Monaco-Matin

EQUIPE DE FRANCE (VOLLEY NATIONS LEAGUE) Corre en apprentiss­age

Le passeur de l’AS Cannes, élu MVP du championna­t de Ligue B il y a quelques jours, a été rappelé en Bleu par Laurent Tillie. L’occasion de grandir aux côtés de Brizard et Toniutti

- CHRISTOPHE­R ROUX

i un bizuth, ni un homme d’expérience. Au niveau internatio­nal, Raphaël Corre est du genre hybride. À 28 ans, le passeur de l’AS Cannes (3 sélections) vient d’être rappelé en Bleu par le sélectionn­eur Laurent Tillie. Trois ans après ses premiers pas au top niveau, le natif de Rennes se voit offrir une nouvelle occasion de briller. A quatre mois des Mondiaux co-organisés par la Bulgarie et l’Italie (10-28 septembre), ce retour sonne, par son timing, comme un coup parfait. L’ancien capitaine du Nice VB ne devrait pourtant pas traverser les Alpes à la rentrée. Son avenir s’écrit, pour l’heure, davantage sur du court terme. D’abord, parce qu’au sein de la « Team Yavbou » Corre a fort à faire. À son poste, le duo Brizard-Toniutti, sauf pépin, paraît indéboulon­nable pour s’en aller défier la planète volley. Ensuite, parce que les Bleus voient double en ce début de préparatio­n. Les partenaire­s de Ngapeth n’ont pas que le Mondial dans la mire. Ils sont, aussi, dans l’instant. Au jour J. Celui des débuts dans la Volley-ball Nations League (ce soir 20h face à l’Iran), nouveau tournoi chargé d’envoyer la Ligue mondiale à la remise. C’est dans cette optique, surtout, que Corre a été convoqué.

Tillie : « Un faux nonchalant »

S’il n’a pas été retenu pour la première des cinq phases de poules qui attend les champions d’Europe 2015, d’aujourd’hui à dimanche à Rouen, le Breton sera du voyage en Pologne (1er-3 juin), pour la deuxième. À Lodz, il sera chargé de dicter le jeu tricolore face à l’Allemagne, la Chine et les champions du monde en titre polonais. « Raphaël protège bien la balle, qu’il fait bien voyager, avance Laurent Tillie, domicilié à Cagnes-sur-Mer et qui n’a pas raté les prouesses du garçon, même en Ligue B. Il est grand (1,96m) et a une qualité non négligeabl­e au bloc, avec un bon service. Il a réussi à tenir Cannes à bout de bras cette année pour lui permettre de remonter. Il méritait d’être revu. C’est une prise de contact. Ensuite, on verra Corre ( capes) n’avait plus été appelé en sélection depuis .

comment son statut évolue. Il doit avoir des ambitions individuel­les mais il connaît sa situation. Pour l’instant, c’est un sparring-partner, un challenge. Il est à l’écoute. On a l’impression qu’il est là depuis longtemps. » Ces louanges contrasten­t avec l’image laissée, il y a peu encore, par le néo-internatio­nal. « Nonchalant », « manque de leadership » ,autant de termes qui ont percuté la trajectoir­e du passeur. Plus que des maux, Tillie y voit une forme d’incompréhe­nsion. « Parfois, les attitudes sont trompeuses. C’est un fauxnoncha­lant. Pour l’instant, c’est un joueur investi. On va le voir maintenant, sous pression, en match, et dans son rapport avec les centraux. » « Il n’a pas eu de chance, pas suffisamme­nt de gens ont cru en lui, ajoute Arnaud Josserand, coach de l’AS Cannes et manager général des Bleus. C’est un passeur moderne, très à l’écoute de ses attaquants. Là, les étoiles se sont peut-être alignées au bon moment »

Sans club à l’été 

« Je prends cette sélection avec honneur et fierté, confie le chef de file de l’ASC. Je ne m’attendais pas à être convoqué mais je me sens prêt. De toute façon, il faut l’être. Ça motive et donne envie de progresser pour se rapprocher du niveau internatio­nal. Je n’ai pas envie de me fixer de limite. Je donnerai le maximum et on verra ce qu’il adviendra. » Une humilité légitime. Corre sait qu’il revient de loin. En 2016, quittant Nice alors promu en Ligue A, le Breton pense rebondir à Alès, promu en Ligue B. Hélas, le club gardois, faute de finances solides, reste au niveau amateur. Et offre des journées de doute au Breton. Avant de s’engager à Lyon (LB), Corre chancelle face au spectre du chômage. Il n’a rien oublié. « J’étais dans une situation de merde. Les Bleus, dans ces moments-là, n’étaient pas l’objectif prioritair­e. Retrouver un club était urgent. Lyon était le dernier où il y avait une place. On ne pouvait pas rivaliser pour le titre. Après trois ans à Nice où ça a été le cas, ça a été un peu dur, moins confortabl­e. Mais j’ai essayé de relativise­r, d’apprendre. Travailler sur moimême, je n’avais peut-être pas eu besoin de le faire à Nice.» Cette trajectoir­e hors norme explique la maturité du Breton. Celle indispensa­ble au passeur mais qui ne s’invente pas. C’est un parcours de vie. Le sort réservé à ceux qui surpassent les galères et se relèvent.

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