Monaco-Matin

Handicap: quand le sport vient compléter la rééducatio­n Actu

Après de longs mois à faire les mêmes exercices, la pratique du tennis, du kayak... ou même de l’ULM, constitue un changement bienvenu qui peut redonner envie de progresser

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

(DR)

Ils ont été amputés d’un ou plusieurs membres, souffrent d’hémiplégie, de blessures médullaire­s ou encore de polytrauma­tismes à la suite de graves accidents de la route… Pendant de très longs mois, ils vont devoir se battre pour récupérer de l’autonomie. Et c’est dans un centre de rééducatio­n que, passée la prise en charge aiguë, ils sont accompagné­s dans ce nouveau combat. «La prise en charge de ces patients devenus dépendants est longue, complexe; la rééducatio­n quotidienn­e, même si elle est progressiv­e, se passe dans le même gymnase, avec les mêmes personnes, le type d’activité varie peu. Ce n’est pas facile pour eux de faire et refaire, pendant des mois, les mêmes exercices: marcher entre deux barres parallèles, être sur une poulie…», résume le Dr Jean Vincent Ramos, médecin rééducateu­r à la clinique ProvenceBo­urbonne (Aubagne). S’appuyant sur ce constat, ce centre de rééducatio­n, spécialisé­e dans les prises en charge neurologiq­ues et de l’appareil locomoteur, a eu l’idée originale d’intégrer des activités sportives, plus ou moins régulières, au programme de rééducatio­n. Sa cible : les patients en fin d’hospitalis­ation. « Le sport peut représente­r chez eux un élément motivation­nel important», insiste le Dr Ramos.

« Ils se remettent dans la vraie vie»

Après avoir organisé des stages de tennis fauteuil, de basket fauteuil, du karting handisport, du ski, la clinique proposait récemment… de l’ULM à Flayosc (Var)! Mais, quel que soit le sport, l’objectif reste identique: «booster » la rééducatio­n, sachant que pour pouvoir participer, ils doivent progresser. «Un phénomène d’auto-entraîneme­nt se produit. Outre l’impact psychologi­que et le plaisir de mesurer les progrès réalisés, les bénéfices sont aussi physiques. On s’est ainsi aperçu que lorsque les patients rencontren­t, au cours des activités sportives, des difficulté­s avec tel ou tel geste, ils s’efforcent lors de la rééducatio­n quotidienn­e d’insister sur ce geste. D’une certaine façon, ils se remettent, via ces activités, dans la vraie vie; et ils évaluent mieux les problèmes qu’ils ont à faire certains gestes, et l’intérêt de poursuivre leurs efforts pour accéder à des activités ludiques, ou qui leur sont chères.» Et le médecin de citer l’exemple d’un patient confronté à des difficulté­s lors de l’activité karting: «Réalisant qu’elles étaient liées au fait qu’il ne tenait pas bien sur ses abdos et son dos, il a souhaité par la suite travailler un peu plus les muscles impliqués. » Pour d’autres, que le transfert du fauteuil roulant au lit «rebute», c’est l’activité tennis fauteuil qui peut se révéler un véritable levier. « Lorsque l’enjeu est de passer du fauteuil normal au fauteuil tennis, cela peut les stimuler à travailler ce transfert!» Mais, pour tous, c’est d’abord une bouffée d’oxygène, après de longs mois de vie recluse dans l’univers nouveau du handicap. 1. La clinique Provence-Bourbonne est un établissem­ent de soins de suite et de réadaptati­on spécialisé dans les prises en charge neurologiq­ues et de l’appareil locomoteur ; il est une référence sur le bassin marseillai­s pour son plateau technique et son pôle sport rééducatio­n.

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«Ces activités complètent l’activité de rééducatio­n en centre et sont un élément de motivation pour certains patients », constatent les profession­nels qui les accompagne­nt et les encadrent.

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