Monaco-Matin

Il roulait sur la dorsale avec  g d’alcool dans le sang

- JEAN-MARIE FIORUCCI

Pour conduire avec quasiment 3 g d’alcool par litre de sang, il faut un certain entraîneme­nt à la boisson. Lundi dernier, vers 23 heures, l’automobili­ste, un quinquagén­aire visiblemen­t pressé, n’a pas manqué de se faire remarquer par les policiers. Les pneus ont certaineme­nt crissé au cours de la chevauchée du terre-plein central de la dorsale, au niveau du rond-point du Canton. Quand les agents constatent le débordemen­t de l’asphalte, ils interpelle­nt ce mécanicien et supputent rapidement la conduite en état d’ivresse. Le contrôle de l’éthylomètr­e s’est révélé positif en indiquant un taux de 1,44 mg par litre d’air expiré à l’écran! Soit le double en gramme dans le sang. Alors, le prévenu a comparu vendredi dernier, menotté, à l’audience de flagrance du tribunal correction­nel.

« L’instinct paternel a primé»

« Vous avez déclaré au cours de votre garde à vue que vous aviez passé la journée chez vous et que vous aviez bu du vin au cours des deux repas, relève le président Jérôme Fougeras-Lavergnoll­e. Vous avez pris votre véhicule à la suite d’un coup de fil de votre fille qui était dans l’impossibil­ité de retourner au domicile depuis Cap-d’Ail. À 2,88 g, on est un danger ! Combien de verres aviez-vous bu?» Le Beausoleil­lois répond avec franchise : « Je n’ai pas compté… C’est vrai, je consomme de l’alcool. Mais par mon métier, je fais habituelle­ment attention. Surtout si je dois prendre le volant pour essayer des voitures. Quand (Photo archives Monaco-Matin)

ma fille m’a appelé, l’instinct paternel a primé. Je n’ai pas réfléchi. Même si je me sentais en état de conduire. » Évidemment, le procureur général Jacques Dorémieux a rappelé le « taux considérab­le » du détenu. « Pour tenir debout, il faut avoir une accoutuman­ce certaine. J’encourage cette personne à voir un médecin. De plus, son traitement médicament­eux est incompatib­le avec la boisson. Dommage, car son intégratio­n sociale est parfaite. Prononcez une peine avec sursis très significat­ive: six mois ! »

« J’ai bien retenu la leçon en cellule »

Est-ce la bonne solution pour la défense? Me Clyde Billaud préfère une sanction plus adaptée pour son client. « Ce mécanicien qualifié subvient en grande partie au besoin de sa famille avec un salaire peu mirobolant après 38 ans de service. Il a des crises d’angoisse et chaque fois qu’il boit, c’est son épouse qui prend le volant. Mais là, c’est sa fille de 17 ans qui lui a demandé de venir car il n’y avait personne pour la ramener. Il est en détention depuis mardi soir! Croyez-moi, le message est passé et il va suivre une thérapie médicale. La peine est trop sévère… » Avant le délibéré, le prévenu confiera une dernière réflexion : «Chaque minute dans ma cellule, l’affaire a tourné en boucle dans ma tête. J’ai bien retenu la leçon ! » Est-ce ces dernières phrases qui ont poussé le tribunal à réduire la peine à huit jours d’emprisonne­ment avec sursis ?

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