EQUIPE DE FRANCE (VOLLEY NATIONS LEAGUE) Corre en apprentissage
Le passeur de l’AS Cannes, élu MVP du championnat de Ligue B il y a quelques jours, a été rappelé en Bleu par Laurent Tillie. L’occasion de grandir aux côtés de Brizard et Toniutti
i un bizuth, ni un homme d’expérience. Au niveau international, Raphaël Corre est du genre hybride. À 28 ans, le passeur de l’AS Cannes (3 sélections) vient d’être rappelé en Bleu par le sélectionneur Laurent Tillie. Trois ans après ses premiers pas au top niveau, le natif de Rennes se voit offrir une nouvelle occasion de briller. A quatre mois des Mondiaux co-organisés par la Bulgarie et l’Italie (10-28 septembre), ce retour sonne, par son timing, comme un coup parfait. L’ancien capitaine du Nice VB ne devrait pourtant pas traverser les Alpes à la rentrée. Son avenir s’écrit, pour l’heure, davantage sur du court terme. D’abord, parce qu’au sein de la « Team Yavbou » Corre a fort à faire. À son poste, le duo Brizard-Toniutti, sauf pépin, paraît indéboulonnable pour s’en aller défier la planète volley. Ensuite, parce que les Bleus voient double en ce début de préparation. Les partenaires de Ngapeth n’ont pas que le Mondial dans la mire. Ils sont, aussi, dans l’instant. Au jour J. Celui des débuts dans la Volley-ball Nations League (ce soir 20h face à l’Iran), nouveau tournoi chargé d’envoyer la Ligue mondiale à la remise. C’est dans cette optique, surtout, que Corre a été convoqué.
Tillie : « Un faux nonchalant »
S’il n’a pas été retenu pour la première des cinq phases de poules qui attend les champions d’Europe 2015, d’aujourd’hui à dimanche à Rouen, le Breton sera du voyage en Pologne (1er-3 juin), pour la deuxième. À Lodz, il sera chargé de dicter le jeu tricolore face à l’Allemagne, la Chine et les champions du monde en titre polonais. « Raphaël protège bien la balle, qu’il fait bien voyager, avance Laurent Tillie, domicilié à Cagnes-sur-Mer et qui n’a pas raté les prouesses du garçon, même en Ligue B. Il est grand (1,96m) et a une qualité non négligeable au bloc, avec un bon service. Il a réussi à tenir Cannes à bout de bras cette année pour lui permettre de remonter. Il méritait d’être revu. C’est une prise de contact. Ensuite, on verra Corre ( capes) n’avait plus été appelé en sélection depuis .
comment son statut évolue. Il doit avoir des ambitions individuelles mais il connaît sa situation. Pour l’instant, c’est un sparring-partner, un challenge. Il est à l’écoute. On a l’impression qu’il est là depuis longtemps. » Ces louanges contrastent avec l’image laissée, il y a peu encore, par le néo-international. « Nonchalant », « manque de leadership » ,autant de termes qui ont percuté la trajectoire du passeur. Plus que des maux, Tillie y voit une forme d’incompréhension. « Parfois, les attitudes sont trompeuses. C’est un fauxnonchalant. Pour l’instant, c’est un joueur investi. On va le voir maintenant, sous pression, en match, et dans son rapport avec les centraux. » « Il n’a pas eu de chance, pas suffisamment de gens ont cru en lui, ajoute Arnaud Josserand, coach de l’AS Cannes et manager général des Bleus. C’est un passeur moderne, très à l’écoute de ses attaquants. Là, les étoiles se sont peut-être alignées au bon moment »
Sans club à l’été
« Je prends cette sélection avec honneur et fierté, confie le chef de file de l’ASC. Je ne m’attendais pas à être convoqué mais je me sens prêt. De toute façon, il faut l’être. Ça motive et donne envie de progresser pour se rapprocher du niveau international. Je n’ai pas envie de me fixer de limite. Je donnerai le maximum et on verra ce qu’il adviendra. » Une humilité légitime. Corre sait qu’il revient de loin. En 2016, quittant Nice alors promu en Ligue A, le Breton pense rebondir à Alès, promu en Ligue B. Hélas, le club gardois, faute de finances solides, reste au niveau amateur. Et offre des journées de doute au Breton. Avant de s’engager à Lyon (LB), Corre chancelle face au spectre du chômage. Il n’a rien oublié. « J’étais dans une situation de merde. Les Bleus, dans ces moments-là, n’étaient pas l’objectif prioritaire. Retrouver un club était urgent. Lyon était le dernier où il y avait une place. On ne pouvait pas rivaliser pour le titre. Après trois ans à Nice où ça a été le cas, ça a été un peu dur, moins confortable. Mais j’ai essayé de relativiser, d’apprendre. Travailler sur moimême, je n’avais peut-être pas eu besoin de le faire à Nice.» Cette trajectoire hors norme explique la maturité du Breton. Celle indispensable au passeur mais qui ne s’invente pas. C’est un parcours de vie. Le sort réservé à ceux qui surpassent les galères et se relèvent.