Monaco-Matin

Galilée à Saint-Maximim

-

Dans les environs de SaintMaxim­in la Sainte-Baume (Var), une maison basse qui ne paye pas de mine. Il faut avoir l’adresse pour savoir que, derrière cette façade, se cache une école pas comme les autres. Depuis 2010, Galilée, établissem­ent privé hors contrat, accueille ici des enfants intellectu­ellement précoces. Cinquante et un enfants de deux ans et demi à 14 ans, de la très petite section de maternelle à la fin du collège, entourés de quinze enseignant­s et aides.

« Créez une école ! »

La naissance de cette école est le résultat d’un long cheminemen­t, celui de Patricia Gastaldi et de son mari, Gilles. Professeur­e des écoles, insatisfai­te de devoir travailler avec des classes de 30 élèves et de côtoyer parfois « des enseignant­s qui ne devraient pas l’être », confrontée par ailleurs aux difficulté­s de son fils, elle a commencé à écrire un livre sur l’enseigneme­nt avec une amie. « Mon mari nousadit:‘ ‘Arrêtez de réfléchir, créez une école !’’». La réflexion a duré plusieurs années avant de se concrétise­r. Mais « j’ai tout de suite pensé aux enfants précoces en voyant souffrir mon fils », explique Patricia. Ce dernier « s’est éteint quand il est entré à l’école, explique-t-elle. À cinq ans, il était en dépression profonde. À l’école, on lui faisait dessiner des coccinelle­s avec cinq points alors que lui dessinait des mappemonde­s. » De saut de classe en saut de classe, suivi par un psychologu­e, l’enfant a fini par développer une véritable phobie scolaire et être déscolaris­é. « Cela m’a fait réfléchir», confie Patricia qui, avec son mari, a non seulement créé l’école, qui fonctionne sous forme associativ­e, mais aussi l’associatio­n EP83 (Enfants précoces en Paca) et la FETE : Fédération des écoles de la transition éducative, un réseau (de six écoles aujourd’hui) d’établissem­ents partageant les mêmes valeurs. « Elles sont simples et peuvent être appliquées à tous les enfants : des petits effectifs, une écoute bienveilla­nte et de l’attention », explique la jeune femme. « Notre credo est de nous adapter aux enfants. On a tort de vouloir qu’ils soient tous pareils, déploret-elle. Nous suivons les programmes mais en les adaptant au rythme de chacun. Chaque jour, les enfants reçoivent des apprentiss­ages concernant le socle commun (maths et français) et suivent un cours d’anglais. Le reste de la journée, ils éveillent leur esprit vif aux autres, à la gestion de leur corps, au monde, aux sciences, à la culture, à l’art… au travers des différents projets proposés. » Car l’enseigneme­nt est organisé autour de projets, qui lui donnent un sens et le structuren­t. « Cette année, c’est l’éco-attitude. Nous travaillon­s sur la prise en compte de soi, son bien-être, la relation avec l’autre et l’écologie. Au premier trimestre, les enfants ont réalisé un cahier de recettes de cuisine à base de fanes et d’épluchures, illustré. L’an dernier, c’était sur notre patrimoine : moi, ma ville, mes racines ». Dans les classes de la petite école, ce jour-là, les plus jeunes vaquent à leurs occupation­s. Un petit groupe apprend à reconnaîtr­e fruits, légumes et animaux sur des dessins, tandis que d’autres écoutent une histoire. La classe de primaire, elle, répète un spectacle. Chez les grands du collège, c’est partie de Scrabble en anglais. Chacun réfléchit, propose, dispose les lettres. Le tout dans la bonne humeur. Ni cris ni agitation. « C’est dans la nature de ces enfants d’être gentils quand ils se sentent bien. Ils sont trop intelligen­ts pour être méchants gratuiteme­nt», affirme Patricia.

Partie de Scrabble en anglais pour les collégiens ”

(DR)

 ??  ?? Apprendre l’anglais en jouant au scrabble : une méthode innovante.
Apprendre l’anglais en jouant au scrabble : une méthode innovante.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco