Pour un nouveau départ
En terminant huitième du championnat, le Gym a raté la qualification pour la Ligue Europa. Arrivé en juin 2011, Jean-Pierre Rivère reste à la tête d’un club en passe de changer d’ère
Le bilan de la saison : peut mieux faire
Mitigé. En terminant dans le top 10 pour la troisième fois de suite (4e en 2016, 3e en 2017), l’OGC Nice a confirmé qu’il faisait désormais partie des clubs qui bataillent de manière régulière pour les places d’honneur. L’Europe n’est plus un mirage, une anomalie comme ce fut le cas en 2013, quand Claude Puel portait son groupe jusqu’à une quatrième place, alors, inespérée. Depuis l’arrivée de JeanPierre Rivère à la présidence, en juin 2011, l’image du club s’est sensiblement améliorée, malgré quelques couacs notables. Habile communicant, le boss a su trouver les leviers et les hommes pour refaire de Nice un club attractif, dont l’ambition suprême ne consiste plus à atteindre au plus vite la barre des 42 points, soit celle qui assure le maintien. Malgré une entame de championnat épouvantable (18es fin novembre), les Niçois ont eu la force de revenir dans la course à l’Europe, ce qui calquait mieux à la qualité du groupe dont disposait Lucien Favre, bien qu’il ait prétendu le contraire. Le Gym n’avait pas les armes pour lutter avec Monaco, Lyon et Marseille, mais la capacité de terminer devant Rennes, Bordeaux et Saint-Etienne. Cela lui aurait permis de se qualifier une troisième fois de suite pour la Ligue Europa. « Quand vous perdez à la maison contre Strasbourg, Troyes et Toulouse et à Metz, vous ne pouvez pas espérer mieux », nous a confié une source en interne, où deux courants se sont opposés durant de longs mois. D’un côté, il y avait Lucien Favre, qui n’a jamais accepté de voir partir Baysse, Ricardo, Belhanda, Dalbert et Eysseric. Le technicien suisse a répété, en boucle, qu’il ne pouvait pas faire mieux avec le matériel dont il disposait, sous-entendant à intervalles
réguliers que les recrues n’étaient pas au niveau escompté. Dans l’autre camp, il y a tous ceux qui considèrent qu’il aurait dû mieux exploiter le potentiel de certains éléments, que sa communication alarmiste de l’été a eu des effets dévastateurs sur le groupe et qu’il a trop souvent manqué de poigne. «Il faut remettre de l’ordre dans ce vestiaire », nous a glissé l’un de ces membres. Autre point noir de la saison : le manque d’exposition des jeunes considérés « à fort potentiel » comme Malang Sarr, Bassem Srarfi, Jean-Victor Makengo ou encore Ihsan Sacko qui ont eu le droit de se poser la question de leur utilité au sein du groupe par moments. L’élimination en seizième de finale de la Ligue Europa face au Lokomotiv Moscou (après avoir mené 2-0 à l’aller) est à ranger dans la case des regrets, tout comme celles en Coupe nationale (32es en Coupe de France, à Toulouse et 1/4
de finale de Coupe de la Ligue contre Monaco). Parmi les sommets, il y a évidemment eu la qualification pour le barrage de Ligue des champions à Amsterdam, contre l’Ajax, et la victoire (4-0) dans le derby contre Monaco. Ça ne fait pas beaucoup…
La gouvernance : Rivère tient la barre
Depuis samedi soir, le suspense a été levé autour de la future équipe dirigeante. Après de longs mois d’incertitude, le duo RivèreFournier, qui a bien failli jeter l’éponge, a décidé de repartir pour un tour. Le président niçois s’est exprimé sur le sujet, sans dire non plus que la lutte de pouvoirs s’est avérée parfois très musclée entre les différents actionnaires. Paul Conway et Chien Lee, deux des quatre majoritaires, ont notamment reçu l’appui de plusieurs « personnalités » niçoises dans leur entreprise de déstabilisation, mais aussi de Damien Comolli
(ex-Liverpool, Tottenham et Saint-Etienne) qui se serait un temps mêlé du recrutement, ce qu’il a toutefois toujours nié. Parmi les sujets de discorde entre les deux « clans », la question des dividendes qu’une partie de l’actionnariat sinoaméricain aurait souhaité se partager dès à présent, au lieu de réinvestir. Selon nos informations, un rendez-vous au sommet, en compagnie de certains dirigeants historiques de l’OGC Nice, avait même été organisé à Monaco, lors du derby en janvier dernier, pour poser les bases de la reprise en mains et, donc, de la destitution du binôme Rivère-Fournier qui suscite jalousie et défiance chez certains membres de l’association, et bien au-delà. Le putsch n’est pas passé loin. Ambiance… « Il est vrai que l’énergie que nous avons dû déployer pendant de longs mois avec Julien pour absorber cet environnement négatif afin qu’il
n’impacte pas l’équipe nous a un peu épuisés moralement, a reconnu Jean-Pierre Rivère. Il y a encore peu de temps, nous nous sommes réellement posé la question de clôturer cette belle histoire. Personne n’est irremplaçable. Mais nous avons considéré que le timing n’était pas bon. Nous continuons donc à porter le projet, en attaquant un nouveau cycle. Et nous avons l’espoir de faire encore grandir l’OGC Nice. » « S’ils n’étaient pas restés, le club aurait été en grand danger », assure même une voie en interne. D’autant que le Gym a déjà perdu gros avec le départ de Serge Recordier, responsable de la cellule recrutement, à l’AS Monaco.
Le futur entraîneur : la priorité Vieira
Voilà plusieurs mois que l’état-major multiplie les rendez-vous dans la quête du successeur idéal à Lucien Favre qui ne faisait plus l’unanimité. Une fois le profil établi (jeune, parlant français, porté sur le jeu et les jeunes), les négociations ont pu débuter et elles se sont avérées très serrées. L’incertitude qui planait autour de la direction actuelle a pu effrayer certains prospects. Alors qu’il est le choix numéro un des dirigeants et toujours le favori pour prendre la succession de Favre, Patrick Vieira a pris de multiples renseignements sur l’environnement du club. « Cela peut paraître prétentieux, mais le futur entraîneur, dont je ne dévoilerai pas l’identité, n’aurait pas été intéressé, si on avait quitté le club », nous a glissé Julien Fournier, le directeur général de l’OGC Nice. En revanche, une participation (ou pas) à la Coupe d’Europe n’était pas un critère de choix susceptible de faire pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. L’actuel coach de New York City est intéressé par le projet du Gym qui a bien avancé sur son recrutement estival. Le Brésilien Danilo Barbosa (Braga) est attendu, aujourd’hui, pour passer la visite médicale (voir page suivante). Deux autres joueurs pourraient s’engager rapidement avec l’OGC Nice. « Pour Vieira, c’est en très bonne voie », nous a glissé une source proche du dossier. Selon nos informations, l’officialisation de sa venue pourrait intervenir en milieu, voire en fin de semaine. Interrogé sur l’ancien capitaine emblématique des Gunners et champion du monde 98, Dante, qui a prévu de rester une saison de plus, s’est montré élogieux. « Il a joué au très très haut niveau, il a joué dans différents championnats. Je pense qu’il va vouloir jouer au ballon. C’est un entraîneur jeune. Si cela se fait, le club va tout faire pour l’aider à faire un bon travail et continuer à aider le club à progresser. » Le grand Pat’ a déjà convaincu le capitaine des Aiglons.