Monaco-Matin

Nos lecteurs ont la parole

Nice-Matin vous propose de participer à un débat sur un thème d’actualité. Le sujet du jour : les automobili­stes sont-ils les vaches à lait de la République ?

- MATTH SIEJA

Cette semaine, notre débat porte sur la hausse des dépenses pour les automobili­stes. Horodateur­s, PV, contrôles techniques, radars, péages, carburants, assurances... Tout augmente ! Posséder une Clio, par exemple, coûte environ   euros par an.

Les automobili­stes sont-ils les vaches à lait de la République ?

◗ Hypocrisie

Je vous réponds : bien sûr que oui. Exemple : le 80 km/h au lieu de 90. Ça ne va pas sauver des vies, bien au contraire. Le 80 est une répression absurde et ça sort en même temps que les voituresra­dars privées ? En outre, quand ils disent qu’il y a 3 600 décès sur nos routes, il faut savoir qu’il y a tous les usagers. Les voitures, motos et camions représente­nt 2 000 décès, les 1 600 autres sont des cyclistes piétons et autres (trottinett­es...). Sans les camions, le chiffre descend à 1 600 et seules les voitures et les motos sont concernées par le 80. Pour moi ça reste de l’hypocrisie du gouverneme­nt. Les comporteme­nts d’incivilité­s sont à revoir sur nos routes, seules les formations pourraient donner un résultat plus positif que la baisse de vitesse. Et plus de contrôles d’alcool et de drogue sur nos routes. Le 80 n’empêchera pas les gens de boire ou de fumer ou de ne pas bien regarder avant de s’engager... Le contrôle technique renforcé et augmenté va seulement empêcher les plus pauvres d’avoir des véhicules pour aller travailler, car ils veulent retirer les voitures diesel et faire acheter des véhicules neufs aux gens, mais tous n’en ont pas les moyens. Les 18 mesures du CISR (comité interminis­tériel de la Sécurité routière) sont nulles, seule celle qui concerne le téléphone au volant est acceptable. LAURENCE DE ANGELIS

◗ Exemples sans fin

Je partage votre expression de « vache à lait ». En effet, tout est permis pour faire payer à l’automobili­ste (ou au motard) quelques « extras ». Un exemple : dimanche, j’ai roulé depuis Avignon pour rentrer à Nice, temps exécrable, visibilité quasi nulle, voitures dans tous les sens, chaussée pourrie et pourtant, quelle était ma crainte ? Qu’il y ait un radar caché quelque part, prêt à m’immortalis­er en train de dépasser la limite de vitesse de 2 ou 3 km/h. Avec l’alibi de la sécurité et de l’environnem­ent, on ose tout... Chez nous, on a une autoroute à trois voies où, conforméme­nt au Code de la Route, on a la permission de rouler à 130 km/h. Mais, par décision purement arbitraire de nos chers élus, justifiée parfois par la lutte contre la pollution et parfois par de savants calculs de réduction du trafic, la vitesse est ramenée à 90 (puis à 70 dès qu’il tombe deux gouttes) autour de Nice. Mais le péage est au prix fort, bien entendu, et les gendarmes sur le pied de guerre! Et que dire du radar magique installé à la frontière pour protéger les « piétons probables », qui ne devraient même pas être sur l’autoroute (on paie le péage pour ça, non ?) et qui permet de distribuer de jolis clichés à 90 € pièce? Les exemples sont sans fin, comme la bien-pensance des politicien­s de tout bord, qui atteint de justes sommets à l’Élysée... Moi, président, ai décidé d’augmenter le prix des carburants dans le but de lutter contre la pollution... Pour résumer, entre amendes, taxes, péages, carburants oui, nous sommes des vaches à lait et nos émirs se paient notre tête en nous expliquant que c’est pour notre bien (sécurité, environnem­ent...), tout en nous faisant les poches. MARCO ARRIGO, 06

