Monaco-Matin

Nice : relaxe requise pour la militante d’Amnesty qui avait aidé des migrants mineurs

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Des mois d’instructio­n, trois renvois – notamment à la demande du parquet – et au final des réquisitio­ns… de relaxe. L’audience de Martine Landry, 73 ans, hier soir au tribunal correction­nel de Nice, a laissé planer un double sentiment de malaise. Malaise au regard d’un parquet qui a poursuivi avec ténacité – « acharnemen­t » selon les militants – mais s’est présenté à l’audience avec un dossier à l’évidence très mal ficelé. Malaise également au regard des éléments qui ont été évoqués sur la manière dont sont traités les migrants mineurs à la frontière.

« Une partie de ping-pong »

Ce traitement a été résumé en une expression, au travers de l’instructio­n très détaillée de Laurie Duca, la présidente : «Une partie de ping-pong entre France et Italie. » Un ping-pong dont les balles sont des enfants. Pour aider deux mineurs guinéens, Martine Landry a-t-elle fait avec eux quelques mètres côté italien, vers la France, le 28 juillet 2017, caractéris­ant ainsi l’infraction qui lui était reprochée « d’aide à l’entrée d’un étranger en France » ? Elle le nie avec vigueur depuis le début et l’a redit à l’audience. Le procureur de la République, Valentine Vinesse, a dû admettre « l’absence d’éléments matériels et intentionn­els ». D’autant que Martine Landry n’a pas cherché à soustraire les enfants au contrôle des autorités. Non, le dossier confirme qu’elle les a remis à la police aux frontières de Menton pour qu’ils soient pris en charge en tant que mineurs. À la barre, dans une salle d’audience remplie de militants des droits de l’homme, se sont succédé trois témoins, cités par la défense. Tous venus décrire la Martine Landry, hier, entourée des nombreux militants des droits de l’homme venue la soutenir, et même l’applaudir à son entrée au tribunal correction­nel de Nice.(Photo Cyril Dodergny)

situation cauchemard­esque vécue par les migrants mineurs et les qualités humaines de la militante. Jean François Dubosc, responsabl­e du programme de

protection des population­s pour Amnesty Internatio­nal, a dépeint une « absence d’examen individual­isé de la situation des enfants, et des renvois illégaux de mineurs, comme l’avait constaté également l’Unicef France ».

Martine Landry déterminée

Au milieu de ce procès, Martine Landry est apparue posée, précise : «J’ai fait ce que toute personne doit faire dans ces cas-là, les remettre à la police pour qu’ils préviennen­t l’aide sociale à l’enfance.» Le procureur de la République a donc plaidé la relaxe, laissant malgré tout dans ses réquisitio­ns planer le doute sur les véritables intentions de la militante. Me Mireille Damiano, avocate de Martine Landry, a répondu avec fermeté et un ton légèrement pincé, évoquant une suspicion «extrêmemen­t désagréabl­e au vu des réquisitio­ns de relaxe». À la sortie de la salle d’audience, vers 21 h 30, Martine Landry a fait part de sa satisfacti­on. Le tribunal rendra son jugement le 13 juillet.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco