Madame Monsieur :
Nice-Matin a pu suivre le duo Madame Monsieur dans les heures qui ont suivi la sortie de scène de l’Eurovision. Reportage au coeur de la délégation française et de l’entourage
Bien sûr, il y eut les larmes. La déception. La pression qui retombe brutalement en sortie de scène, au contact de la chaleur enveloppante des proches, des amis. Une tendresse qui permet de se (re)lâcher. Bien sûr il y eut cette treizième place à l’Eurovision. Décevante. Pourquoi s’en cacher ? Tout le monde, y compris les observateurs les plus aguerris, les plus pondérés, les annonçaient dans le Top 5. Les attentes étaient donc grandes. À la mesure de l’affection que le public français a démontré pour Madame Monsieur. Bien sûr il y eut samedi soir l’incompréhension. Il ne faut pas sous-estimer la violence psychologique, pour un artiste, que représente un vote défavorable du public européen. Au retour à l’hôtel, après avoir chanté devant 200 millions de téléspectateurs, la chanteuse analysait : «Il faut bien admettre, au vu des résultats, que ce thème des migrants a été clivant. » Mais il y eut tout le reste. Et les motifs de satisfaction sont très nombreux à l’issue de cette 63e édition. À commencer par l’incroyable parcours de la Vençoise Émilie Satt et de son mari, JeanKarl Lucas. Autour de leur chanson, ils ont agrégé un grand nombre de Français. Le duo Madame Monsieur a d’ailleurs été récompensé samedi du prix de la presse Marcel-Bezençon ,dunom de celui qui est considéré comme le fondateur de l’Eurovision. Presse qui, juste avant la finale, avait organisé un vote interne, parmi les 1700 journalistes accrédités. Les supporters attendaient le duo devant l’hôtel avec des «Mercis» sans réserve.
Tous voyaient Madame Monsieur gagnants. Combien d’artistes peuvent, par ailleurs, se prévaloir d’une telle expérience, dans le plus grand concours de chant au monde ? Dans le hall de l’hôtel de la délégation, dimanche vers 2 heures du matin, au sortir du prime time, nous avons retrouvé un Christophe Willem les yeux brillants d’émotion. La raison ? «Je suis touché. Je ressens leur tristesse, leur déception, et je pense que d’une certaine manière tous les Français le ressentent.» Et Christophe Willem de tenter lui aussi une analyse, à chaud : «On en a discuté avec Stéphane Bern et Alma, il n’y a jamais eu autant de rebondissements, c’est cela la magie de l’Eurovision. Émilie et Jean-Karl sont tristes car on espérait tous mieux. Mais le message est passé, et avec une grande dignité. Cela remet l’accent sur le fait que les pronostics des bookmakers, ça ne veut rien dire. Il y a eu une vraie ferveur autour de Madame Monsieur, un vrai engouement. L’important est là.» À peine sorti de scène, le groupe est allé se ressourcer auprès des proches et des fans (lire page cicontre). Alma, qui avait accroché la 12e place en 2017, et qui commentait auprès de Stéphane Bern et Christophe Willem a glissé quelques mots au couple avant de revenir à l’hôtel : «Vous avez fait un super tableau, chanté la chanson à merveille, il n’ a pas de regrets à avoir, il faut partir la tête haute, continuer à avancer.» Au chapitre des grandes satisfactions de la soirée, le score d’audience réalisé par France Télévisions : 5,15 millions de téléspectateurs (28,5% de parts de marché) sur France 2, contre 4,48 millions pour TheVoice sur TF1 (21,2%). Un résultat qui démontre sans ambiguïté l’intérêt des Français pour la candidature de Madame Monsieur, et valide la stratégie de France Télévisions d’investir dans cette compétition. Dans le salon de l’hôtel de la délégation, où chacun a pu se réconforter dans cette nuit lisboète un peu folle, Delphine Ernotte, sa présidente, est d’ailleurs revenue sur cet engagement européen (lire ci-dessous). C’est désormais une nouvelle page de l’aventure Madame Monsieur qui s’ouvre pour la chanteuse vençoise et son mari, dans la continuité de leurs coopérations artistiques avec Ibrahim Maalouf ou le chanteur Youssoupha. Une aventure qui sera désormais suivie par des millions de fans. La victoire est là.