Ces aides sociales menacées par le gouvernement
Des prestations vont-elles être rabotées? La cacophonie règne au sein de l’exécutif. C’est au tour de Darmanin d’avancer, hier, que certaines sont des « trappes à inactivité »...
Déclarations alambiquées, prises de position parfois contradictoires : le gouvernement souffle le chaud et le froid sur la question des prestations sociales, avant la publication très attendue d’un rapport d’experts chargé d’identifier des pistes d’économies budgétaires. L’exécutif s’apprête-t-il à tailler dans les aides sociales ? Quelles prestations pourraient être amenées à évoluer ? Difficile, sur ce sujet politiquement sensible, de voir clair dans les intentions de l’exécutif, à quatre mois de la présentation du budget 2019. « Ce qui est certain c’est qu’il y en a trop » et « qu’elles sont parfois contradictoires », a estimé, hier, sur RTL le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, pointant l’existence de dispositifs nationaux et locaux nombreux et « complexes ». « On a un système social qui malheureusement n’a pas réglé le problème de la grande pauvreté en France et qui n’a pas réglé non plus le problème de l’activation vers le travail », a ajouté le ministre. Un propos visant « le maquis » existant en matière de prestations sociales, et non le niveau des aides, a précisé l’entourage du ministre. « Ça rend le système incompréhensible pour les gens », a-t-on assuré. Interrogé sur les intentions exactes du gouvernement, alors que des rumeurs et informations contradictoires circulent depuis plusieurs semaines, le ministre a tenu à distinguer
deux types de prestations : celles, « légitimes », destinées aux « gens cassés par la vie », comme les allocations pour les handicapés et le minimum vieillesse, qui seront augmentées, et celles attribuées « entre deux périodes d’activité », qui sont des « trappes à inactivité », « pas assez incitatives ». Nous devons réfléchir « à notre système social notamment sur ce deuxième point », a -t-il dit, citant une nouvelle fois l’exemple de la prime d’activité,
attribuée aux travailleurs à revenus modestes.
Différence de « sensibilité »
Ce dispositif, lancé en janvier 2016 pour remplacer le RSA-activité et la prime pour l’emploi (PPE), a connu une montée en charge très rapide. Au point d’inquiéter Bercy, qui craint un dérapage budgétaire. « En 2016, quand elle a été créée, c’était quatre milliards d’euros. Aujourd’hui, c’est six [...] alors qu’on a une croissance économique et des créations d’emplois », a souligné Gérald Darmanin. Cette prestation, qu’Emmanuel Macron s’était engagé pendant la campagne présidentielle à revaloriser, pourrait-elle être rabotée ? Le gouvernement, tout en laissant entendre qu’une refonte est possible, s’en défend. « Il faut revoir le système sans toucher aux aides sociales individualisées », a jugé Gérald Darmanin. Un propos relayé par le porteparole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui a assuré sur Franceinfo que les aides individuelles « ne baisseront pas ».
Des arrière-pensées ?
Ce dernier avait rappelé à l’ordre la semaine dernière le gouvernement, après un couac entre Bruno Le Maire – qui avait jugé « peut-être légitime de réduire la politique sociale sur l’emploi » – et Gérald Darmanin, qui avait évoqué une différence de « sensibilité ». Selon Bercy, l’objectif du gouvernement est « de revoir les dispositifs » dont l’Etat estime « qu’ils ne remplissent plus le rôle pour lequel ils ont été créés ». Autrement dit : d’« améliorer leur efficacité ». Selon une source proche du dossier, cette réflexion n’est cependant pas dénuée d’arrière-pensées, l’exécutif étant à la recherche d’économies pour tenir ses objectifs budgétaires, à savoir réduire la dépense publique de trois points de PIB d’ici à 2022.