Monaco-Matin

Le trafic de drogue pèse lourd dans l’Hexagone

C’est une première pour l’Insee : l’organisme révèle que cette activité illégale génère près de 2,7 milliards d’euros chaque année. En tête des transactio­ns : cannabis et cocaïne

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Le trafic de drogue en France génère une activité économique évaluée à près de 2,7 milliards d’euros par an, équivalent à un peu plus de 0,1 point de produit intérieur brut (PIB), a annoncé, hier, l’Insee. Sur ces 2,7 milliards, un milliard d’euros sont générés par le trafic de cannabis et 800 M€ par le trafic de cocaïne, précise l’Institut national de la statistiqu­e et des études économique­s (Insee) dans une note, première du genre pour l’organisme public. L’Insee avait annoncé fin janvier après plusieurs années de débat qu’il intégrerai­t à partir de la fin du mois de mai la consommati­on de stupéfiant­s et les activités liées à cette consommati­on dans le PIB français.

Normes comptables européenne­s

Cette prise en compte, effectuée à la demande de l’institut européen des statistiqu­es Eurostat, vise à « aligner » les normes comptables tricolores « sur la pratique des autres pays européens », précise l’organisme public. Selon l’Insee, qui s’appuie sur les données de la Mission interminis­térielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), elles-mêmes fondées sur des enquêtes

auprès des ménages, la consommati­on de drogue en France pèse 3,1 milliard d’euros par an. Mais près de 400 M€ doivent être retirés de ces 3,1 milliards, correspond­ant au poids des importatio­ns -qui doivent être comptabili­sés dans le PIB des pays concernés et non dans le PIB français. D’où le chiffre de 2,7 milliards avancé par l’institut public. « Ce chiffre est une évaluation », insiste cependant Ronan Mahieux,

responsabl­e du départemen­t des comptes nationaux à l’Insee. «Ilya un risque de sous-estimation, car il est possible que les ménages n’aient pas confiance dans les enquêteurs qui les contactent », explique-t-il. L’institut Eurostat avait demandé aux Etats membres en 2013 d’intégrer le trafic de drogue et la prostituti­on dans leurs statistiqu­es nationales, estimant qu’il s’agissait de transactio­ns commercial­es consenties librement. L’objectif était d’harmoniser les données fournies par les pays européens, ces activités étant considérée­s comme légales dans certains Etats, à l’image des Pays-bas, ce qui gonfle leur PIB, et illégales dans d’autres.

La prostituti­on pas prise en compte

A la suite de la demande d’Eurostat, la plupart des pays européens ont intégré ces nouvelles normes ces dernières années. Ce nouveau système de compte s’est traduit par des révisions à la hausse du PIB parfois sensibles dans ces pays, notamment en Italie et en Espagne. L’Insee précise dans sa note refuser de comptabili­ser la prostituti­on dans le PIB, contrairem­ent à d’autres pays européens. « La prostituti­on exercée dans la rue est notoiremen­t le fait de personnes généraleme­nt en situation irrégulièr­e, souvent mineures et sous la coupe de réseaux clandestin­s qui les ont acheminées en France », justifie-t-il. Pour cette raison, « ces situations s’apparenten­t davantage à une forme d’esclavage sexuel qu’à l’exercice librement consenti d’une activité profession­nelle », ajoute l’organisme public.

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Alors que les saisies opérées par les services de la douane sont de plus en en plus nombreuses, le chiffre qu’avance l’Insee est tout simplement... stupéfiant ! (Photo Patrick Blanchard)

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