Jean Siccardi : « Ecrire, c’est un long travail, constant » Festival du livre de Nice
L’écrivain a reçu hier, lors de l’ouverture, le prix Nice Baie des Anges
Aqui sian ben...» En quelques mots en nissart, Jean Siccardi, lauréat du prix Nice Baie des Anges 2018 pour son livre L’auberge du gué (Calmann-Lévy), a su toucher sa ville, et exprimer les racines, les siennes, qui portent chacune de ses phrases, chacun de ses paragraphes, chacune des pages des livres qu’il écrit. Lui, dont tous disent qu’il est « un écrivain de terroir », dont les intrigues ont toujours comme décor, la Provence, ou plus largement, la Méditerranée. «Je suis né pas loin d’ici. Nice est pour moi un aimant. Mon vieux père habite encore à Nice...» a-t-il déclaré, après avoir reçu son prix des mains du maire, Christian Estrosi, lors de l’ouverture officielle du Festival du livre. Il a tenu à rappeler son enfance au Piol, « pays des Piémontais. On est parti de rien du tout. Mais on a fait une ville intéressante, des enfants brillants. On avait une vie modeste, humble, mais extrêmement riche, parce qu’on regardait autour de nous qui avait besoin de quoi...»
« Ode contre la guerre »
L’auteur, fécond, (il a écrit une soixantaine d’ouvrages) récidive en plaçant l’action de L’auberge du gué en Provence, bien sûr, et en faisant se rencontrer la grande Histoire et les histoires du quotidien. « Ce livre, c’est une ode contre la guerre, la plus infecte des gangrènes de ce mondelà... S’il a été choisi, par un jury d’une telle qualité, c’est que j’ai réussi, à travers ce livre, à parler de l’amour, de la liberté, d’un monde de paix... » Hier, l’écrivain ne cachait pas son bonheur d’avoir remporté, en particulier, ce prix : « Il a récompensé de grands auteurs, avec une grande créativité littéraire... Et puis, moi qui suis d’ici, ce prix Nice Baie des Anges, je le voulais par sentimentalisme. Pour faire plaisir à ma ville. » Il en profite pour réitérer ses convictions d’auteur : « J’habite en montagne, à Valderoure (dans le haut pays grassois, ndlr). Etre écrivain, c’est être seul en face de son bureau, face à ses papiers. Pas là, au milieu de la foule, des mondanités. J’en ai assez vu ! Je suis un auteur qui vit ici, je n’ai pas besoin des sirènes parisiennes... » Et de marteler sa « haine des gens qui n’écrivent pas leurs livres, ou qui profitent de l’actualité, d’une mode, pour soi-disant écrire un livre en un mois... Ce livre, c’est quatre ans de travail... On n’écrit pas un livre en un mois, ni en trois, ni en six mois... C’est un long travail, constant, de tous les jours, on ne pense qu’à ça. Je n’ai d’ailleurs jamais pris de congés, je ne suis jamais parti à plus de 100 km de mon bureau. La littérature, c’est ce qui vous tient, ce qui vous fait vivre ! » (Photo C. Dodergny) En préambule, c’est l’écrivain niçois Didier Van Cauwelaert, membre du jury qui l’a comparé à Giono, et a exposé : « Il avait face à lui des pointures nationales et internationales... Mais, auteur de terroir, épris de Provence, qui inculque à ses livres l’esprit de la Méditerranée conjugué à celui de la montagne, Jean Siccardi a écrit une oeuvre empreinte de dureté et de tragédie, tout en parlant de bonheurs, sans jamais être mièvre... C’est un livre original, puissant et doux à la fois... » 1- Présidé par Franz-Olivier Giesbert (absent hier, car souffrant d’une blessure au genou), le jury était composé de JeanLuc Gag, Irène Frain, Laurent Seksik, Didier Van Cauwelaert, Paule Constant, Aurélie de Gubernatis, et Nicolas Galup.