Monaco-Matin

Le très Américain Charles Carroll est mort à Menton

Descendant de l’un des pères fondateurs des USA, l’homme qui a créé l’hôpital américain de Neuilly est enterré dans la cité des citrons. Il y est mort en 1921, au terme d’une vie d’exploits

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Le récit

Il s’appelait Carroll. Charles Carroll. Ne cherchez pas de lien avec Lewis, son illustre (et véritable) aïeul est tout trouvé. Et pour cause : il porte le même nom. Charles Carroll senior n’étant rien de moins que le seul catholique signataire de la déclaratio­n d’indépendan­ce des États-Unis. Et Charles Carroll junior lui-même n’a clairement pas manqué de faire honneur à son patronyme. Mais revenons un peu en arrière. Charles Carroll junior est né en janvier 1865 à Baltimore, d’une famille (forcément) très connue et réputée en Amérique. C’est au Georgetown étude qu’il fait ses études – assez logique quand on sait que sa famille a contribué à fonder l’établissem­ent. Il se marie de manière assez inattendue avec Suzanne Bancroft – dont la mère est française – le 15 novembre 1887. Carroll et sa femme sont rapidement considérés comme importants dans la société de New York et de Newport. Les listings de l’époque les font ainsi systématiq­uement figurer parmi les personnes à inviter dans les dîners et bals. Mais ce qui caractéris­e la vie de Carroll, bien plus que les mondanités, c’est avant tout le génie dont il a fait preuve dans les secours de tous ordres. Pendant la Première Guerre mondiale – entre autres parce qu’il vit déjà en France – il rejoint dans un premier temps la Croix-Rouge au front. Où il côtoie les troupes françaises et italiennes.

Médailles de divers pays

L’année 1916 cristallis­e ses principaux actes de bravoure. Il fonde en effet l’hôpital américain de Neuilly, fait partie des membres fondateurs du Clearing house (le comité central des secours américains). On dit ainsi de lui qu’il a contribué à organiser les ambulances américaine­s. Cette même année, le comité le délègue au secours de l’armée et des population­s serbes, empêtrées dans de terribles combats. En 1917, il est le premier Américain qui visite le front italien. Ce qui lui vaut un chaleureux accueil du roi Victor Emmanuel. Au regard de tous ces faits, on comprend volontiers pourquoi Charles Carroll recevra de multiples décoration­s – émanant de divers pays – au terme de la guerre. Il est ainsi médaillé d’argent de la Valeur militaire italienne et de Serbie, et nommé Chevalier de la Légion d’honneur, en France. On retient par ailleurs qu’il compte parmi les personnali­tés influentes qui firent évoluer l’opinion publique américaine vers l’entrée en guerre. Pas lassé pour un sou, Carroll devient après guerre président de la société américaine pour les enfants sans père de France. Son propre enfant, Charles Bancroft Carroll (pas évident de s’y retrouver quand tous les hommes s’appellent Charles…) sera pour sa part diplômé de l’Académie navale, avant de devenir officier dans la marine des États-Unis. « Notre » Carroll meurt subitement dans le jardin de la Villa Himalaya, à Menton, le 6 octobre 1921. Le gouverneme­nt français l’honore lors de ses funéraille­s. Côté américain, les plus grands journaux lui consacrent un article. À l’instar du New York Times, le lendemain, sous le titre « Charles Carroll est mort dans une villa en France ; membre d’une illustre famille du Maryland, il avait été décoré par l’Italie pour son travail au sein de la Croix rouge ». En 1923, sa veuve fait don d’un fauteuil Louis XV à l’Institut du Maryland, en son honneur. Menton, elle, conserve un mémorial ouvert sur la mer.

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Textes : Alice ROUSSELOT – Photos : Archives N.-M. et DR Le mémorial en son honneur, à Menton, porte les drapeaux français et américain.
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L’hôpital américain de Neuilly

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