Monaco-Matin

CGT et Insoumis, alliés mais rivaux

- MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Mélenchon-Martinez, même combat ? La CGT et La France insoumise, même volonté ? Depuis la charte d’Amiens, il y a plus d’un siècle, en , la séparation entre syndicalis­me et politique était bien établie, les groupement­s syndicaux n’ayant pas – c’est écrit en toutes lettres et cela n’a pas été changé par la suite –, à se préoccuper des partis « pour poursuivre leur objectif de transforma­tion sociale ». Ce dogme serait-il à jeter aux orties ? Une chose est sure : l’union de samedi prochain est une première dans l’histoire du syndicalis­me français. En décidant, comme la CGT et La France insoumise l’ont fait cette semaine, de défiler ensemble, main dans la main, le  mai prochain, contre la politique d’Emmanuel Macron, les deux leaders franchisse­nt un pas. C’est qu’ils ont chacun leur petite idée derrière la tête. Pour le patron de la CGT, il s’agit de gonfler ses troupes, et surtout de démontrer qu’il est capable de réussir ce à quoi il a échoué depuis le début du conflit des cheminots : mobiliser largement les Français. Jean-Luc Mélenchon, lui, cherche à réaliser, a-t-il dit, « une unité populaire qui décloisonn­e le syndicalis­me, la politique et le monde associatif ». On le voit : l’ambition de Jean-Luc Mélenchon est autrement plus grande que celle de Philippe Martinez. C’est une recomposit­ion de la gauche qu’il recherche, autour de lui naturellem­ent, au moment où la présence du PS n’est pas souhaitée, c’est le moins que l’on puisse dire, dans les manifestat­ions cégétistes. Le président de La France insoumise ne le cache pas : ce qu’il vise, c’est la constituti­on, autour de lui, d’un vrai « Front populaire ». Pour les deux numéros  de la CGT et de La France insoumise, le danger existe pourtant de se « cannibalis­er » l’un l’autre. S’il laisse Jean-Luc Mélenchon récupérer le  mai, Martinez aura du mal à entraîner derrière lui, comme il s’y essaie depuis plusieurs semaines, les syndicats réformiste­s, comme la CFDT, pour qui la séparation du politique et du syndicalis­me est un dogme. Si Jean-Luc Mélenchon se laisse, au contraire, dominer par les troupes de Philippe Martinez, il risque bien d’apparaître, lui et sa France insoumise, comme des supplétifs de la CGT. C’est en tout cas à cette aune que la manifestat­ion du  mai sera jugée.

« L’ambition de Jean-Luc Mélenchon est autrement plus grande que celle de Philippe Martinez. »

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco