Bouffées de chaleur : l’inconscient qui chauffe ? Livre
La baisse des estrogènes n’explique pas tout : des stress inconscients participent au déclenchement de ces fameux « coups de chaud » à la ménopause. Isabelle Ranchet précise sa théorie
Il y a quelques années encore Isabelle Ranchet était négociatrice commerciale. Un poste qui l’a conduite à réaliser de nombreux séjours en Asie notamment. «À 45 ans, suite à un burn-out, j’ai décidé de changer de métier», confie-t-elle. Ayant pleinement « pris la mesure de l’importance du lien entre le corps, l’esprit et le spirituel», Isabelle choisit de développer une activité de coach en nutrition, ménopause, etc. Dans son dernier ouvrage Une ménopause sans bouffée de chaleur, c’est possible! (Ed. Alpen 2018), l’azuréenne présente «sa» théorie concernant les bouffées de chaleur et livre quelques précieux conseils et exercices pour apprendre à piloter sa ménopause via les trois piliers «corps, esprit, nutrition».
Qu’est-ce qui vous a incité à vous intéresser à la ménopause? De retour d’Asie où j’ai longtemps séjourné, je me suis aperçue qu’au contraire des femmes asiatiques – qui n’en parlent quasiment jamais – les Européennes évoquent avec beaucoup d’angoisse la ménopause; elles envisagent la prise de poids, la perte de libido, les bouffées de chaleur, les sautes d’humeur, etc., comme une fatalité. Et dans les faits, plus de à % d’entre elles souffrent effectivement de ces troubles. Alors qu’elles sont moins de % en Asie. Toutes les femmes subissent pourtant la même baisse des hormones à la ménopause.
La consommation de soja, contenant des phytoestrogènes est souvent avancée pour expliquer ces différences Le soja ne peut pas tout expliquer. En Inde, on ne mange pas de soja! Et les % Françaises qui ne rencontrent pas de «problèmes» à la ménopause ne se distinguent pas non plus par une consommation importante de soja.
Comment analysez-vous dès lors ces différences? Il est certain que plus on est convaincue que l’on va avoir des problèmes, plus on en a. Chez les femmes qui ne s’en préoccupent pas, voire vivent cette période comme une libération, tout se passe souvent bien: on parle de «ménopause cadeau»! Ensuite, interviennent la nutrition – la consommation d’oméga est fondamentale par exemple – et l’activité physique. En Asie, on pratique beaucoup le yoga, le qi gong, le taï-chi… En Occident, à peine % des femmes dans cette période font du sport, alors que l’on sait qu’il est très bénéfique.
N’y aurait-il pas aussi une dimension plus culturelle? Absolument. En Asie, la femme ménopausée est plutôt valorisée. On parle de second printemps ; c’est un peu une renaissance. Son expérience, sa sagesse, son savoirfaire, son savoir être sont soulignés. La situation est toute autre dans nos sociétés judéo chrétiennes. Dans l’inconscient collectif, l’image de la femme est associée à la fécondité. Lorsqu’elle n’a plus ses menstruations, son statut s’écroule. On remarque que les femmes qui résistent le mieux à la ménopause sont celles qui ont choisi de rester femme, pleinement conscientes de leur expérience et de leur maturité. Une histoire d’estime de soi, de mental ? Oui, et qui change tout. Lorsqu’une femme se sent belle, valorisée, bien dans sa peau, tout cela a un impact positif sur sa biologie. Certaines personnes disent ainsi ne ressentir aucun des symptômes associés à la ménopause. Vous avez dégagé, concernant les bouffées de chaleur, la théorie du FESI (Facteur extérieur stressant inconscient). De quoi s’agit-il? Connaissant le lien corps esprit, et confrontée moi-même à ces bouffées, je me suis interrogée: pourquoi une bouffée de chaleur a ce moment précis? Et pourquoi suis-je énervée? Un médecin répondra que c’est lié à la baisse des oestrogènes – Isabelle Ranchet (DR)
qui ont un rôle important dans la thermorégulation. Cela ne suffit pas à tout expliquer; la baisse d’oestrogènes est le terrain propice à l’hypersensibilité de la femme durant cette phase. Mais ce n’est pas facteur déclencheur. Je me suis aperçue que chaque fois que j’avais une bouffée de chaleur, c’était lié à quelque chose que je venais d’entendre, de voir, de sentir qui me rappelait la femme de laquelle je m’éloignais: une femme plus jeune vue dans une pub, une maman avec un bébé… Notre conscient ne l’enregistre pas, mais notre inconscient nous rappelle que, même si on accepte notre ménopause, on n’est pas forcément prête à accepter l’éloignement de la jeunesse. Ce désaccord entre le non conscient et la conscience suscite un choc émotionnel, une contrariété inconsciente. Au niveau physiologique il y a un stimulus au niveau de l’hypothalamus qui va provoquer une décharge d’adrénaline (hormone de la peur) puis la noradrénaline (hormone de la colère), par les surrénales. Et la température corporelle va aussitôt grimer de °C. D’où la sensation de bouffée de chaleur et d’énervement.
Mais quid des bouffées de chaleur la nuit? Elles pourraient être liées à des choses inconscientes stockées au cours de la journée (sans avoir été traitées sur le moment). Ça ressort la nuit, comme les rêves. Une solution en trois étapes – pour les femmes qui ont vraiment envie de travailler sur elles ! Première étape: distinguer le déclencheur: qu’est-ce qui s’est produit dans les secondes précédant la bouffée de chaleur, ensuite on s’interroge sur les motifs de l’énervement, et enfin on accepte, on corrige et on rectifie.