Handicap: quand le sport vient compléter la rééducation Actu
Après de longs mois à faire les mêmes exercices, la pratique du tennis, du kayak... ou même de l’ULM, constitue un changement bienvenu qui peut redonner envie de progresser
(DR)
Ils ont été amputés d’un ou plusieurs membres, souffrent d’hémiplégie, de blessures médullaires ou encore de polytraumatismes à la suite de graves accidents de la route… Pendant de très longs mois, ils vont devoir se battre pour récupérer de l’autonomie. Et c’est dans un centre de rééducation que, passée la prise en charge aiguë, ils sont accompagnés dans ce nouveau combat. «La prise en charge de ces patients devenus dépendants est longue, complexe; la rééducation quotidienne, même si elle est progressive, se passe dans le même gymnase, avec les mêmes personnes, le type d’activité varie peu. Ce n’est pas facile pour eux de faire et refaire, pendant des mois, les mêmes exercices: marcher entre deux barres parallèles, être sur une poulie…», résume le Dr Jean Vincent Ramos, médecin rééducateur à la clinique ProvenceBourbonne (Aubagne). S’appuyant sur ce constat, ce centre de rééducation, spécialisée dans les prises en charge neurologiques et de l’appareil locomoteur, a eu l’idée originale d’intégrer des activités sportives, plus ou moins régulières, au programme de rééducation. Sa cible : les patients en fin d’hospitalisation. « Le sport peut représenter chez eux un élément motivationnel important», insiste le Dr Ramos.
« Ils se remettent dans la vraie vie»
Après avoir organisé des stages de tennis fauteuil, de basket fauteuil, du karting handisport, du ski, la clinique proposait récemment… de l’ULM à Flayosc (Var)! Mais, quel que soit le sport, l’objectif reste identique: «booster » la rééducation, sachant que pour pouvoir participer, ils doivent progresser. «Un phénomène d’auto-entraînement se produit. Outre l’impact psychologique et le plaisir de mesurer les progrès réalisés, les bénéfices sont aussi physiques. On s’est ainsi aperçu que lorsque les patients rencontrent, au cours des activités sportives, des difficultés avec tel ou tel geste, ils s’efforcent lors de la rééducation quotidienne d’insister sur ce geste. D’une certaine façon, ils se remettent, via ces activités, dans la vraie vie; et ils évaluent mieux les problèmes qu’ils ont à faire certains gestes, et l’intérêt de poursuivre leurs efforts pour accéder à des activités ludiques, ou qui leur sont chères.» Et le médecin de citer l’exemple d’un patient confronté à des difficultés lors de l’activité karting: «Réalisant qu’elles étaient liées au fait qu’il ne tenait pas bien sur ses abdos et son dos, il a souhaité par la suite travailler un peu plus les muscles impliqués. » Pour d’autres, que le transfert du fauteuil roulant au lit «rebute», c’est l’activité tennis fauteuil qui peut se révéler un véritable levier. « Lorsque l’enjeu est de passer du fauteuil normal au fauteuil tennis, cela peut les stimuler à travailler ce transfert!» Mais, pour tous, c’est d’abord une bouffée d’oxygène, après de longs mois de vie recluse dans l’univers nouveau du handicap. 1. La clinique Provence-Bourbonne est un établissement de soins de suite et de réadaptation spécialisé dans les prises en charge neurologiques et de l’appareil locomoteur ; il est une référence sur le bassin marseillais pour son plateau technique et son pôle sport rééducation.