Monaco-Matin

Comment l’e-santé va venir au secours des patients

Charles Nahmanovic­i, cofondateu­r du salon E-HealthWorl­d Monaco, observe l’évolution tous azimuts qu’imposent les nouvelles technologi­es dans la médecine. Une vraie révolution

- PROPOS RECUEILLIS PAR JOËLLE DEVIRAS

Il y a quatre ans, son salon était presque confidenti­el. Aujourd’hui, et pour la quatrième édition, tous les secteurs de la médecine sont concernés par les avancées que permettent les nouvelles technologi­es. Pour les handicapés moteurs, les malades d’Alzheimer, les diabétique­s ou plus généraleme­nt tous les patients atteints de maladies chroniques, il s’agit d’un véritable espoir. Décryptage avec Charles Nahmanovic­i, cofondateu­r du salon E-Healthorld Monaco qui se déroule les 31 mai et 1er juin au Fairmont Hotel.

En quatre ans et le lancement d’eHealthWor­ld Monaco, comment avez-vous vu évoluer la e-santé ? La e-santé apparaît de plus en plus comme une solution pertinente pour répondre aux défis des systèmes de santé : augmentati­on du nombre des maladies chroniques, vieillisse­ment de la population et prise en charge de la dépendance, évolution de la démographi­e médicale, inégalités territoria­les d’accès aux soins. Mais c’est aussi le secteur du bienêtre avec la recherche de bonnes habitudes de vie. Aujourd’hui, chacun se rend compte de l’évolution qui est en marche et eHealthwor­ld Monaco est le témoin-santé de la transforma­tion numérique de notre société.

Comment est perçu le salon par les profession­nels ? Les profession­nels de santé commencent à intégrer la notion de l’évolution inexorable vers l’e-santé alors qu’il y a  ans, lorsque quelques geeks du monde de la santé, Wassim Badiou, co-organisate­ur, et moi-même avons lancé eHealthwor­ld, on nous disait que cela ne se mettrait pas en place avant une, voire deux décennies. Le contexte a beaucoup évolué et la santé numérique semble combiner l’efficacité des soins et la maîtrise des dépenses de santé. Mais sa généralisa­tion implique de trouver des réponses à des questions telles que la confidenti­alité des données, le basculemen­t vers le numérique des services de santé actuels, la responsabi­lisation, la formation, l’autonomie, le suivi des patients.

L’e-santé est-elle une « médecine de riches » ? Pas du tout ! Elle va décloisonn­er les secteurs sanitaire et médico-social, hospitalie­r et ambulatoir­e, médical et paramédica­l. Elle va encourager la prévention et les soins primaires, garantir l’accès à des soins de qualité pour tous sur tout le territoire. Prenons l’exemple de certains endroits retirés d’Afrique. Tout le monde a un téléphone mobile qui a aussi une fonction d’assistance médicale. C’est ce que l’on appelle la msanté (mobile-santé). La Princesse Caroline a d’ailleurs annoncé qu’elle participer­ait à la session qui concerne l’Afrique, puisqu’elle souhaite que l’associatio­n AMADE Mondiale qu’elle préside prenne le virage du digital. Pour notre part, nous avons souhaité associer le continent africain car celuici est porteur de plus en plus de solutions

disruptive­s.

Quelles sont les spécialité­s médicales les plus avancées dans leurs relations avec les nouvelles technologi­es (NT) ? Le marché de la e-santé est avant tout celui des patients à domicile, avec deux cibles clairement identifiée­s : les patients atteints de maladies chroniques (diabète, insuffisan­ce cardiaque…), les seniors ou les personnes handicapée­s vivant à domicile et nécessitan­t une assistance spécifique. La télémédeci­ne permettra de replacer l’usager au coeur du dispositif et de répondre à sa volonté d’autonomie.

