Monaco-Matin

« CANNES, C’EST LE KOH-LANTA DE LA GRATOUILLE »

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C’est votre quinzième Festival, vous vous souvenez du premier ? C’était en 2003. J’ai découvert la Croisette quand je bossais pour 20 Minutes. Mon chef me jette au Manège à quelques pas du Palais et il me dit : “Là t’as le Palais, là t’as le Martinez, tout se joue là” .Lapremière heure, j’ai appelé tous mes potes en leur disant : “Je ne sais pas ce que je fous là”. Au bout de 3 jours, c’était parti.Y’a un côté très drôle et un peu “débilos” dans le Festival de Cannes, avec le papillonna­ge de soirée ; si t’as un peu de bagout, tu te débrouille­s. Puis, la troisième année, j’ai commencé à mixer. C’était le début d’une autre activité et ça a été un bon tremplin. Cédric Couvez.

Cannes, c’est devenu aussi un festival de musique ? Non, mais les line-up du Festival, c’est limite des line-up de Coachella. À une époque, Cannes c’était de la musique de mariage partout, du YMCA, Gloria Gaynor... En 2008, le Festival a commencé à muer au niveau de la musique, sous l’impulsion

de la Villa Schweppes et de Jean Roch aussi, sur deux axes totalement différents. Jean Roch à fond sur les stars du rap et à côté de ça, la Villa Schweppes s’est imposée comme le spot pour les dj branchouil­les. Aujourd’hui, être sélectionn­é pour jouer ici c’est vraiment un honneur. De l’extérieur pourtant, tout paraît hyper segmenté, les gens d’un côté des barrières et de l’autre, ceux avec badge et les autres sans... C’est codifié mais pour les gens qui n’ont pas de badge – d’ailleurs les gens vraiment importants n’ont jamais de badge – il reste la débrouilla­rdise. C’est ce qui est mignon à Cannes, c’est le Koh-Lanta de la gratouille : gratter un Schweppes tonic, rencontrer ta star rêvée, c’est Koh-Lanta pour tout et ça c’est chouette.

Chaque année on entend “c’était mieux avant”, “ça a changé”… Bien sûr que ça a changé, mais tout le monde change. Après t’as deux façons de voir le truc, soit t’es passéiste et tu dis: “Gnagnagnga c’était mieux avant”, soit tu prends ce qu’il y a de bon à prendre, aujourd’hui, et tu vis des expérience­s drôles. Que les choses soient différente­s, c’est normal, y’a des trucs qui étaient vachement mieux avant, mais la Villa Scwheppes, c’était pas mieux y’a 10 ans, ils avaient pas cette puissance. Les picassiett­es disent c’était mieux avant parce que t’avais 25 pinces-fesses où tu pouvais boire des coups de mousseux, après est-ce que c’est ça la vie ?

Il y a aussi eu pas mal de restrictio­ns à cause du bruit... Je trouve ça assez dommage. Je peux comprendre que le Festival cherche à garder une pureté, une intégrité cinématogr­aphique, en revanche, le côté festif fait vraiment partie de l’histoire. Les gens du cinéma aiment bien cette frénésie-là. Aujourd’hui, il y a un côté rigoriste qui me dérange.Après, il y a des parades, là on est dans un super jardin (la Villa Schweppes s’est installée à l’Hôtel de Mougins, ndlr). C’est une parade, parce que sur la plage, tu ne pouvais plus faire ça. A. M.

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