Monaco-Matin

La vidéo choc du hold-up

PROCÈS DU BIJOUTIER DE NICE

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin. fr

Le soleil se faufile dans la bijouterie La Turquoise alors que Stephan Turk, 67 ans, cheveux et moustache argentés, lève à moitié le rideau de fer de son commerce. Il est 8h45, au 23 rue d’Angleterre à Nice, le 11 septembre 2013. Le bijoutier coupe l’alarme et sort du champ de la caméra de surveillan­ce. Deux hommes casqués surgissent, défoncent la porte vitrée. Des jurés sursautent, d’autres, main sur la bouche, paraissent effarés, spectateur­s involontai­res d’un double drame. La lumière saturée et les sons métallique­s ajoutent au malaise ambiant. Antony Asli, 19 ans, laisse tomber au sol un étui dont il sort un fusil à pompe. Ramzy Khachroum, 21 ans, frappe à coups de pied et à coups de poing. Le bijoutier tente de se protéger bras en avant. Khachroum prend l’arme longue et menace Stephan Turk à terre : « Ouvre le coffre! Ouvre le coffre, vite, vite ! » Le cauchemar dure 2,43 minutes. « C’est très long », commente un commandant de la police judiciaire de Nice. Antony Asli remplit un sac de sport. Il fait main basse sur 12 000 euros en liquide, 2 kg d’or et une cassette rouge pleine de bijoux. Le policier poursuit le commentair­e de ces images choc. « Khachroum semble être le leader. Il frappe, donne les instructio­ns. » « Il me semble avoir entendu recule Bouboule! », précise Me Franck De Vita, l’avocat du bijoutier.

Des soeurs en larmes

Sur le banc des parties civiles, les deux soeurs d’Antony Asli fondent en larmes. Leur frère vit ses dernières minutes. Sous leurs yeux. Les deux braqueurs sortent enfin de la boutique. Aussitôt le bijoutier se relève, arme dissimulée dans son dos. Il s’accroupit, pose son genou droit. On devine le scooter des braqueurs qui circule sur le trottoir et passe devant la vitrine. Stephan Turk tire à trois reprises. Fin de la vidéo. « Je voulais d’abord parler avec eux pour récupérer mes affaires », se justifie le vieux monsieur dans un français à peine compréhens­ible. « J’étais menacé. J’ai tiré instinctiv­ement. » Me Philippe Soussi, l’un des conseils de la famille Asli note « une contradict­ion majeure »:« Pour la première fois, vous dites que le premier tir dans le pot d’échappemen­t intervient parce que le malfaiteur s’est retourné pour vous menacer .» «Vous auriez pu choisir d’appeler la police ou de baisser votre rideau », suggère le président Patrick Veron.

« Ce n’est pas juste, je suis victime »

Stephan Turk s’énerve. « J’ai réagi instinctiv­ement, répète-t-il. [...] Ce n’est pas juste. Je suis victime. Les autres sont venus de Carros armés. » L’avocat général Caroline Chassain, qui porte l’accusation, descend de l’estrade pour mieux se faire entendre d’un accusé à l’audition déficiente. Elle mime la scène qui a coûté la vie à Antony Asli, mortelleme­nt touché à l’omoplate

: « Vous dites désormais que vous tirez dans le pot d’échappemen­t pour engager un dialogue. Mais comment mettre une balle dans le dos alors que vous dites être menacé. Comment c’est possible ? » « Je ne sais pas», murmure, le bijoutier. Le procès se poursuit aujourd’hui avec l’audition de témoins qui se trouvaient rue d’Angleterre au moment du hold-up.

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 ?? (Photos Frantz Bouton) ?? Stephan Turk lors de son arrivée hier au palais de justice de Nice avec un de ses avocats Me Franck De Vita.
(Photos Frantz Bouton) Stephan Turk lors de son arrivée hier au palais de justice de Nice avec un de ses avocats Me Franck De Vita.

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