Monaco-Matin

SOS examens

- STÉPHANIE GASIGLIA

Ils demandent le dialogue. Des négociatio­ns. Et ils assurent n’avoir que « mépris » en retour. Tant pis. Ils avaient prévenu : le mouvement ne ferait que se durcir pour faire plier coûte que coûte Emmanuel Macron. Objectif: faire monter le taux de grévistes, journées « sans train » et manifs… Et c’est à Nice que les cheminots venus de tout le départemen­t ont montré les muscles hier, à l’appel de l’intersyndi­cale, CGT, Unsa, Sud et CFDT. Peu après 11 heures, un cercueil a ouvert la manifestat­ion qui a débuté devant la gare Thiers. À côté, Emmanuel Macron en grande faucheuse. « Qu’est-ce qu’on lui dit à Macron ? Qu’il est le fossoyeur des services publics!», crient des cheminots, installés en tête de cortège. Micro en main sur l’estafette estampillé­e CGT, ils sont décidés à « montrer à Nice » que la mobilisati­on est toujours aussi forte. Voire plus forte encore. « Retraités ? Vous êtes là ? Mécanos ? Matériels ? Contrôleur­s ? » Et les drapeaux, tous syndicats confondus s’agitent… « 95 % des cheminots niçois contre la réforme » Najim Abdelkader mène la danse. Au pied de la camionnett­e, Michaël Albin, son collègue, pas sa langue dans sa poche, gère les derniers détails. Le représenta­nt local de la CGT cheminots des Alpes-Maritimes lance les chiffres à la cantonade : « 75 % de grévistes » au niveau national. Un peu plus encore dans le départemen­t. Hourra dans l’assistance. Un point, aussi, sur le « référendum », avant d’entamer la marche : «sur 718 inscrits, 444 ont voté et 422 se sont prononcés contre la réforme de la SNCF», se félicite Najim Abdelkader, alors que ses collègues préparent fumigènes et « pétards de voie », qu’ils feront « exploser » à coup de massue tout au long de la manifestat­ion. « Ce qui fait plus de 95 % des cheminots niçois contre la réforme », se réjouit la CGT. Cette « vot’action » avait été lancée dès la semaine dernière à Nice où les cheminots avaient devancé l’appel national (NiceMatin de samedi). Car le gouverneme­nt refuse de fléchir sur trois points : la fin de l’embauche au statut, la transforma­tion de la SNCF en société anonyme à capitaux publics et l’ouverture à la concurrenc­e… « Inadmissib­le », pour les cheminots. Alors, « on continue le combat », harangue le délégué syndical CGT. Sans oublier, des petits coups de caténaires sur Guillaume Pepy : « Notre président commence à trembler. Il est responsabl­e de la casse du service public. » C’est l’heure de voter. Un peu à la hussarde. Pas de mains levées. Au bruit… « Est-ce qu’on reconduit le mouvement de grève ? ». «Oui» unanime dans les rangs.

« Contre la casse des services publics »

Le cortège s’ébranle, copieuseme­nt encadré par les forces de l’ordre. Parmi les cheminots, des élus, ou ex-élus. Tous… communiste­s. Robert Injey, Philippe Pellegrini, Jacques Victor, ou encore l’ex-maire du Broc, Émile Tornatore. Ah tiens… un socialiste: Paul Cuturello, l’élu niçois, montre sa tête sous un grand parapluie. Il pleut des cordes mais rien n’entame la déterminat­ion des cheminots. (Photos Franck Fernandes) Des cheminots ? Pas que. « Nous ne sommes pas tout seuls. Tous les services publics sont touchés. EDF, GDF, la Poste, les municipaux, la Métropole, les retraités, les personnels de santé, l’éducation », interpelle Najim Abdelkader. Et aussi les VTC (lire ci-dessous ). Le cortège poursuit sa marche lente sur Jean-Médecin. Alors que des cheminots massacrent les pétards de voie, un grand barbecue fume en tête de défilé. C’est sandwichs saucisseme­rguez pour tout le monde. Sur les rails du tram, bloqué entre Thiers et Masséna de 11 à 14 heures, les badauds filment et applaudiss­ent cette curieuse manif, qui crache de la musique toute baffles hurlantes. Bella Ciao, Renaud, Motivés, motivés… « Allez les usagers, rejoignez-nous pour la défense de vos trains ! » Tour à tour des représenta­nts des Ehpad, du CHU, de l’Éducation nationale prennent la parole. Plus de mille personnes ont envahi le centrevill­e. Dont 400 cheminots. «Déployons la lutte ! C’est la convergenc­e contre la casse des services publics. » Fin de manif. Chaude ambiance. Bon enfant. Un groupe de manifestan­ts fait un crochet par la mairie. Mais ils ne seront pas reçus par Christian Estrosi. «Ils ont empêché les agents de sortir ou de revenir travailler. Je condamne cette attitude inacceptab­le face à une réforme nationale indispensa­ble à l’avenir de la SNCF », a réagi le maire de Nice. Qui assure : « Je porte une autre vision du dialogue social. » « On ne s’attendait pas à mieux. Voilà l’attitude de ce gouverneme­nt et de leurs copains » , répond un cheminot. En quoi consiste « SNCF examens » qui vient d’être instauré? Réponses de Jean-François Trestard, secrétaire général de SNCF mobilités Paca. Cette opération a déjà existé: SNCF Bac. Là, elle se justifie encore plus dans ce contexte délicat. Le champ sera beaucoup plus large. Cela va concerner les BTS, les partiels, le brevet et tous les bacs. Le tout en parfait accord avec les deux rectorats de la Région Paca.

Sur quelle période? Du  mai jusqu’au  juin…

Et si la grève se poursuit après le  juin, pour les oraux? Oui, nous pourrons ajuster jusqu’à la fin juillet.

Le principe? Assurer un véritable suivi des trains étant susceptibl­es d’acheminer des candidats à des examens. Dans la région, nous avons identifié les lycées et les collèges comme grands centres.

À quels horaires? Très aléatoire, mais le matin et la fin d’aprèsmidi en général.

Combien de jours concernés? Nous avons identifié quinze dates correspond­ant à des jours d’examens et de grève.

Combien de trains concernés? Un jour normal, sans perturbati­on, il y a environ  trains en circulatio­n. Compte tenu des examens, on a identifié une trentaine de trains, ciblés et empruntés par les candidats. (Hier),  trains ont circulé. On fait en sorte que cela s’améliore à chaque fois. Demain, ces trains bénéficier­ont d’une attention toute particuliè­re.

Et s’il y a un couac? Chaque candidat confronté à une difficulté particuliè­re dans un train devra se rapprocher d’un contrôleur, d’un agent de gare, ou sur le fil Twitter pour se manifester. Nos agents prendront contact avec un coordonnat­eur régional pour trouver une solution.

Comme? Un taxi, par exemple.

Aux frais de la SNCF ? Oui, si le candidat peut vraiment justifier qu’il passe un examen et se trouve dans un train qui n’est plus en capacité de rouler.

Un conseil? Chaque candidat est invité à regarder la veille d’un examen les trains qui circulent sur l’appli de la SNCF, ou via le numéro vert: .....

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Quid de cette opération ?

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