Greffe de trachée: l’exploit qui a sauvé un Niçois
Trois Niçois ont participé à cette première mondiale : l’un, Emmanuel, en tant que patient, les deux autres, les Prs Santini et Marquette comme experts
L’exploit a fait la une des médias du monde entier. On apprenait, en début de semaine, qu’une équipe médicale dirigée par le professeur Emmanuel Martinod, de l’hôpital Avicenne (Assistance publiqueHôpitaux de Paris, AP-HP) avait réalisé avec succès des greffes de trachée chez une douzaine de patients. Parmi ceux-ci, Emmanuel, un Niçois de 47 ans, (lire témoignage page suivante) atteint d’un cancer de la thyroïde extrêmement agressif et pris en charge par le Pr José Santini, coordonnateur médical de l’Institut universitaire de la face et du cou (IUFC) à Nice. Il y a deux ans, en juin 2016, les deux hommes embarquaient à quelques jours d’intervalle à l’aéroport de Nice, direction Paris. Un médecin, un malade, deux destins tendus vers un même but: obtenir la guérison grâce à la greffe de trachée. Le Pr Santini figurera parmi l’équipe chirurgicale dirigée par le Pr Martinod qui, quelques jours plus tard, sera mobilisée pendant des heures autour d’Emmanuel. «Quelque temps plus tôt, en avril 2016, Emmanuel avait subi une première intervention à l’IUFC au cours de laquelle nous avions réussi à enlever toute sa tumeur thyroïdienne. Mais l’analyse des tissus a montré qu’il persistait des cellules cancéreuses infiltrant l’épaisseur même de la paroi de la trachée (et la jonction entre trachée et larynx). Si rien n’était fait, la maladie allait inéluctablement (Photo Cyril Dodergny) récidiver. » Seule option thérapeutique: une laryngectomie totale avec trachéostomie définitive. Informés du protocole expérimental Tracheobronchoart en cours à l’hôpital Avicenne, les Prs Santini et Marquette (référent des pathologies de la trachée au CHU de Nice) prennent alors contact avec le Pr Martinod. Ils veulent savoir si la greffe de trachée peut être envisagée chez Emmanuel. «Le bilan a montré que cette chirurgie était faisable avec une bonne probabilité de réussite et aussi de contrôle du cancer. » Deux ans plus tard, le quadragénaire niçois, premier patient au monde atteint d’un cancer agressif de la thyroïde à avoir bénéficié d’une greffe de trachée, va bien. « Sa maladie thyroïdienne est contrôlée sur les derniers bilans d’imagerie», se réjouit le Pr Santini. S’il tolère parfaitement son allogreffe, Emmanuel est encore gêné par le tuteur en silicone posé lors de l’intervention. Son ablation a dû être différée. Elle aura lieu dans quelques semaines. L’happy end d’une histoire qui avait bien mal commencé. 1. Protocole utilisant une aorte humaine cryopréservée comme matrice pour la reconstruction d’une nouvelle trachée possédant à terme – un an ou plus – des caractéristiques très proches de la trachée initiale