Monaco-Matin

Giroud sur son 

En marquant contre l’Irlande, l’attaquant tricolore a rejoint Zinedine Zidane au nombre de buts en Bleu. Rien que ça... Pourtant, il reste la cible des critiques

- VINCENT MENICHINI

Il est minuit passé, hier soir, dans les couloirs du Stade de France quand Olivier Giroud se pointe devant les journalist­es.

Allure faussement nonchalant­e, cheveux parfaiteme­nt soignés, barbe fraîchemen­t taillée, l’attaquant de Chelsea évoque sa « fierté » d’avoir rejoint Zinedine Zidane avec 31 buts en équipe de France. Il s’écoute un peu, beaucoup, parle du collectif, de ses jeunes partenaire­s, mais savoure surtout sa performanc­e individuel­le qui le place au milieu des légendes de l’équipe de France que sont Thierry Henry, Michel Platini, David Trezeguet et, donc, « Zizou ». Rien que ça... Quelques minutes plus tôt, il avait servi un match « à la Giroud », ce qui consiste à marquer un but - de raccroc si possible -, d’aller à la bagarre dans les duels, mais aussi à mettre en lumière quelques failles sur le plan technique. Entre Mbappé et Fekir, ça a « matché » au premier regard. Quand Giroud s’en est mêlé, c’est parfois devenu plus heurté. Son profil oblige les Bleus à jouer d’une façon beaucoup plus directe et ce n’est pas du tout du goût de Christophe Dugarry, qui s’est payé le grand « Olive » et relancé une énième fois le débat sur les qualités du garçon. « Je suis désolé mais on ne peut pas être champions du monde avec Giroud, a-til lâché au micro de RMC. Moi, je milite pour que ce soit Mbappé et Griezmann en pointe depuis toujours ! Si Giroud marque des buts, tu fais comme à Arsenal et Chelsea, tu le fais entrer à la dernière demiheure et il va t’apporter quelque chose. Je vois Mbappé plus fort que les 31 buts d’Olivier Giroud. » Que Mbappé soit plus fort, plus beau à voir jouer, plus rapide et plus technique que Giroud, personne ne peut prétendre le contraire. Or, malgré son immense talent, “KMB” ne brille pas encore par son efficacité en équipe de France (13 sélections, 3 buts), quand l’ancien Gunner, lui, marque à chaque fois qu’il joue. A trois semaines du début du Mondial, rien ne dit que la France ne puisse pas être au rendez-vous de la finale, le 16 juillet prochain à Moscou, avec ou sans Giroud. C’est d’ailleurs avec ce dernier qu’elle est passée à un poteau de la victoire à l’Euro 2016, contre le Portugal. « On a un attaquant qui vient d’égaler Zinedine Zidane, ce n’est pas rien du tout, a lancé Mbappé. Il faut respecter ce qu’il a fait. Il est important, il marque à chaque fois qu’il joue. Après, il n’est pas le plus spectacula­ire, mais il est très efficace et important pour nous. Il fait entre guillemets le sale boulot. Il défend pour l’équipe, il attaque, il marque. C’est très bien. Moi, je joue où il y a de la place. Tout me va ». Au sein d’une société où la division est devenue la norme, le football n’échappe évidemment pas à la règle, et Olivier Giroud encore moins. Contre l’Irlande, lors de l’annonce des équipes, son nom a été sifflé par une minorité de spectateur­s du Stade de France. C’est beaucoup moins prononcé qu’il y a deux ans, mais ça s’entend toujours, sans que ce ne soit justifié, voire pas du tout. Il y a, d’abord, tous ceux qui ne le supportent pas, parce qu’ils estiment qu’il a pris la place de Karim Benzema en équipe de France. Ils n’aiment pas Giroud, parce qu’ils aiment le Madrilène qui ne reviendra pourtant plus jamais en équipe de France tant que Didier Deschamps en sera le sélectionn­eur. C’est ainsi, et il serait de bon ton de tourner la page, enfin... « Olivier est un joueur trop souvent et injustemen­t critiqué », a déclaré Deschamps, après le match contre l’Irlande, qui a donné raison à ses choix. Ensuite, il y a ceux qui le trouvent « trop rustre » sur le plan technique et estiment que son profil ne sied pas vraiment avec les caractéris­tiques des Griezmann, Mbappé, Fekir et Dembélé. Cela se défend davantage et il est vrai qu’on ne serait pas contre voir, un jour, tous ces manieurs de ballon jouer la même partition, tous en coeur.

On ne peut pas être champions du monde avec lui” Christophe Dugarry, consultant RMC

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