Détente pour le couple Macron à Porquerolles
A l’invitation de l’ami collectionneur Roald Goethe, le Monégasque sort de sa retraite sportive pour découvrir la déclinaison vintage du Grand Prix dans le baquet d’un joyau griffé McLaren
Vous l’imaginiez définitivement rangé des voitures de course ? Fausse piste. On l’a retrouvé hier dans le paddock du e Grand Prix de Monaco Historique. Pas spectateur, mais acteur ! Rattrapé par le démon de la compétition, à ans, Clivio Piccione se glisse à nouveau dans la peau d’un pilote. Casque et combinaison sortis de derrière les fagots... Voilà près de dix ans que le Monégasque monté jusqu’à l’étage GP (e de la course remportée par Lewis Hamilton en au pied du Rocher) avait déserté les circuits. Si loin, si près... Pour replonger tête la première, il suffisait d’une étincelle. Comme cette invitation à remonter le temps lancée par le célèbre collectionneur Roald Goethe, ami et associé fidèle. Le temps d’une parenthèse enchantée, c’est donc dans le baquet d’une F presque quinquagénaire, une McLaren MA, e de l’édition aux mains du Néo-Zélandais Denny Hulme, qu’il s’offre un vertigineux voyage au siècle dernier Bonheur savouré à sa juste valeur...
Clivio, votre dernière course en monoplace, c’était quand et où ?
Elle date de l’époque où je représentais Monaco en A Grand Prix. Attendez, je réfléchis. Je crois qu’il faut faire une marche arrière jusqu’en . Non, plutôt . Neuf ans déjà. En revanche, je me souviens que l’ultime épreuve se déroulait sur le circuit de Brands Hatch.
Et votre toute dernière course ?
Ensuite, j’ai bifurqué vers le championnat du monde FIAGT avec l’équipe gardoise Hexis Racing. Au volant de leur Aston Martin GT, nous avions obtenu quelques résultats positifs. Plusieurs podiums, dont une victoire, à Abu Dhabi. De quoi décrocher le titre équipes en . Globalement une saison fructueuse. Mais sans lendemain pour moi, hélas...
Ce fut difficile ensuite de tourner la page?
Devoir raccrocher le casque à ans, quand on estime avoir encore quelques belles saisons devant soi, ça ne se fait pas de gaieté de coeur. Moi, comme tout jeune loup, j’espérais à terme gagner ma vie derrière un volant. Bon, on le sait, en sport auto, il y a beaucoup de prétendants et peu d’élus. Au début, il faut de l’argent, des budgets. Fin , les quelques projets à l’étude pour continuer sont tous tombés à l’eau. Impossible de les concrétiser parce que d’autres pilotes possédaient des moyens supérieurs.
Et alors?
Je me suis plongé dans le boulot. Sans couper le cordon, d’ailleurs, puisque j’ai d’abord fondé une écurie de karting, le team Monaco, avant d’ouvrir une piste de kart électrique loisir en plein centre, côté port. C’est comme ça que j’ai fait la connaissance de Roald Goethe. Vivant en Principauté, il s’est naturellement tourné vers le team Monaco pour initier ses enfants au pilotage. Ensuite, nous nous sommes associés afin de créer la société Pit Stop Monte-Carlo en . On a transformé la pompe à essence du Portier située dans le parking sousterrain du Grimaldi Forum en station-service haut de gamme qui propose diverses prestations, mécanique, lavage carrosserie, réparation, sur plus de m.
Aviez-vous tiré un trait définitif sur votre vie de pilote ?
Oui, je le croyais. D’autant que je suis aujourd’hui un papa comblé. J’ai deux garçons : Kenzo, ans, et Andrea, an. La famille et le travail, ça meuble bien une vie. Mais, bon, un jour, Roald m’a fait une proposition qui ne se refuse pas. Il m’a demandé si j’étais OK pour piloter l’une des F de sa fabuleuse collection lors du Grand Prix de Monaco Historique... Tout simplement. Là, bien sûr, on n’hésite pas un instant. Je n’avais qu’une chose à faire : sauter sur l’occasion.
Jusque-là, quel regard portiez-vous sur cette épreuve ?
Quand on roule en GP, dans l’antichambre de la F, en rêvant de gravir la dernière marche, forcément, le Grand Prix Historique, ça ressemble à une gentille récréation qui permet à des gentlemen drivers de s’amuser. Mais là, croyez-moi, je suis super content d’y participer. Qui plus est au volant d’une vraie Formule . Une voiture qui possède une histoire, un palmarès. Tutoyer la limite sur ce circuit, à domicile, c’est toujours un rare privilège.
Pourquoi la McLaren MA ?
Initialement, je devais piloter la Matra MSC que Roald vient d’acquérir. Mais en la prenant en main luimême, il a trouvé qu’elle lui convenait mieux. Donc j’ai hérité de la McLaren qu’il avait prévu de piloter ici.
Apprivoiser une F quasi quinquagénaire, c’est comme découvrir un autre monde ? Racontez-nous...
Le premier choc survient dès l’installation car on a l’impression d’être assis dans le réservoir d’essence
(Rires). À part ça, j’ai retrouvé la Formule Ford et la F de mes débuts : trois pédales au lieu de deux, boîte de vitesses à crabots; grille inversée, talon pointe. Aucune assistance au pilotage, bien sûr... Des compteurs à aiguille. Et puis les pneus arrières sont gigantesques...
Il a donc fallu changer quelques automatismes, des repères?
Pas tant que ça, finalement... Après dix ans de disette, je pensais galérer plus au début, tâtonner un peu ici et là. Mais non ! J’ai trouvé mes repères assez facilement. À croire que je n’ai pas perdu toutes mes facultés... Bon, elle nécessite tout de même un pilotage très pointilleux. Mieux vaut manier la boîte avec délicatesse, être précis sur les rétrogradages. À part, ça l’auto est assez agréable à exploiter. Elle a un comportement très sain.
Courir à cette époque, ça vous aurait plus ?
Oui, je pense. Même si les résultats dépendaient de la mécanique, déjà, le facteur humain tenait un rôle plus important. Pour tutoyer la limite avec ces engins, je me rends compte là qu’il fallait non seulement du talent, un sacré feeling, mais aussi un coeur énorme. C’était du vrai sport, pas un jeu vidéo... Le pilote était la pièce maîtresse du puzzle, quoi !
Quelque part, vous sentezvous un peu dans la peau d’un débutant ?
Non quand même pas, même si je totalise beaucoup moins de kilomètres dans ce type de monoplace que la plupart de mes adversaires. Par rapport à avant, j’ai juste une approche différente : moins de stress, plus de recul. Ça favorise la prise de plaisir, l’objectif numéro ce week-end.
Justement, vous serez Xe sur la grille de départ de la série E. Quelle consigne vous a fixé Roald Goethe ?
D’abord, il veut que je lui ramène la voiture en un morceau. C’est également mon souhait le plus cher. Parce qu’un tel bijou, on ne peut pas l’abîmer... Ensuite, il faudra profiter de l’instant présent. De préférence à fond et jusqu’au bout.