Une fan de Johnny se bat pour un hommage à Paris
Une Cap-d’Ailloise tente d’organiser une journée en l’honneur du défunt rockeur. Après avoir réussi à obtenir une messe à Paris le 15 juin, elle veut trouver un lieu pour un monument
Un album photo de Johnny Hallyday traîne sur la table, à côté des couvertures de magazines. Au mur, le visage de l’idole des jeunes. Au milieu des clichés de famille, une bougie illumine une photo du rockeur en sueur, lors d’un concert, guitare électrique à la main. « Ici, c’est un peu mon mausolée. Johnny, c’est comme la famille », sourit, nostalgique, Régine Plutoni. Dans l’appartement de cette Capd’Ailloise de 63 ans, tout rappelle le défunt chanteur. Y compris son t-shirt customisé et son avantbras droit tatoué. « Il y a sa signature, ses dates de naissance et de mort ainsi qu’une guitare coiffée d’ailes d’ange », montre cette fan absolue depuis l’âge de 7 ans. Sa disparition, Régine ne s’en remet toujours pas. Elle ne s’en remettra peut-être même jamais. « Je n’ai pas écouté une seule de ses musiques depuis… Je n’y arrive pas. Pour moi, il était éternel, immortel. Il manque quelque chose en moi », soupire-t-elle. Le comble de l’histoire ? Avoir baroudé dans la France entière pour assister à 300 concerts et ne pas avoir pu lui dire au revoir lors des obsèques nationales. La sexagénaire était à l’hôpital, sous assistance respiratoire… « L’argent que je n’ai pas pu mettre pour y aller, je vais le consacrer à autre chose », explique celle qui a monté à Capd’Ail, en février dernier, un fanclub baptisé « Johnny Hallyday, un être cher ».
Des chansons de Johnny en version «église»
Alors, depuis quelques semaines, cette fanatique, au sens noble du terme, remue ciel et terre pour organiser une journée de rassemblement à Paris. Le 15 juin, jour où Johnny aurait soufflé ses 75 bougies. Première victoire de taille : Régine a obtenu une messe ce jour-là, à 12 h 30, en l’église de la Madeleine, à Paris. « Normalement, tous les 9 du mois, je célèbre une messe pour Johnny. Là, on a décalé pour son anniversaire, explique le père Bruno Horaist, en charge de la cérémonie. Avant la messe, on passera des chansons de lui qui sont compatibles avec une église. Quatre chanteurs de la Madeleine et un organiste seront présents. Un prêtre a même réécrit les airs de Johnny Hallyday avec des paroles religieuses. » Victime de son succès, Régine Plutoni a même vu quelques imposteurs tirer profit de son action. « Des petits malins ont fait des fausses invitations pour faire payer l’entrée à l’église », peste-t-elle.
signatures pour sa pétition
Parallèlement, la fan invétérée dégaine la plume. Et adresse une kyrielle de courriers pour dénicher un lieu où placer le monument hommage, signé des mains du sculpteur Alain Longet (lire ci-dessous). Elle a écrit à Brigitte Macron, Anne Hidalgo, la maire de Paris, Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, David Hallyday, L’Olympia, La Cigale ou encore au préfet de police de Paris. Peu ou pas de réponses, sinon négatives. Pour Régine Plutoni, ce monument doit être installé au square de la Trinité (IXe arrondissement) et pas ailleurs. Là où Johnny Hallyday se réfugiait lorsque, enfant, il faisait l’école buissonnière et que l’adolescent retrouvait ses copains Jacques Dutronc et Eddy Mitchell. Refus de la mairie de Paris, début mai. « Sur un voeu de l’exécutif voté à l’unanimité en Conseil de Paris, la municipalité réfléchit à un hommage pérenne à Johnny Hallyday, sous la forme d’une dénomination d’un lieu qui lui serait dédié, suffisamment vaste pour accueillir un large public et permettre la tenue de différents événements à la mémoire de l’artiste, conditions que ne réunit pas le square de la Trinité », lui a-t-on répondu. Régine Plutoni ne perd pas espoir et compte sur sa pétition, forte de 2 371 signatures au dernier comptage, pour décrocher les autorisations nécessaires. Lesquelles pourraient lui permettre, au passage, d’organiser un piquenique à l’issue de la célébration.