Les députés adoptent la loi agriculture et alimentation
Après huit jours de débats souvent animés, le texte a recueilli en première lecture 339 voix contre 84, avec 130 abstentions
L’Assemblée nationale a adopté, hier, par 339 voix contre 84, avec 130 abstentions, le projet de loi agriculture et alimentation en première lecture, après huit jours de débats souvent animés. Le texte, porté par Stéphane Travert, a été approuvé par les députés LREM et leurs alliés du MoDem avec « enthousiasme », tandis que LR et le groupe UAI se sont majoritairement abstenus, évoquant « un rendez-vous manqué ». Abstention également pour le FN. Les élus des trois groupes de gauche – Nouvelle Gauche, Insoumis et communistes – ont, en revanche, voté contre, faisant part de leur « déception » après les « espoirs » suscités par les « états généraux de l’alimentation » (EGA), dont le projet de loi est le fruit.
« Première étape »
Pour la majorité, le texte, qui entend notamment rééquilibrer les relations commerciales au profit des agriculteurs et vise aussi à promouvoir une
alimentation plus saine et durable, opère un « tournant ». Mais, a observé Monique Limon (LREM), les objectifs fixés « ne pourront être atteints que si les professionnels s’en emparent », argument aussi mis en avant par le MoDem,
Nicolas Turquois, agriculteur, sur ce projet de loi qui est « une première étape ». Au nom du groupe LR, Jérôme Nury s’est dit « partagé ». Ce texte était la « dernière bouée de sauvetage dans cette tempête de détresse qui s’abat sur les agriculteurs », mais c’est « une bouée dégonflée », a-t-il déploré, évoquant un « rendez-vous manqué avec la profession agricole ».
« Où est passée la loi qui protège ? »
« Des EGA au texte de loi, le compte n’y est pas », a aussi jugé Thierry Benoit (UDI-AgirIndépendants), confirmant une « abstention d’alerte et de vigilance » de son groupe. L’ex-ministre socialiste délégué à l’Agroalimentaire Guillaume Garot a estimé que « c’est la déception qui l’emporte » après les « espoirs » nés des EGA, Loïc Prud’homme (LFI) fustigeant une loi « vide de sens » sous « l’influence des lobbys ». Le communiste Sébastien Jumel a, lui, dénoncé « un texte bien fragile qui déçoit profondément les agriculteurs de France ». « Où est passée la loi qui protège ? », a-t-il lancé, dénonçant « des mesures de marketing, un écran de fumée destiné à masquer les souffrances du monde rural ».