Monaco-Matin

Il prétend que son alcoolémie excessive est médicament­euse

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Quelques rares exceptions ont démontré que chez l’être humain l’organisme pouvait sécréter quelquefoi­s de l’éthanol à partir de sucres ingérés au cours de repas. C’est le « syndrome d’auto-brasserie » ! Mais aucune fermentati­on du genre n’affecte le retraité mentonnais venu soutenir devant le tribunal correction­nel que la boisson n’est pas la cause de son alcoolémie constatée avec 0,59 mg/l. Ce sont pourtant les raisons évoquées très sérieuseme­nt à l’audience afin de pallier son ivresse ! Le cas apparaît particuliè­rement comique. Mais il est loin d’avoir fait rire les juges… Cette histoire rocamboles­que est liée à une conduite hasardeuse. Le 25 octobre dernier, vers 1 heure, sur le boulevard du Larvotto, plus connu sous la dénominati­on de « voie rapide », un véhicule se déporte plusieurs fois sur la chaussée. Les policiers constatent cette trajectoir­e sinueuse et contrôlent la personne au volant. C’est un septuagéna­ire. Il est ivre. Conduit à la Sûreté publique, il relate une soirée au Café de Paris où il a bu trois verres de rosé et une coupe de champagne… «Les écarts de votre véhicule résultent de l’effet de la boisson », pressent le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e.

« J’allumais la radio »

« Pas du tout, assure avec aplomb le prévenu. J’allumais la radio… » Le magistrat (Archives NM) sceptique : « Pourtant vous étiez une fois et demie au-dessus du taux délictuel… » Cela n’a aucun rapport pour le fautif. « Je n’étais pas saoul. Mon cardiologu­e m’a prescrit du Kardégic et quand j’en prends cela fait monter le taux. C’est simple ! Je vous le répète : je n’étais pas ivre… » Le président sur un ton sérieux : « Je ne suis pas médecin. Mais après quatre verres, votre alcoolémie est cohérente. N’oubliez pas : au bout du troisième verre on est bon ! » Le procureur Alexia Brianti a entièremen­t raison de souligner que ce genre d’assertion est devenu récurrent à la barre : « On entend trop souvent de la part des mis en cause qu’ils se sentent en état de conduire et ils réfutent la moindre ivresse. Combien il est désagréabl­e et inquiétant de ne pas avoir conscience du danger. Je doute que les zigzags aient un rapport évident avec le réglage du poste de radio… » Au moment de requérir une peine de 800 euros d’amende et une contravent­ion à 45 euros, la représenta­nte du parquet «espère cette comparutio­n bénéfique, afin de réfléchir à l’heure de la prochaine sortie au restaurant ». Évidemment, la répression réclamée mécontente le retraité qui réaffirme : « Je n’ai pas zigzagué et on ne m’a jamais signalé que j’étais ivre ! » Finalement, le tribunal relaxera le prévenu pour l’infraction de défaut de maîtrise et le condamnera à une amende de 500 euros avec sursis pour l’ivresse au volant.

 ??  ?? « Mon cardiologu­e m’a prescrit du Kardégic et quand j’en prends cela fait monter le taux. C’est simple !», s’est défendu le septuagéna­ire mentonnais.
« Mon cardiologu­e m’a prescrit du Kardégic et quand j’en prends cela fait monter le taux. C’est simple !», s’est défendu le septuagéna­ire mentonnais.

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