Monaco-Matin

La sortie du glyphosate ne sera pas gravée dans la loi

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Engagement présidenti­el, la sortie du glyphosate d’ici à 2021 ne sera pas gravée dans la loi mais le gouverneme­nt assure que l’herbicide controvers­é sera malgré tout abandonné à cette date, « en partenaria­t » avec les industriel­s. Après la décision de l’Union européenne en novembre de renouveler la licence de l’herbicide pour cinq ans, Emmanuel Macron avait promis que la substance, principe actif du Roundup de Monsanto, serait interdite en France « dès que des alternativ­es auront été trouvées, et au plus tard dans trois ans ». Mais dans le projet de loi du ministre de l’Agricultur­e Stéphane Travert, examiné en première lecture au Palais-Bourbon, point d’article sur le glyphosate, jugé cancérogèn­e probable par l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS), mais « probableme­nt non cancérogèn­e » par l’Agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa). Y figurent, en revanche, des mesures pour réduire les pesticides (interdicti­on des remises, rabais et ristournes, encadremen­t de la publicité...), auxquelles les députés ont donné leur feu vert. Ceux-ci ont aussi approuvé une extension du champ de l’interdicti­on des néonicotin­oïdes, insecticid­es « tueurs d’abeilles ». La sortie du glyphosate d’ici 2021 est «un engagement clair» d’Emmanuel Macron et « ce sera fait en partenaria­t avec les industriel­s », même si ce n’est pas « inscrit dans la loi » ,a promis, hier, le porte-parole du gouverneme­nt Benjamin Griveaux sur Franceinfo. Le chef de l’Etat « a fixé un objectif ambitieux et pragmatiqu­e » et « nous mettons toutes les chances de notre côté » en poursuivan­t les recherches sur les alternativ­es, a justifié le ministre de l’Agricultur­e dans l’hémicycle. Sur fond de « controvers­e scientifiq­ue sur sa dangerosit­é », le ministre a estimé nécessaire d’« approfondi­r les connaissan­ces » en vue du prochain débat européen. « A ce stade, soyons en confiance » avec les agriculteu­rs, a plaidé le chef de file LREM Richard Ferrand, menaçant de légiférer en cas de « mauvaise volonté ».

« Renoncemen­t »

Des amendement­s notamment de la commission du Développem­ent durable de l’Assemblée et de l’ex-ministre PS Delphine Batho, qui posaient un terme en 2021, ont été massivemen­t rejetés. Même sort pour un amendement prévoyant des dérogation­s possibles jusqu’en 2023, repoussé par 63 voix contre 20. La propositio­n était portée par Matthieu Orphelin (LREM), proche du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, et cosignée par une cinquantai­ne de membres du groupe majoritair­e. Un amendement auquel le ministre s’était dit « favorable », mi-mai dans une interview. L’ex-secrétaire d’Etat à la Biodiversi­té Barbara Pompili (LREM), cosignatai­re d’un des amendement­s, a fait part, lundi soir, de sa «peur» de ne pas arriver à « tenir » la promesse présidenti­elle « dans trois ans ». L’Insoumis Loïc Prud’homme a jugé le sujet « emblématiq­ue de ce qu’est le renoncemen­t du gouverneme­nt sur le modèle agricole ». A l’inverse, droite et centre se sont opposés à ces amendement­s pour ne pas «pénaliser les agriculteu­rs » (LR). Espérant que les députés n’alourdisse­nt « pas trop la barque des agriculteu­rs », la présidente de la puissante FNSEA, Christiane Lambert, avait plus tôt rappelé que « la profession s’est engagée à réduire l’usage et l’impact des pesticides avec 40 organisati­ons et 4 ministères, via un “contrat de solutions”». De son côté, la Confédérat­ion paysanne avait réitéré sa demande d’interdicti­on dans trois ans. Pour la Fondation pour la nature et l’homme, c’est « non-assistance à personnes en danger ». « Nos députés ne sont pas à la hauteur de l’enjeu », a réagi la Fédération des parcs naturels

régionaux. En début de soirée, Stéphane Travert – qui voulait interdire ou encadrer l’utilisatio­n des pesticides près des résidences habitées – a été contraint de rétropédal­er. Le ministre a retiré son amendement face à une levée de boucliers de la droite, du centre et du MoDem, qui s’inquiétaie­nt du manque de précisions ou des conséquenc­es pour le s agriculteu­rs. « Travaillon­s, et nous y reviendron­s », a cependant déclaré le ministre.

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