Pas de pitié pour les retardataires à l’école du Tenao
Une maman, arrivée cinq minutes en retard hier matin à cause de la circulation du Grand Prix, a appelé la police municipale pour que trois enfants entrent à l’école primaire Tenao, à Beausoleil
Nous sommes arrivés devant l’école à 8 h 25, donc avec quelques minutes de retard et les enfants n’ont pu rentrer qu’à 10 h!» Hier midi, c’est une maman épuisée qui nous a expliqué le déroulé de sa matinée devant l’école du Tenao. Aurore Donnadieu a pris sa voiture à 7 h 35 pour se rendre du Tenao supérieur à l’établissement scolaire, avec sa fille de 7 ans et demi, prénommée Kalya. « J’avais une autre petite fille avec moi. Habituellement, nous arrivons à 7 h 55. Mais peut-être en raison du Grand Prix, les bouchons étaient tels que nous sommes arrivés à 8 h 25 devant l’entrée de l’école. Je n’arrive jamais en retard… Un jeune garçon, Gabriel, attendait à la porte avec sa maman, Marta Costa. Nous avons sonné, sonné, sonné encore. »
Grand Prix ou non, c’est h !
Les retardataires ont tout tenté pour s’annoncer. « Le directeur de l’école, M. François Grimal, est sorti à 8 h 45 et a ouvert le portail pour raccompagner un parent d’élève. Il nous a dit : “Je n’ai pas le temps de vous parler.” J’ai rétorqué : “C’est une blague !” J’avais autour de moi d’autres mamans. » Marta Costa, la maman de Gabriel, confirme : « Il y avait six mamans et leur enfant à la porte. Pourquoi le directeur n’a-t-il pas pris nos enfants à ce moment-là ? » Le directeur répond : « Ce n’est pas possible de prendre les enfants retardataires. Je ne peux pas prendre les enfants et aller dans tous les étages pour les répartir dans les classes. » Aurore Donnadieu poursuit: « Nous avons appelé la mairie et avons eu une oreille attentive. Mais toutes nos démarches restaient infructueuses pour trouver une solution ! Nous avons fini par appeler la police municipale. Des agents sont arrivés quand la récréation de 10 h commençait. Soudain, le directeur de l’école est arrivé et nous a ouvert le portail. “Pourquoi ce matin vous avez refusé de prendre les trois élèves ?” ai-je demandé. Les policiers paraissaient tout aussi stupéfaits que moi. Je n’ai eu aucune explication : le directeur a pris les enfants et nous sommes partis. » L’ensemble de ces propos sont confirmés par Marta Costa, la maman de Gabriel, qui conclut : « C’est une honte ! » La police municipale a été à l’écoute, même si cette situation ne relève pas de son ressort puisque cette péripétie s’est déroulée sans violence ni trouble à l’ordre public. Pas plus qu’elle ne relève du maire que la maman a croisé vers 9 h.
Ni gardien ni secrétaire
Comment une telle situation estelle possible dans la petite ville de Beausoleil, et a fortiori dans un établissement scolaire ? La réponse a été donnée par le directeur de l’école, François Grimal. «En conseil d’école le 13 mars 2018, en présence de l’inspecteur, décision a été prise qu’aucun retard ne serait toléré.» Mais pourquoi donc ouvrir à 10 h dans ce cas ? Réponse du directeur : « Ça, c’est le système du fonctionnement de l’école. Tous les parents le connaissent. Quand nous sortons dans la cour, on peut ouvrir. » Ce qui semble toutefois étonnant, c’est qu’il n’y a plus de personnel pour gérer le quotidien d’un établissement scolaire. Ni gardien, ni appariteur, ni personnel administratif. Le téléphone de l’école est relié à un simple répondeur. « C’est un problème en France, il n’y a plus de secrétaire à mi-temps, souligne le maire Gérard Spinelli. J’ai assisté à ce conseil l’école du 13 mars. Et effectivement, les enseignants n’ayant pas le droit de laisser les enfants seuls en classe, ils ne peuvent pas ouvrir la porte. » Quant aux circonstances particulières du Grand Prix qui auraient pu occasionner des bouchons, le directeur n’en revient pas : « Et pourquoi pas pour le Festival de Cannes ? Les bras m’en tombent ! » Sans commentaire.