Monaco-Matin

Koh-Lanta : « Ils ont tué mon rêve »

UN TÉMOIGNAGE EXCLUSIF

- PHILIPPE COURTOIS pcourtois@nicematin.fr

S’il hésite à donner son nom, c’est simplement pour préserver ses chances de « refaire, un jour Koh-Lanta ». Car la frustratio­n est immense. Parisien, architecte de formation et fou de sports mécaniques, ce trentenair­e hyper-sportif, dont une partie de sa famille habite sur la Côte d’Azur, est taillé pour l’aventure. Et cette aventure est à sa taille. «Depuis cinq ou six ans, je regarde cette émission en me disant que ce jeu est fait pour moi », raconte ce compétiteu­r-né, qui a souhaité profiter des premiers mois de sa fille nouvelleme­nt née avant de franchir le pas et de se préparer à quitter sa famille pendant près de deux mois.

Nombreux castings

« Je me suis inscrit à la fin du mois de décembre 2017 et dès le 3 janvier, j’ai reçu un coup de téléphone de la production ». Sa candidatur­e était retenue. Restait à passer les premiers castings. Très vite, la production comprend qu’elle est face à un gagnant potentiel de KohLanta. « J’ai passé tous les tests sans aucune difficulté. Apnée, natation, etc.» Sans compter les examens médicaux, nombreux, et quelques vérificati­ons évidentes dont celle du casier judiciaire. Comme tous les futurs “survivants”, il n’a pas échappé aux questions personnell­es. «Ils testent notre capacité à réagir, à réfléchir et à nous intégrer. Ils tentent de déterminer le comporteme­nt qui sera le nôtre face aux épreuves. Les épreuves sportives mais aussi physiques comme la faim ou la promiscuit­é. En fait, tout y passe sauf les questions politiques ou religieuse­s ». En revanche, l’entourage du participan­t n’est pas sollicité. «Non, ils nous demandent même d’en parler le moins possible. Pour la production, les candidats sont des gens comme tout le monde. Il ne faut pas non plus que ce soit des gens qui aient déjà participé à d’autres jeux ». Les castings s’enchaînent. La production réclame des dizaines et des dizaines de photos.

La stratégie

Et puis est venu le jour du décollage, cap sur les Fidji. C’était le 28 avril au matin. « Très vite, j’étais dans l’aventure. Sur le bateau tout d’abord, j’ai compté 21 aventurier­s. Je me suis dit que le 21e avait un rôle. Soit il allait être très vite éliminé, soit il y aurait cette année trois équipes au lieu de deux ». Et dès les premières minutes, il met en oeuvre sa stratégie. « Je ne voulais pas être le chef de qui que ce soit mais plutôt un bras droit. Quelqu’un qui permet d’obtenir la victoire (par mes dispositio­ns sportives), qui se rend indispensa­ble sur le camp mais qui reste discret. C’est pourquoi lorsqu’on a sauté du bateau avec le paquetage pour rejoindre la rive à la nage je suis arrivé… deuxième. Pourtant, j’avais largement la force d’arriver premier ».

« J’ai fait les poteaux ! »

Une surprise de taille attendait alors les naufragés. «Habituelle­ment, l’épreuve reine est celle des poteaux. Le dernier jour...». Elle permet de déterminer le classement des trois gagnants. «En posant le pied sur le sable, j’ai vu Denis devant 21 poteaux et j’ai compris que ce serait la première épreuve. Je pourrais dire : “j’ai fait les poteaux”». Un épisode qui mettra en lumière les trois candidats les plus résistants. « Ces trois-là sont devenus les trois chefs d’équipe. On leur a offert un bracelet d’immunité et puis on a passé la nuit tous ensemble, les 21». Un très mauvais souvenir pour cet acteur de la scène.

“Les Anges de la téléréalit­é”

« J’ai rapidement vu que certains n’étaient pas là que pour le jeu, la compétitio­n, le sport et l’esprit de l’émission. Entre concours de muscles, gamineries et simagrées, je trouvais cela insupporta­ble. Le lendemain, on a constitué les équipes. La mienne, les jaunes, était équilibrée. Dans la rouge, il y avait beaucoup de sportifs. La bleu (Ndlr : dans laquelle se trouvait Candide Renard et Eddy, les deux protagonis­tes de l’affaire de l’agression sexuelle) ,onaurait plutôt dit un épisode des Anges de la réalité». Dès le deuxième jour, la faim se fait sentir. Mais là encore : « On a remporté l’épreuve de confort : un kit de pêche avec un harpon! On pêchait plus de poissons qu’il n’en fallait alors on les rejetait à la mer. Je mangeais les crabes aussi. Crus ». Puis vient le premier conseil. « Cela a duré des heures. On a fini par voter pour une candidate qui se sentait mal dans l’aventure. Denis a ponctué en disant, à demain les jaunes ! » Et puis au matin du cinquième jour, alors qu’une nouvelle épreuve s’annonçait, la production a débarqué sur le camp des jaunes. « Ils nous ont expliqué qu’on avait mal compris et qu’on pouvait vaquer à nos occupation­s, l’épreuve serait le lendemain. Mais le lendemain, quand ils nous ont expliqué que la journée serait libre et qu’ils sont repartis avec les caméras, –“tournage suspendu”–, alors oui, on s’est inquiété. Nous avons eu peur qu’il y ait un blessé grave et qu’on soit contraint d’attendre quelqu’un qui viendrait de Paris pour le remplacer ». Et puis la nouvelle est tombée. «On est venu nous annoncer qu’il y avait eu un problème entre deux candidats. L’un avait atteint à l’intégrité physique de l’autre avec différents degrés de responsabi­lité. Ils ont dit que cela ne correspond­ait pas à l’esprit de l’aventure et que le tournage était stoppé ».

« Tout faire pour repartir »

Les équipes sont abattues. « Ils ont tué mon rêve. J’étais bien. Je savais que j’allais gagner car cette aventure était taillée pour moi. Je suis en colère. Je vais tout faire pour retourner dans le jeu lorsque cela reprendra. J’ai peu de chances car l’année de la mort de Gérald Babin, en 2013, on avait dit la même chose aux candidats et aucun n’a été repris. Mais ce n’est pas grave. Ils m’ont dit que notre candidatur­e serait examinée avec un grand soin. J’y crois. » «Sur le coup, j’étais soulagé qu’il n’y avait pas un mort ou une personne dans le coma.

Je me suis dit qu’ils allaient renvoyer les deux protagonis­tes et qu’on reprendrai­t le fil du jeu. Mais non. Tout le monde est rentré. Je suis écoeuré : je n’étais pas blessé, pas éliminé et pourtant je suis rentré à Paris, le 12 mai ! C’est injuste ». Le compétiteu­r salue le comporteme­nt de Denis Brogniart qui a eu un mot pour chaque aventurier. Il pourra venir se reposer sur la Côte d’Azur. Mais le sable des Alpes-Maritimes n’est pas celui des Fidji. Et la colère est là. «J’ai fait des sacrifices, j’ai suivi un stage de survie, je me suis investi. Je vais tout faire pour repartir ». Que TF1 l’entende !

‘‘ Je ne voulais pas être chef mais juste un bras droit ”

‘‘ je n’étais pas blessé, pas éliminé, et pourtant je rentre à Paris ”

 ??  ??
 ?? (Photo Alain Issock/Alp/TF) ?? Les jaunes à l’épreuve en .
(Photo Alain Issock/Alp/TF) Les jaunes à l’épreuve en .

Newspapers in French

Newspapers from Monaco