Le rapport qui va booster le véhicule électrique
Commandé par Nicolas Hulot et Elisabeth Borne à France Stratégie, le document sera remis ce matin. Un comparatif de ce qui se fait et se prépare notamment en Europe
Un million deux cent mille véhicules électriques ont été vendus l’an dernier à travers le monde. Le chiffre en impose, mais le pourcentage est infime, rapporté au nombre de véhicules neufs commercialisés en 2017 : seulement 1,5 %. Alors que la France envisage de vendre sa dernière voiture à moteur thermique en 2040, les ministres Nicolas Hulot (Transition écologique) et Élisabeth Borne (Transports), ont commandé à France Stratégie, un organisme gouvernemental, un comparatif de ce qui se fait et se prépare en Europe en matière de transport électrique. Le rapport est remis ce matin.
. Les trois champions de l’électrique
En Norvège, les véhicules électriques sont moins chers que leurs concurrents thermiques, les péages et les traversées en ferry sont gratuits, les couloirs de bus leur sont ouverts : grâce au soutien financier massif du gouvernement, l’objectif de 100 % de voitures électriques en 2 025 paraît atteignable. La Californie a également franchi le cap des 10 % des ventes. Les plus forts à ce jeu restent les Chinois : le montant des subventions dépasse souvent la moitié du prix de la voiture… à condition qu’elle soit chinoise. Les deuxroues électriques sont aussi vivement encouragés : il s’en est vendu l’an dernier 30 millions d’exemplaires.
. La batterie, moteur de l’explosion des ventes
Les coûts des batteries ont déjà été divisés par deux, grâce aux progrès récents des batteries au lithium. Du coup, on peut « envisager » un trajet de 250 kilomètres suivi d’un temps de recharge d’une demi-heure environ. Avec l’arrivée de nouveaux modèles dès 2019, ce parcours devrait s’allonger jusqu’à 400 kilomètres. D’où l’importance d’un vaste réseau de bornes de recharge rapide, le long des grands axes routiers.
. La clé du succès
Le prix d’achat de la Zoé avec batterie est de 32600 euros, soit .... vingt-cinq fois le SMIC net mensuel. Pas de développement de l’électrique sans la possibilité pour les classes moyennes de s’engouffrer sur ce marché. D’où la nécessité d’un marché d’occasion, aujourd’hui quasi inexistant. « La meilleure réponse serait que les constructeurs garantissent la batterie sur une durée de vie suffisante », huit ans, pas moins. La crainte: que l’emploi automobile s’effondre en France à cause de la chute des ventes de véhicules thermiques. D’où les préconisations de France Stratégie: prendre « des mesures de politique industrielle en faveur du véhicule électrique », notamment « un effort conséquent de recherche et de développement » dans le domaine des batteries comme dans ceux des nouveaux matériaux, du numérique et du recyclage. Mais aussi – pourquoi pas ? – instaurer des quotas de vente aux constructeurs ou inventer de nouvelles aides financières. Une politique, que pourrait financer une taxe carbone européenne, à lancer sans tarder. En 2030, ce marché mondial pèsera plusieurs dizaines de milliards de dollars.