Avec Serge Telle, rendez-vous « lors des budgets »
On sait que vos relations étaient tendues avec le ministre d’État. Et aujourd’hui ? Les Monégasques ont besoin de constater que leur vote est respecté et que leurs attentes sont prises en compte par le gouvernement. C’est la première chose que j’ai dite au ministre d’État. Notre monarchie constitutionnelle est renforcée lorsque le résultat démocratique est compris par l’exécutif gouvernemental. Après l’effacement de l’assemblée ces dernières années, la donne a changé : le Conseil national est de retour. Je comprends que cela ait pu surprendre dans un premier temps un ministre d’État qui n’y avait jamais été habitué. Le temps est aujourd’hui au travail et à l’apaisement. C’est, en tout cas, mon état d’esprit. Le moment de vérité, comme toujours, ce sera le débat autour des lois de budget à l’automne.
Vous avez souvent dit pendant la campagne que le gouvernement avait une approche de « petit comptable ». Avez-vous changé d’avis ? Le gouvernement ne doit pas se comporter comme un propriétaire privé à la recherche du plus grand profit. Nous y veillerons. En ce qui concerne les augmentations brutales des loyers commerciaux et de bureaux dans les domaines, constatés avant notre élection, je confirme que cela ne correspond pas, selon nous, aux valeurs qui ont prévalu pour la création d’un secteur domanial. En effet il s’agit d’offrir des conditions de baux à loyers raisonnables et sécurisés pour permettre aux Monégasques de développer sereinement des activités économiques et commerciales dans leur pays.
Avez-vous vu le souverain depuis votre prise de fonction ? Que pensez-vous de sa mise au point au sujet du Conseil national fort ? Oui bien sûr, j’ai pu rencontrer le souverain à plusieurs reprises depuis mon élection. Sur la notion de Conseil national fort, je partage son point de vue : il n’y a aucun intérêt à engager une opposition systématique à l’action du gouvernement. Un Conseil national fort, c’est une assemblée qui joue pleinement son rôle tel que prévu par la Constitution. Et la force de nos institutions, c’est que le Conseil national a besoin du gouvernement et réciproquement. Chacun à sa place doit agir de façon responsable, pour aboutir au consensus indispensable au vote de la Loi et donc à des solutions équilibrées. Dans ce but, notamment lors des débats concernant les lois de budget, j’ai toujours utilisé la méthode des « clauses plancher » nécessaires pour un vote positif. Ces clauses sont la traduction concrète de l’accord des volontés voulu par la Constitution. Il y a en effet des sujets essentiels sur lesquels nous ne pourrons pas transiger.
Comment travaillez-vous avec UM et HM? Nous avons des relations constructives. Tous les présidents de commission et délégués ont été élus à l’unanimité et la minorité a été associée au travail de l’assemblée. Ça se passe dans un bon esprit. Après la campagne, le temps est maintenant au rassemblement, sur l’essentiel, et dans l’intérêt du pays et des Monégasques.
Votre majorité est constituée de nombreux jeunes, sans expérience politique. Force ou faiblesse ? Notre équipe est rajeunie et très investie. C’est une grande satisfaction pour moi. Elle continue à prendre ses marques auprès des élus plus aguerris et des permanents. Le renouvellement de notre vie politique est bien là.