Monaco-Matin

Amertume et destitutio­n

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(Photo Y. D.) « J’aime mon métier ! Mais il faut nous donner les moyens… » Cédric Godevin, CGTiste, est guichetier. Passionné. Mais amer. Il rappelle que les retards, les galères, ce n’est pas seulement pendant les grèves : « C’est tout le temps. Parce que nous n’avons plus assez d’effectifs… » Quant aux « privilèges » du statut de cheminot ? «Je suis à la SNCF depuis vingt ans, je gagne   euros… » Il accuse le coup. Observe, amer : « la SNCF, qui entretient sa propre concurrenc­e, en se créant des filiales privées, avec des salariés au rabais. » Mais aussi « la volonté de niveler par le bas, alors qu’il y a   cheminots, et seulement   salariés privés dans le groupe… Pourquoi ne pas les niveler, eux, vers le haut ? »

« Vous et nous, c’est fini ! » Sur le parvis de la gare, on fait le point. «Ilyaeudes avancées dont certaines ne sont pas négligeabl­es mais c’est loin d’être suffisant », souligne Najim Abdelkader, secrétaire de la CGT cheminots à Nice, au nom de l’intersyndi­cale, avant d’appeler à grossir et poursuivre le mouvement. Un effort pourtant difficile : « Il y en a, du fait de la grève, qui ont des salaires à trois chiffres. Plutôt du  euros… » Les cheminots sont allés trouver le directeur d’établissem­ent, Philippe Serre, dans les bureaux de la gare. Une confrontat­ion a eu lieu. Accusé de soutenir la réforme du statut des cheminots, il a aussi dû s’expliquer sur l’applicatio­n par ses services de la suppressio­n des jours de repos (leur non-paiement) aux grévistes, avant une décision de justice qui doit intervenir demain pour trancher sur cette question qui oppose direction et grévistes (). Le directeur s’est défendu, en assurant qu’il n’avait qu’exécuté « ce que les  établissem­ents de France avaient appliqué » et a argué que « les modalités de retenue ont été clairement communiqué­es ». En précisant que « la SNCF appliquera la décision de justice lorsqu’elle sera rendue. » Un discours qui n’a pas suffi aux cheminots, qui l’ont symbolique­ment destitué : « Vos décisions ont laissé des cicatrices… Vous et nous, c’est fini ! »

1. Le caractère inédit de la grève (deux jours de grève tous les cinq jours) crée un débat sur le calcul des repos des agents grévistes.

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