Bain de sang à Gaza : au moins morts
Des heurts ont éclaté entre les soldats israéliens et les 35 000 Palestiniens rassemblés à la frontière avec Israël pour protester contre l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem
Au moins 55 Palestiniens tués – dont 8 âgés de moins de 16 ans selon l’ambassadeur palestinien à l’ONU – et environ 2 400 autres blessés : c’était, hier soir, l’effroyable bilan, encore provisoire, des heurts avec les soldats israéliens à la frontière de la bande de Gaza, lors de manifestations contre l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem. Toute la journée, environ 35 000 Palestiniens ont protesté contre la concrétisation de l’une des promesses les plus controversées de Donald Trump. Aux jets de pierres, Tsahal a riposté par des tirs à balles réelles. Il s’agit de la journée la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis la guerre de l’été 2014 dans l’enclave palestinienne.
Netanyahou blâme le Hamas
La direction palestinienne a crié au «massacre» alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a justifié l’usage de la force par le droit d’Israël à défendre ses frontières contre les agissements « terroristes » du mouvement islamiste Hamas, qui gouverne Gaza. L’État hébreu a réfuté le caractère proclamé pacifiste de la mobilisation à Gaza et dit qu’elle servait de couverture aux tentatives du Hamas de s’infiltrer en Israël. Selon Tsahal, au moins trois équipes ont essayé de disposer des explosifs le long de la barrière, et plusieurs membres du Hamas se seraient déguisés en civil pour se fondre parmi les manifestants. En représailles, Israël a bombardé hier plusieurs positions du mouvement islamiste.
« Un grand jour pour Israël »
Dans le même temps, à quelques dizaines de kilomètres, officiels américains et israéliens ont célébré en grande pompe un moment «historique» dans la nouvelle ambassade à Jérusalem. Donald Trump, représenté sur place par sa fille et son gendre, a salué dans un message vidéo ce transfert de l’ambassade américaine (auparavant à Tel Aviv) comme « un grand jour pour Israël », et justifié sa décision, qui constitue une rupture avec des décennies de diplomatie américaine et de consensus international, comme la reconnaissance d’une réalité historique. Ces événements ont suscité une vive inquiétude internationale (lire ci-contre) dans un contexte de tensions et d’incertitudes régionales déjà fortes. Depuis le début, le 30 mars, de la « Marche du retour», qui voit des milliers de Gazaouis se rassembler régulièrement le long de la barrière de sécurité entre Israël et Gaza, l’armée israélienne a tué 114 Palestiniens. Et ce chiffre pourrait augmenter : une nouvelle mobilisation est prévue aujourd’hui, jour où les Palestiniens commémorent la «Nakba», la « catastrophe » qu’a constituée pour eux la création d’Israël en 1948, synonyme d’exode pour des centaines de milliers d’entre eux.