Monaco-Matin

Mondial : Rony Lopes et Moutinho avec le Portugal...

- MATHIEU FAURE

Sergio Romero, Marteen Stekelenbu­rg, Morgan de Sanctis, Paul Nardi, Diego Benaglio. Depuis 2012, cinq hommes ont tenté de lui prendre sa place, ils se sont tous fait une raison. On ne sort pas si facilement Danijel Subasic des bois de l’AS Monaco. Sans parler des rumeurs Rui Patricio, Steve Mandanda ou le pré-contrat signé entre Victor Valdès et l’ASM avant que le gardien ibère ne se fasse les croisés. D’autres auraient vu une marque de défiance, ‘‘Suba’’ y voit un challenge permanent. « Les dirigeants veulent les meilleurs du monde et tant mieux » lâche-t-il au moment de la remontée en 2013. Souvent décrié, le Croate ne vit jamais une saison comme la précédente. Sur un nuage l’an dernier, il a eu du mal - comme tout le monde à se remettre dans le bain cette saison. On l’a senti moins serein, moins dominant, moins concentré. Alors il a fait des boulettes et il est passé au travers de quelques matches. Contre Troyes, au Parc des Princes où en finale de Coupe de la Ligue face au PSG. « Ce deuxième but contre le PSG, je ne dis pas qu’il résume sa saison, mais il illustre ses difficulté­s », détaille Jean-Luc Ettori dans les colonnes de France Football peu de temps après la finale perdue de Bordeaux (0-3). « Il est moins décisif cette saison, c’est certain, et surtout il n’a pas la constance qu’il avait les années précédente­s » conclut le recordman de matches joués avec l’ASM. « Il a été fragilisé dans son poste de gardien par l’affaibliss­ement de l’équipe, c’est normal », poursuit Christophe Lollichon, en charge du développem­ent des gardiens de but à Chelsea depuis plus de dix ans. Lollichon encore : « C’est un gardien expériment­é, qui connaît le club, il peut donc se gérer facilement. Il n’a pas été au top physiqueme­nt, il a connu différente­s petites blessures qui ont rendu sa saison difficile mais depuis plusieurs matches, il retrouve son meilleur niveau. » Voilà donc plusieurs semaines que le Croate sort des prestation­s 5 étoiles. Strasbourg, Rennes, Nantes : Subasic sort trois matches avec au moins dix arrêts, ce qui n’est pas anodin. A Caen et contre Saint-Etienne, il garde les siens dans le match dans les moments cruciaux. « Avec l’effet Coupe du monde, on sent qu’inconsciem­ment, il se met une pression positive, d’autant que c’est sans doute son dernier grand tournoi internatio­nal. Il a retrouvé la forme, son niveau de jeu, ce n’est pas anodin de le voir briller en ce moment », embraye Lollichon. Il ne faut pas oublier que l’ancien gardien de Split est arrivé en Ligue 2. Voilà donc plus de 6 ans que le garçon traîne son humour à La Turbie. Au départ, lorsqu’il débarque dans un club qui squatte la dix-huitième place en Ligue 2, ‘‘Suba’’ est un CV exotique parmi les autres, dans cette opération commando censée ramener le club en Ligue 1. Aucune star, juste des grandes gueules talentueus­es. Subasic a 27 ans et tire les penalties. Son style est inclassabl­e, scotché sur sa ligne quand il faut rassurer son monde, goal volant quand il faut être prudent, le natif de Zadar maîtrise l’art du contre-pied. Parfois un peu trop puisque certains en viennent à douter de lui. Subsasic, c’est le gardien à la fois fantasque et sobre. L’esprit de Pascal Olmeta dans le corps d’Hugo Lloris. 273 matches et 104 clean sheets plus tard, Subasic est bon dans la dernière ligne droite d’une saison qui, par moments, fut très compliquée. On ne prend pas sept buts au Parc des Princes tous les ans, par exemple... « Quand votre gardien prend sept buts durant le même match, c’est toujours difficile de tourner la page. Il faut s’adapter à sa personnali­té, certains ont besoin de passer à autre chose rapidement, d’autres veulent vite revoir les images, mais il y a toujours un besoin de relativise­r, analyse Lollichon. Avec les gardiens d’Europe de l’Est, je l’ai connu avec Petr Cech, vous n’avez pas besoin de longs discours, on est surtout dans la conversati­on quotidienn­e. Il a de très bons rapports avec l’entraîneur des gardiens, André Amitrano, qu’il a soutenu publiqueme­nt lorsque celuici était sur le départ, c’est un plus. Avec un gardien aussi expériment­é, vous n’avez pas besoin de discours particulie­r, il faut simplement aller de l’avant, se projeter sur le prochain match. Il est dans un environnem­ent qu’il maîtrise, c’est sans doute un pilier du vestiaire. » Mieux, Subasic est un gardien de but sur lequel le stress n’agit pas. Concurrenc­e ou pas, l’homme reste zen en toutes circonstan­ces. «Je n’ai pas peur de perdre ma place ici. Le foot se joue dans la tête et je l’ai compris. Tant que je serais détendu, ça ira », disait-il en 2013 lorsque Sergio Romero, pourtant gardien titulaire de l’équipe d’Argentine, est venu sur le Rocher. Peut-être parce que Subasic revient de loin. De très loin. « Avant de signer à Monaco, j’avais Évian et Brest qui s’intéressai­ent à moi, mais Dado Pršo m’a dit qu’il fallait que je vienne ici sans avoir peur. » Six ans plus tard, Danijel Subasic, parfois critiqué par les supporters, reste une valeur sûre du vestiaire monégasque. Ce n’est sans doute pas un hasard si depuis un mois le dernier rempart de l’ASM aligne des performanc­es étincelant­es. Quand on fera le bilan de la saison, il ne faudra pas oublier sa contributi­on dans le sprint final. Là où tout s’est joué. Le sélectionn­eur portugais Fernando Santos a donné sa liste pour la prochaine Coupe du monde, une première de  noms dans laquelle figurent deux Monégasque­s : Joao Moutinho ( sélections,  buts) et Rony Lopes ( sélection). Selon les dernières tendances, le premier devrait être dans les , le second plutôt réserviste. A noter que Bernardo Silva, ancien pensionnai­re de l’ASM entre  et , est aussi dans la liste élargie.

Avec les gardiens de l’Est, pas besoin de longs discours ”

Newspapers in French

Newspapers from Monaco