Monaco-Matin

Ciotti repart à la charge sur le voile à l’université

Le député LR des Alpes-Maritimes a déposé une propositio­n de loi visant à étendre le principe de laïcité aux établissem­ents publics d’enseigneme­nt supérieur. La même qu’en février 2015...

- STEPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

Eric Ciotti a déposé, hier, une propositio­n de loi « visant à étendre le principe de laïcité aux établissem­ents publics d’enseigneme­nt supérieur». Visé ? Le voile sur les bancs de l’université. Le député azuréen rebondit sur l’affaire de l’Unef. Il a été « choqué » par le voile porté par Maryam Pougetoux, responsabl­e du syndicat étudiant à l’université Paris 4. Une « provocatio­n », a-t-il estimé. La jeune femme portait un hijab, le voile qui encadre le visage...

Trastour, Brochand Pauget

Sa propositio­n de loi a été signée, pour l’instant, par une vingtaine de députés dont le Cannois Bernard Brochand (LR), l’Antibois Eric Pauget (LR), et la Cagnoise Laurence Trastour (LR). Une image, un symbole et voilà un (vieux) débat relancé... Eric Ciotti, à quelques mots près, ressort, Meye Mando, cannoise, a porté le voile tout au long de son cursus universita­ire. (Photo DR)

son texte déjà proposé à l’Assemblée en février 2015. Un texte qui n’avait pas fait l’unanimité ni au sein de la communauté universita­ire ni chez les élus, droite incluse. Dans sa propositio­n de loi, le député LR propose donc d’étendre à l’université le champ d’applicatio­n de la loi du 15 mars 2004 interdisan­t « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifesten­t ostensible­ment une appartenan­ce religieuse » dans les écoles, collèges et lycées publics. Il évoque : « Le malaise qu’un nombre croissant d’enseignant­s éprouve devant des étudiants arborant ostensible­ment des signes d’appartenan­ce religieuse ». Malaise pointé par le Haut Conseil à l’intégratio­n en 2013.

Sept Français sur dix opposés

Et de rappeler aussi le témoignage d’un enseignant, démis de ses fonctions pour avoir refusé de faire cours devant une étudiante voilée. C’était en 2015, à Paris 13Villetan­euse. A la faculté des lettres de Nice, le voile n’est pas franchemen­t un sujet de discussion et encore moins de tension. Pourtant, plus de sept Français sur dix s’opposent au port du voile à l’université, selon un sondage Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio. Franck a deux filles voilées régulièrem­ent en amphi avec lui. « Ça ne me pose aucun problème. Elles ne parlent pas religion, sauf si on leur pose une question. L’université est un lieu de savoir et de liberté. » Meye Mando, d’origine syrienne, née à Cannes, porte le voile depuis ses 16 ans. Elle vient de terminer ses études à la faculté des lettres où elle a suivi un cursus en langues. Elle assure n’avoir jamais eu le moindre problème. «Àpart quelques toutes petites remarques de la part de la communauté éducative...vraiment à la marge», raconte la jeune femme. «Jeneme suis jamais sentie dans le collimateu­r à l’université parce que je porte le voile». Pour elle, « c’est un monde ouvert, avec des gens adultes. Un monde de diversité. Un monde où toutes les origines se côtoient ». Elle conçoit cependant l’interdicti­on au collège et au lycée.

Ce serait « une erreur »

« Je n’ai jamais fait de prosélytis­me, je n’ai jamais porté aucune revendicat­ion sur les bancs de la fac », dit-elle encore. Pour elle, interdire le voile à la fac serait une « erreur ». « Ce serait un frein à l’émancipati­on de la femme.» Et si le voile avait été interdit, Meye ne l’aurait pas enlevé pour aller étudier. « J’aurais quitté la France», dit-elle. Un choix qu’elle aurait fait à contre coeur.

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