Monaco-Matin

Repères

- KARINE WENGER kwenger@nicematin.fr

Le CNRS faisant partie des meilleurs instituts à travers le monde, le soutien à la recherche fondamenta­le est la première des priorités d’Antoine Petit. « Comme son nom l’indique, la recherche fondamenta­le constitue les fondements sur lesquels on va construire tout le reste, y compris les relations avec l’industrie. Il est primordial qu’elle soit au meilleur niveau quels que soient les domaines. »

- Promouvoir la pluridisci­plinarité

Aujourd’hui, les questions scientifiq­ues sont nombreuses, tout comme les questions sociales et industriel­les qui nécessiten­t cette approche pluridisci­plinaire, estime le pdg du CNRS qui couvre presque tous les secteurs. « La santé n’est pas qu’une question de biologie : il faut aussi traiter des volumes de données et pour cela, faire appel à des mathématic­iens ; il faut placer des capteurs et des robots et donc on a besoin de développeu­rs de système... »

- Renforcer les relations entre le monde industriel et académique

« C’est un enjeu pour notre pays de rapprocher le secteur académique et « Le monde industriel challenge le monde académique », estime Antoine Petit. (Photo Viktor Rivera Sanchez-CNRS)

celui industriel. On a fait beaucoup de progrès depuis trente-cinq ans et il faut continuer en ce sens. Le CNRS a des laboratoir­es communs avec de grands industriel­s et crée 80 startups par an. Il faut faire davantage, notamment avec les PME et ETI. Les chercheurs ont compris que travailler avec le monde industriel, c’était être challengé. Prenons l’exemple d’un algorithme de reconnaiss­ance d’image qui fonctionne à 99,9 %. On peut dire que c’est très bien et s’arrêter là. Mais si ce système de reconnaiss­ance d’image est appliqué à la conduite autonome, cela signifie qu’il se trompe et rate un feu rouge sur mille. Les industriel­s, eux, veulent du 100 %. De leur côté, ils ont compris ce qu’ils pouvaient attendre de l’interactio­n avec le monde académique. Ce n’est pas le produit qui sortira dans six mois mais réfléchir à celui qui sortira dans cinq ou dix ans.»

Pour renforcer ces liens, Antoine Petit préconise de favoriser les mobilités et les temps partiels entre le monde industriel et académique : avoir des chercheurs à mitemps dans la recherche et l’industrie. C’est un système qui très usité à l’étranger mais encore peu développé en France.

- Etre plus présent à l’internatio­nal

A l’internatio­nal, la France doit davantage mettre en valeur la qualité de sa recherche et l’utiliser en tant qu’image de marque. « Il faut faire plus de diplomatie scientifiq­ue. Le CNRS jouit d’une très bonne image mais est sous-utilisé. Il dispose de 200 labos hors de France et on pourrait y associer davantage les industriel­s français, ce qui les aiderait à s’implanter à l’étranger. Il faut également y inclure les université­s françaises. »

- Renforcer les liens avec les université­s et les écoles

Pour le CNRS, constitué uniquement

d’unités mixtes, le lien avec les université­s est essentiel. « C’est la raison, entre autres, de ma présence ici avec UCAJedi. On a convenu d’une stratégie partagée de façon à développer le site », souligne Antoine Petit qui sait de quoi il parle puisqu’en 2015, alors directeur d’Inria, il a accompagné le projet de candidatur­e de l’Université Côte d’Azur (UCA) à l’Idex. «UCA qui a une ambition internatio­nale se doit d’être visible au-delà des frontières nationales. Université et organismes nationaux comme le CNRS et Inria doivent travailler ensemble. » Une des solutions avancées par Antoine Petit implique la mobilité en termes de ressources humaines entre organismes et université. « Nous devons faire un effort pour accueillir les meilleurs enseignant­s-chercheurs, les garder. En France, leurs salaires (3000 bruts pour un doctorant recruté au CNRS) ne sont pas très attractifs et il faut proposer un environnem­ent scientifiq­ue et bâtir des packages avec les université­s. Cela permet de renforcer l’attractivi­té de la France. C’est la

est un organisme public de recherche pluridisci­plinaire. Son budget est de 3,3 Mds€. Il emploie 33 000 personnes et compte 1 144 laboratoir­es de recherche en France et à l’étranger. Il y a 18 délégation­s régionales en France.

Les 28 structures de recherche et service de la délégation Côte d’Azur emploie 650 agents permanents. 90 % des unités du CNRS associent un partenaire académique : Université Nice Sophia Antipolis, Inserm, Inra, Inria, IRD, Observatoi­re de la Côte d’Azur... La délégation dispose d’un budget de 36M hors masse salariale.

56 startups ont été créées. Parmi elles, 20 dont 16 en activité sont issues du CNRS. 36 autres dont 30 en activité sont adossées au CNRS. Trois issues du CNRS sont en cours de création.

même chose pour attirer les meilleurs étudiants. » La France doit se donner les moyens d’aller au bout de cette ambition : sa dépense en R&D n’est que de 2,25 % du PIB contre 2,85 % pour les Allemands. «On fait un effort important mais d’autres pays font davantage. »

- Le lien entre le CNRS et la société

La mission que l’Etat a confiée au CNRS depuis sa création est de faire progresser la connaissan­ce et être utile à la société. Le nouveau pdg y ajoute une couche supplément­aire : « Apporter un éclairage scientifiq­ue pourrait bénéficier à certains débats et permettre de prendre des décisions plus facilement. Par exemple, l’intelligen­ce artificiel­le est déjà là, dans nos smartphone­s, voitures, avions... Sa place va s’accroître mais c’est à nous de la définir en fonction des valeurs de notre société. C’est à l’intelligen­ce artificiel­le de s’adapter à nos valeurs. »

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Créé en , le CNRS La délégation Côte d’Azur Depuis ,

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