Renflouer les caisses

Ce ressenti de l’automobili­ste qualifié de vache à lait remonte à une cinquantai­ne d’années en arrière, mais nettement dans une moindre mesure qu’aujourd’hui. Je conduis depuis l’obtention de mon permis VL en septembre 1965, doublé de mon permis militaire moto et PL en 1967. Je suis donc d’une génération qui a connu tous les événements liés à la sécurité routière, en commençant par le port obligatoir­e de la ceinture de sécurité. Puis est arrivé le fameux ballon test d’alcoolémie et bien d’autres contrôles tous aussi efficaces pour vous flanquer un PV, qu’inutiles... C’était dans les années 70, où plus de 17 000 morts étaient dénombrés chaque année sur les routes de France. Dieu sait combien j’en ai vu, de ces victimes, lorsque je prenais, souvent de nuit, la route du Mans vers Albi en passant par la RN 20. Cela dit, actuelleme­nt nous déplorons 3000 morts (plus ou moins) mais là, je suis dépassé compte tenu du nombre de véhicules qui circulent sur nos routes, largement au-delà de ce que j’ai connu. Mais il s’agit de relever les plus de quatre mille radars de tout acabit qui trônent sur le bord des routes, la qualité des voitures actuelles, le manque d’entretien des chaussées des RD, et ces PV qui pleuvent de tous côtés à tour de bras, ces points perdus, ces permis retirés qui mettent des familles dans le désarroi, jusqu’à rouler dans des voiturette­s dangereuse­s. Il est certain que l’exécutif tente à tout prix de renflouer la dette abyssale, équivalent­e au PIB de la France, que le contribuab­le lambda n’a fait que subir depuis 40 ans ! Cela dit, il est incontesta­ble que le ratio nombre de victimes/nombre de véhicules est tout de même favorable, il n’empêche que je suis contre la vitesse limitée à 80 km/h, tout comme le 30 km/h intenable dans les traversées de certaines communes. JEAN BIELLE

Ponctionne­r au maximum

En tant que président de l’associatio­n Pour Une Mobilité Sereine et Durable, seul Français à avoir été auditionné par la commission sénatorial­e sur les 80 km/h, je ne peux que dire OUI ! Oui, tout est mis en oeuvre pour ponctionne­r l’automobili­ste au maximum ! Dès l’achat de sa voiture, la TVA, puis comme cela ne suffit pas, ajoutons le BonusMalus, ou plutôt le malusmalus jusqu’à 10 000 euros, puis la carte grise qui peut elle aussi se chiffrer en milliers d’euros, ensuite il y aura tout au long de son utilisatio­n le prix de l’essence doublé par le taux des taxes, puis toutes les taxes sur les assurances, puis il y aura l’entretien et le fameux contrôle technique ! Avec ce dernier et sa version 2018, certains automobili­stes vont devoir débourser beaucoup d’argent sur très peu de temps pour avoir le droit d’utiliser leur voiture pour aller travailler... En effet, l’état des routes de plus en plus alarmant détruit les trains roulants (justifiant l’immobilisa­tion d’office du véhicule) et comme cela ne suffit pas,les élus locaux, notamment du Var et des AlpesMarit­imes, installent en toute illégalité des ralentisse­urs partout qui contribuen­t fortement à accentuer la destructio­n des voitures et alourdir leur facture d’entretien ! À tout ça vous n’oublierez pas d’ajouter les radars et frais de stationnem­ent ! Alors oui nous sommes bien des vaches à lait pour l’État ! THIERRY MODOLO, VAR

◗ Et hop !

Je me suis tout de suite reconnu en tant que vache à lait. Je paye des impôts locaux qui sont alloués à la constructi­on et l’entretien des routes. J’achète un véhicule (d’occasion) capable d’embarquer deux sièges enfant et un rehausseur, donc déjà cher. Pour la carte grise, aïe... malus co2 (oui, c’est évident que l’argent piège le co2...) Je prends la route dite la plus sûre, l’autoroute, que j’ai payée avec mes impôts et, hop, péage. Si, par malheur, je n’ai pas les yeux sur le compteur, hop amende... Je veux me garer : il faut payer, et pourtant, les impôts locaux sont chers)/ Pendant des années, on nous a parlé de « cadeau fiscal » en parlant de diesel, mais un cadeau empoisonné car taxé à près de 50 % tout de même ; et quand tout le monde est passé au diesel, paf, on augmente d’un coup les taxes Enfin pour renflouer des caisses qui semblent bien trouées, le 80 km/h, une hérésie pour le Danemark ou le Royaume-Uni mais pas dans une optique comptable dans laquelle on peut humilier et culpabilis­er l’automobili­ste pour qu’il ne se rebelle pas quand on le presse...

”Payer pour avoir le droit d’aller travailler”

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(Photo doc Nice-Matin)

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