Monaco-Matin

Hervé Frezal rêve de la coupe du monde des fleuristes

Beaulieu-sur-Mer Le profession­nel berlugan, Meilleur ouvrier de France 2011, participe aujourd’hui, à Paris, aux sélections nationales pour représente­r la France à Philadelph­ie en 2019

- AGNÈS PASQUETTI-BARBERA

Cet adepte de la compétitio­n a répondu à la propositio­n de celui qu’il considère comme «le Joël Robuchon des fleuristes»: Gilles Pothier. Aujourd’hui, il affronte à Paris ses camarades de la promo MOF 2011 (Meilleur ouvrier de France) dans une épreuve emblématiq­ue de la profession qui est qualificat­ive pour la coupe du monde des fleuristes 2019 à Philadelph­ie (lire ci-contre). «On va se titiller un peu sur le concours, de toute façon le gagnant sera une bonne personne car la mentalité et le savoir-faire y sont. Le tout est de représente­r la France au mieux en juin 2019.» Rencontre avec ce passionné qui ne voulait surtout pas être fleuriste. Fils cadet d’Hermine Frezal, fleuriste installée à Saint-Jean en 1990 avant d’ouvrir sa boutique à Beaulieu en 1992 (boulevard du Général-Leclerc), le jeune homme de 38 ans a commencé à travailler à ses côtés en 1998. Pourtant, «c’est un métier que je détestais par-dessus tout», confiet-il. Il avait d’ailleurs choisi de faire du commerce internatio­nal. «On ne parlait que de ça à la maison, je ne voyais jamais ma mère, c’était un métier de fous! Mais en fait c’est une passion», poursuit-il. Passion qui l’a contaminé.

Valoriser ses producteur­s locaux

Début de la journée à 5h30, fin à 20 heures quand tout va bien. Le tout six jours et demi par semaine. «C’est une denrée périssable, donc on est sous pression en permanence.» Car Hervé Frezal se refuse à vendre ses acquisitio­ns au-delà de 72 heures. Il aime commencer la journée «avec de vrais gens», au marché aux fleurs, «producteur­s, vendeurs, fournisseu­rs, avec lesquels on se tutoie, on échange, avec une certaine gestuelle». Au milieu d’eux, il cherche les «bons coups ». Pas financiers mais de «beaux produits. Je travaille au coup de coeur et à la saison. En ce moment, c’est la pivoine». Il en consomme jusqu’à 1200 par semaine. Ses fleurs viennent, dans leur immense majorité, de cent kilomètres à la ronde, entre le Var et San Remo. Pour le concours, il mettra à l’honneur ses producteur­s et les produits régionaux: «Aucune fleur ne sera d’import.» Le thème de l’épreuve est tombé le 1er mai: une table pour deux. Il nous a dévoilé quelques secrets de la compositio­n qu’il fignole dans son atelier. «Je n’ai utilisé que du bois recomposé, que j’ai resculpté, et des tubes de plastique recomposés. 20 à 25 % sont des produits non naturels, après le reste est constitué de ficelle, de bois et de fleurs de saison: pivoine, groseille, jasmin… Je suis parti dans un style très végétatif, peu structuré, où

les fleurs prennent le dessus et où on voit l’effet naturel d’un jardin à l’anglaise.» Comme ses camarades, il a eu moins d’un mois pour imaginer et créer sa structure : « Il faut avoir des nerfs d’acier et peu d’heures de sommeil.» Un ami lui a heureuseme­nt «donné la main» et tous deux ont travaillé «non-stop cinq jours et demi» à raison de quinze heures par jour. « J’ai une équipe en boutique qui m’aide aussi, on appelle ça nos petites mains, je l’ai été longtemps pour d’autres fleuristes.» Une fois que tout est monté à la perfection, le passionné s’est entraîné

à fleurir la structure en moins de deux heures. Et c’est une véritable gageure: neuf variétés de fleurs et près de 370 tiges sur chacune des deux faces, en 54 minutes chacune. Mais «plus je suis sous pression et plus je suis efficace! »… Donc notre Berlugan a toutes ses chances. Réponse aujourd’hui vers 17h30.

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(Photo A. P. -B.) Hervé Frezal dans la boutique familiale.

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