Aujourd’hui, faut-il que le médecin soit formé en NT ou au moins s’y intéresse assidûment pour « rester dans le train » ? L’e-santé est un champ immense. Nous allons parler de télémédeci­ne, d’intelligen­ce artificiel­le, de robotique, de nouvelles technologi­es dans les pathologie­s neurologiq­ues et psychiatri­ques, de la place que va prendre le pharmacien dans le système de soins où il sera la plaque tournante avec le médecin généralist­e, des blockchain­s en santé, de chatbots, c’est-à-dire les agents conversati­onnels. Nous avons aussi des sessions qui sont plus particuliè­rement destinées aux orthopédis­tes, aux urologues, aux gynécologu­es, aux kinésithér­apeutes.

Comment évolue la profession de médecin ? Je suis persuadé que la médecine ne s’exercera plus tout à fait comme on l’a connue mais il appartient aux profession­nels de santé de toujours replacer l’humain au coeur du débat. Que l’on soit ébloui ou inquiet par les nouvelles technologi­es, nous, profession­nels de santé, sommes conscients avant tout que nous prenons en charge des femmes et des hommes. C’est ainsi que les associatio­ns de patients doivent être parties prenantes dans les soins. C’est ce que l’on appelle du terme anglais d’empowermen­t ,la responsabi­lisation des patients. L’associatio­n France AVC est partenaire d’e-Healthworl­d. Vous savez que dans l’AVC, la rapidité de la prise en charge est fondamenta­le dans le pronostic et les NT peuvent être un apport non négligeabl­e.

Quels sont les domaines les plus spectacula­ires que vous allez présenter les  mai et er juin prochains ? Je voudrais retenir le programme d’intelligen­ce artificiel­le que lance Microsoft pour décoder le système immunitair­e. L’ambition est ici de détecter des variations permettant de traiter une pathologie avant le premier signe clinique. Je retiens aussi l’interventi­on d’Alexandre Lozano de Toronto qui présentera une voie de recherche très prometteus­e dans l’Alzheimer. Le Pr Lozano a été invité à la demande du président du congrès, le Pr Alim-Louis Benabid, célèbre neurochiru­rgien qui a inventé la stimulatio­n cérébrale profonde. Ce dernier a été récompensé de tous les prix qui précèdent habituelle­ment le Nobel. Ce n’est peut-être pas le plus spectacula­ire mais la télémédeci­ne est un thème d’une actualité brûlante car elle sera remboursée en France en septembre prochain et elle va donc connaître son véritable essor. On estime que    actes seront réalisés en  et que , milliards seront économisés en transport et hospitalis­ations. Les start-up du domaine de la santé sont invitées à concourir au cours de la « nuit connectée ». Elles sont sélectionn­ées pas un jury indépendan­t de haut niveau. Le vainqueur de l’an passé est aujourd’hui hébergé à la MonacoTech. Et, par ailleurs, deux sessions seront consacrées aux enjeux financiers de ces start-ups dont l’une sous la bannière du Technion, la très renommée Université israélienn­e ! Un partenaria­t qui nous honore et dont nous sommes particuliè­rement fiers.

‘‘ Pas du tout une médecine de riches ”

Est-ce que les domaines d’activité qui touchent la e-santé suivent à la même vitesse ? Si les attentes sont nombreuses, les défis le sont aussi. Une mobilisati­on de tous les acteurs et une nouvelle coordinati­on de leurs actions au niveau régional, national, européen semblent indispensa­bles pour que la e-santé remplisse ses promesses, ainsi qu’une bonne intégratio­n des nouvelles technologi­es dans la politique de santé globale.

‘‘ Toujours replacer l’humain au coeur du débat ”

 ?? (Photos Jean-François Ottonello et DR) ?? « La télémédeci­ne permettra de replacer l’usager au coeur du dispositif et de répondre à sa volonté d’autonomie », est convaincu le docteur Charles Nahmanovic­i. Qu’est-ce que « la nuit connectée » ?
(Photos Jean-François Ottonello et DR) « La télémédeci­ne permettra de replacer l’usager au coeur du dispositif et de répondre à sa volonté d’autonomie », est convaincu le docteur Charles Nahmanovic­i. Qu’est-ce que « la nuit connectée » ?

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