Monaco-Matin

Des femmes (presque) comme les autres

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Elles ont quitté leur costume de strass et de plumes. Leurs talons vertigineu­x. Elles sont redevenues l’espace d’un instant des jeunes filles – presque – comme les autres. Souriantes au-delà du possible. Joyeuses. Heureuses d’être à Monaco. Inge, la Belge est assise à côté de Nicole, l’Australien­ne, capitaine de l’«équipe» topless. Et la troisième danseuse, Katie arrive d’Angleterre. Elles ont 31, 28 et 30 ans. En font 22 tout au plus. Ce sont des «anciennes » du Moulin Rouge. Nicole y danse depuis 10 ans. Inge, 4 ans. Et Katie 7 ans et demi. Toutes les trois ont une formation de danse classique. Mais avant d’intégrer la plus prestigieu­se troupe du monde, elles ont tout essayé : jazz, moderne, contempora­in, hip-hop. Et même claquettes. Dans une autre vie, Katie et Nicole ont dansé da s des shows lors de croisières. Quant à Inge, elle a enseigné la danse et participé à des spectacles télés en Belgique et aux Pays-Bas. Une vie réglée au cordeau Aujourd’hui, leur vie est réglée comme du papier à musique. Et elles adorent ça. «On danse pour le plus beau, le plus grand cabaret du monde», lâche Nicole. Une évidence. « Et c’est une opportunit­é incroyable pour nous. Pour les danseuses de grande taille, c’est difficile de poursuivre dans le classique ». Au Moulin Rouge, les jeunes femmes doivent faire 1m75 minimum. Les hommes 1m85… car oui, il y a aussi des hommes dans la troupe! Chaque soir pour la revue, 40 danseuses et 20 danseurs entrent en scène. Entre chaque thème du spectacle Féerie, qui dure depuis l’an 2000, des artistes prennent le relais : des acrobates sur rollers par exemple. Ils appellent ça des « attraction­s ». Les jeunes femmes trouvent la force de travailler 6 jours sur 7, de tenir une hygiène de vie drastique dans l’énergie que draine l’atmosphère « Moulin Rouge». Et dans l’émulation aussi. « On est toutes ensembles, on se soutient. Faire tous les soirs deux fois le même show ça pourrait être la routine, mais non! Et il y a aussi le public qui nous aide», sourient Nicole et Katie. Des jeunes femmes avec un regard d’enfants : « On a la chance de travailler avec des costumes extraordin­aires, des bijoux magnifique­s », lance Nicole.

Une machine de guerre et de rêve

Au lancement du spectacle Féerie – «un show qui n’est pas à la mode

pour ne jamais être démodé » – c’est 4 millions d’euros qui ont été investis pour les costumes, tous sur mesure, et pour les chaussures, sur mesure également. Depuis, pour les remplacer, 4 autres millions d’euros ont été dépensés. Le Moulin Rouge, c’est aussi une machine de guerre bien huilée avec 450 salariés. Chez les danseurs, 14 nationalit­és se côtoient. Des filles et des garçons venus du monde entier. Parfois à 18 ans à peine. « Mais on est bien pris en charge. Il y a une vraie entraide»,

précise Inge. Hier soir, elles ont donc dansé sur la scène du Sporting pour la première fois. Deux minutes pour symbolique­ment lancer l’enregistre­ment de l’émission Le plus grand cabaret du

monde. Trois minutes pour clôturer l’émission. Et au milieu, de la bonne humeur, des rires entre mille coups de laque, des enfilages de collants et des poses de faux cils. A leur côté depuis 23 ans, Fanny veille. Et les regarde avec des étoiles dans les yeux….

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