LOGEMENT : LES VÉRITÉS DE M. APOLLINE
Albert Croési, chargé par le gouvernement de gérer la crise aux Jardins d’Apolline et maintenant à L’Hélios, estime que certains résidents se montrent trop exigeants.
Alors que la crise des Jardins d’Apolline se gère avec une volonté appuyée du gouvernement reconnue par tous, les résidents déjà relogés ou encore dans les cartons de déménagement envisagent déjà leur retour. Dans nos colonnes, le 22 mai dernier, la présidente de l’association des résidents, Céline Lubert, exprimait le souhait de créer un système d’attribution alternatif pour la cinquantaine d’appartements construits dans les deux étages surélevés. « Certains peuvent vouloir prétendre à un appartement en étage plus élevé, plus grand, un appartement différent.» Aujourd’hui, Albert Croesi, chargé de mission auprès du ministre d’État et conseiller interministériel depuis juin 2017, explique la position du gouvernement et dresse, plus globalement, un tableau de la situation du logement à Monaco.
Avec la surélévation des Jardins d’Apolline, est-il envisageable de décaler certaines familles locataires d’un ou deux étages ? Le gouvernement s’est engagé à ce que chaque famille retrouve son appartement d’origine. Mais les deux derniers étages des blocs A et B ont une configuration particulière. Certains foyers vont nécessairement « monter » puisqu’ils étaient logés dans des appartements en terrasse. Forcément, nous leur devons la même configuration. Les autres familles retourneront là où elles étaient logées. D’une idée formidable du souverain, on se retrouve à discuter alors que cela n’a pas lieu d’être. Les règles d’attribution ne prévoient pas que l’on puisse choisir tel ou tel appartement. La grande majorité des Monégasques respecte ces règles. Aussi, malgré les indiscutables désagréments qu’ont subis les résidents, je ne peux malgré tout me résoudre à dire qu’il faudra leur accorder, à vie, des passe-droit ou des privilèges. Si les règles d’attribution des appartements du parc domanial devaient changer, elles changeraient alors pour bénéficier à tous. À entendre l’association des résidents, il me semble que ce n’est jamais assez !
Mais les besoins peuvent évoluer… Seuls pourront bénéficier d’une mobilité les familles qui quitteraient un appartement pour solliciter un relogement de taille inférieure. Ensuite, le gouvernement a mis en place un système d’échange qui fonctionne très bien et je suis persuadé qu’une fois réhabilités, les appartements des Jardins d’Apolline seront très demandés.
Il faut aussi admettre que nombre de résidents d’Apolline ont vécu plusieurs années dans des conditions très difficiles. De quoi mieux comprendre leurs attentes… Bien sûr, mais la première de leurs attentes, qui est totalement légitime, est qu’on leur rende un appartement salubre. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui… Entre le domanial, le privé et l’indemnité octroyée contre une solution personnelle, c’est trois fois un tiers pour les blocs B et D. Les locataires des blocs A et C sont relogés essentiellement dans le privé et quelques-uns d’entre eux sont en solution personnelle. Tout le monde est-il relogé aujourd’hui? Il reste à retrouver un lieu de destination pour foyers. Fin juin, tout le monde aura un appartement de destination et les déménagements seront terminés fin octobre.
On entend dire que de nombreux logements étaient inoccupés. Est-ce exact? J’ai eu les relevés des compteurs d’eau. Je n’ai dénombré que trois appartements qui me semblaient inoccupés.
Le problème du logement est récurrent chez les politiques. Qu’en pensez-vous ? Je me pose des questions… En comptant les nationaux qui sont propriétaires, ceux qui vivent à l’étranger, ceux qui résident dans le secteur protégé et ceux qui logent dans le privé contre l’allocation nationale au logement (ANL), pourquoi et comment n’arrive-t-on pas à loger personnes dans les appartements du parc domanial de l’État ? Cela ne représente moins de deux personnes par appartement. Faudra-t-il à terme donner un appartement par Monégasque ? Pourtant, je le sais et c’est vrai, il y a des demandes de logement non satisfaites. Même si la structure familiale évolue : divorces, recomposition familiale, etc. % de divorces, ce n’est pas %. Je ne comprends pas. Ce que je sais, en revanche, c’est le drame que vivent trop souvent nos « frères de coeur » que l’on appelle Enfants du pays. Il y a là un problème de société énorme qui fait souffrir des familles qui doivent s’exiler. Je pense qu’il faudrait rapidement déterminer qui est Enfant du pays, abroger la loi sur la transmission de la nationalité par mariage tout en faisant bénéficier aux conjoints les mêmes droits qu’aux Monégasques, et rendre au souverain, seul, le droit de naturaliser qui il souhaite. Ainsi et peut-être choisira-t-il de naturaliser, une seule fois mais une fois pour toutes, les quelques Enfants du pays, car il n’y a pas de Monégasque de « deuxième catégorie ». Et « Enfant du pays » n’est pas une « nationalité » qui donne accès à un appartement de l’État.
‘‘ Les Enfants du pays vivent un drame ”