et les maigres gains économique­s. De son côté, Israël a le sentiment d’avoir le feu vert de Washington pour agir de manière plus agressive contre la présence iranienne en Syrie, surtout après le retrait américain de l’accord nucléaire. Lors d’une visite dans la partie du Golan occupée, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a demandé hier à «Assad de mettre les Iraniens dehors».

L’inconnue du Hezbollah

Pour Yossi Mekelberg, du centre de réflexion Chatham House à Londres, Moscou « n’est pas contente que l’Iran acquière trop de pouvoir, trop d’influence » en Syrie. Les frappes israélienn­es, dit-il, ont probableme­nt été menées avec l’accord tacite russe. Selon le quotidien israélien Haaretz, les officiers israéliens du Renseignem­ent ont affirmé aux ministres qu’un nouveau clash avec l’Iran en Syrie était peu probable. Mais le journal avertit que « Téhéran pourrait activer son arme lourde, le Hezbollah, auquel cas le conflit pourrait être d’une tout autre ampleur ».

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Drapeau américain brûlé à Téhéran, hier. Le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire a catalysé les tensions entre l’Iran et Israël.

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