Monaco-Matin

FOOTBALL LIGUE 

Eric Bauthéac est de retour à l’Allianz Riviera, ce soir. L’occasion d’évoquer sa nouvelle vie en Australie

- VINCENT MENICHINI

(Photos Jean-François Ottonello et Getty)

Eric Bauthéac est sorti du loft de Lille pour atterrir à des milliers de kilomètres. A Brisbane, sur la côte est de l’Australie, le gaucher mène une vie de rêve qu’il nous a contée en début de semaine, en marge du challenge-ball disputé au Nice LTC. Un entretien à la sauce australien­ne, à la cool !

Comment se retrouve-t-on en Australie, à  ans ? Bonne question (sourires)... J’étais à Lille, dans le loft, et il fallait que je trouve une nouvelle destinatio­n. J’avais pas mal de propositio­ns intéressan­tes, puis est arrivée une propositio­n d’Australie.

C’est quoi la génèse ? En fait, c’est Fahid Ben Khalfallah (ex-Bordeaux) qui a joué les intermédia­ires. Il évolue à Brisbane et me dit que le club cherche un ailier gauche, que le coach me veut, mais que ce n’est pas non plus comme en France sur le plan financier. Tu ne vas pas en Australie pour l’argent, mais pour un projet de vie. Je n’ai pas dit oui de suite. J’ai pris le temps, réfléchi en famille... Il fallait aussi que je résilie mon contrat avec Lille. Il me restait un an, je ne voulais pas m’asseoir dessus.

Partir à l’étranger, c’était un souhait ? Oui, c’était le moment. En France, j’avais fait le tour. J’ai commencé à Saint-Etienne à l’âge de treize ans au centre de formation. On a la chance de faire un métier qui nous permet de voyager, de découvrir de nouveaux horizons, d’autres cultures.

Mais de là à partir en Australie... Je t’avoue que je n’y avais jamais pensé. La MLS m’attirait. Mais, bon, l’Australie... On a beaucoup discuté avec ma femme et on s’est dit que ça pouvait être une expérience à vivre, pour nos deux enfants également. J’ai effectué plein de recherches sur Internet, pris des renseignem­ents précis sur le niveau du championna­t.

Alors, c’est comment le football australien ? Le niveau est top. Je ne m’attendais pas à ça. On joue dans des stades immenses, les pelouses sont des « galettes », il y a de très bons joueurs.

Certaines équipes pourraient­elles évoluer en Ligue  ? C’est compliqué de comparer. Cela ressemble plus au championna­t anglais. Les équipes pensent surtout à attaquer, c’est donc très ouvert. Du coup, tu as plus de spectacle, plus de buts, plus d’actions. Je me régale. Disons que cinq équipes pourraient se maintenir en Ligue , les autres, c’est niveau Ligue . Quel bilan faites-vous de votre première saison ? On a été éliminé en quart de finale des play-off après avoir terminé sixième. On a eu trop de blessés pour espérer mieux, dont moi. Je suis arrivé sans préparatio­n car j’ai eu un gros problème avec mon visa. J’ai commencé la saison en retard car j’ai été victime d’une usurpation d’identité : un mec s’est présenté en tant qu’Eric Bauthéac en  en Australie. Dingue ! Malgré le soutien de mon club, j’ai dû attendre un mois et demi pour obtenir mon visa. Quant à ce faux Eric Bauthéac, il est toujours dans la nature… S’il veut venir boire un coup à la maison, il est le bienvenu (rires) !

Vous n’avez pas l’air de regretter votre choix ? Pas du tout... Je vis une expérience de fou, je ne regrette rien. C’est du bonheur à tous les niveaux. Je mène une vie exceptionn­elle dans une ville où il fait beau toute l’année. Là, on entre dans l’hiver et il fait  degrés... Les gens ont une mentalité que j’adore. Ils sont toujours prêts à te donner un coup de main. Il y a pas mal de Français à Brisbane, je me suis fait plein de potes, via les réseaux sociaux. Cela tombait bien car je suis arrivé seul, sans la famille. On a créé notre clan, on se fait chaque semaine des barbecues dans les parcs. C’est la belle vie !

C’est moins prise de tête qu’en France ? Là-bas, je suis peinard... C’est un peu esprit rugby. Cela n’a rien à voir avec l’Europe dans l’approche du foot. Quand j’étais blessé, les gars n’arrêtaient pas de me dire : “Mec, il faut que tu reviennes vite !” C’était choquant que ça vienne de gars qui jouaient au même poste que moi. En France, quand tu es blessé, ce n’est pas la même. La concurrenc­e, elle n’existe pas. Il y a également un rapport complèteme­nt différent à l’argent. On est deux marky player (joueurs phares) à vraiment bien gagner notre vie. Les autres, ça tourne autour de   euros par mois. Du coup, plusieurs de mes coéquipier­s ont des business à côté, des cafés... C’est la folie làbas. Ma femme veut en ouvrir un, déjà.

Pour fêter la fin de saison, la coutume veut que vous fassiez une soirée déguisée... Oui, imagine ça en France (rires) ! J’étais déguisé en Indien... Il n’y a pas de clan dans une équipe, aucune jalousie. C’est rafraîchis­sant. On ne voyage pas en avion privé. On part parfois trois jours quand on joue en Nouvelle-Zélande, à Wellington. Je suis comme un gosse, je visite des villes de fou comme Sydney, Melbourne, Perth, Adelaide... J’en prends plein les yeux. La veille des matchs, on profite, comme à Sydney, où on est allé à la plage. On a sauté dans les vagues, avec le staff, à la cool (rires) !Le lendemain, on gagne chez le premier. Si tu vas prendre le soleil avant un match de Ligue , tu te fais tirer dessus direct (sourires).

Vous vous verriez rester en Australie après votre carrière ? C’est trop tôt pour le dire. La famille, les amis, ça manque par moments... Il me reste un an de contrat, je ne partirai pas avant, ça c’est sûr.

Vous retrouvez du plaisir après une expérience compliquée à Lille... Je n’ai jamais pu m’exprimer comme je l’aurais souhaité là-bas. Je suis arrivé dans la pire période, il y a eu la valse des coachs : Renard, Antonetti, Collot, Passi...

L’Australie ? Une mentalité que j’adore” La veille de match, à Sydney, on était à la plage”

Les années niçoises, elles, restent... Ici, c’est la maison. Je suis très attaché à la ville, je me sens Niçois, je ne l’ai jamais caché. A Lille, les gens m’appelaient le Niçois (sourires). J’ai eu une flamme à Nice que je n’ai pas retrouvée ailleurs.

Le plus beau souvenir ? Cette première saison (-)... Personne ne nous attendait, ce n’était pas le Gym d’aujourd’hui. On n’avait pas de star mais on avait battu le PSG au Ray. Je marque le premier et Valentin (Eysseric) marque le sur un de mes centres. Le Ray a failli s’effondrer. Quelle ambiance ! C’était la belle époque... Avec Pejcinovic-Civelli, tu pouvais voyager !

Claude Puel ? Niveau football, c’est celui qui m’a appris le plus de choses. On n’était pas très proche, mais j’ai adoré l’entraîneur.

Le Gym d’aujourd’hui ? Un nouveau centre, des investisse­urs, de grands joueurs... Ça joue bien au ballon. J’aurais bien aimé évoluer dans cette équipe, vraiment...

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 ??  ?? Sous le maillot de Brisbane, club avec lequel il a fini du championna­t australien ( buts en  apparition­s).
Sous le maillot de Brisbane, club avec lequel il a fini du championna­t australien ( buts en  apparition­s).

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