Monaco-Matin

De la fragilité du témoignage...

- CH. P.

Christian, responsabl­e commercial, est l’un des six témoins qui se succèdent, mardi matin, au procès de Stephan Turk, le bijoutier de Nice. Depuis le visionnage du film de l’attaque à main armée, la Cour et les jurés savent que M. Turk a fait feu depuis sa boutique. Le témoin, lui, se souvient, manifestem­ent de bonne foi, avoir vu M. Turk faire feu alors qu’il était sur le trottoir, devant sa bijouterie… Le président Véron, toujours prévenant, précise à Christian, « sans ironie et sans reproche », qu’il se trompe. Christian est troublé. Sa mémoire lui joue des tours. La justice sait depuis longtemps que rien n’est plus fragile qu’un témoignage humain. Christian affirme que le scooter des braqueurs était sur la chaussée. L’engin était en réalité garé sur le trottoir. Me Franck De Vita, l’avocat de Stephan Turk s’engouffre dans la brèche : « J’ai l’impression que cette scène vous a marqué. » « Oui, un petit peu », répond le témoin. « Voyez-vous les braqueurs menacer M. Turk ? », poursuit le pénaliste niçois. Christian ne peut pas répondre. Il s’est caché derrière une voiture en stationnem­ent quand les braqueurs, sont sortis de la bijouterie. Il ne les a pas vus enfourcher le puissant scooter. Me De Vita s’adresse au témoin et en profite pour égratigner le juge d’instructio­n : « Comme vous ne voyez pas la menace envers M. Turk alors le magistrat estime que M. Turk n’a pas été menacé...

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