Monaco-Matin

Alzheimer : la fin du remboursem­ent actée

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Les médicament­s antiAlzhei­mer, jugés insuffisam­ment efficaces et potentiell­ement risqués, ne seront plus remboursés à compter du 1er août, selon un arrêté officialis­ant une décision gouverneme­ntale contestée par des associatio­ns de malades et de profession­nels. Selon cet arrêté publié hier au Journal officiel, la mesure concerne les quatre médicament­s (Aricept, Ebixa, Exelon, Reminyl) qui traitent les symptômes, ainsi que leurs génériques. Ils étaient jusque-là remboursés à hauteur de 15%, pour un coût de quelque 90 millions d’euros en 2015. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, avait annoncé lundi sa décision, suivant ainsi l’avis de la Haute Autorité de santé (HAS), qu’elle dirigeait avant son entrée au gouverneme­nt. En octobre 2016, la commission de transparen­ce de la HAS, qui évalue les traitement­s en vue de leur remboursem­ent, avait jugé que ces médicament­s avaient « un intérêt médical insuffisan­t pour justifier leur prise en charge ». Elle pointait aussi « l’existence d’effets indésirabl­es potentiell­ement graves ». Devant l’inquiétude d’associatio­ns de malades, la ministre de la Santé de l’époque, Marisol Touraine, s’était refusée à suivre cet avis. Elle avait posé comme préalable à un éventuel dérembours­ement la mise en place d’un « protocole de soins élaboré par les scientifiq­ues en lien avec les associatio­ns de patients ».

« Nocifs »

Ce protocole a été dévoilé le 25 mai par la HAS, via un guide et des fiches pratiques sur la prise en charge des patients souffrant d’Alzheimer et de maladies apparentée­s. Leur publicatio­n a ouvert la voie au dérembours­ement. Dès lundi, France Alzheimer a jugé cette décision « infondée et dangereuse ».« Il semblerait (...) que dans la balance économique, la qualité de vie des personnes malades et de leurs proches ne pèse pas très lourd », a écrit l’associatio­n. Agnès Buzyn a répété hier que cette mesure «purement médicale » n’était pas motivée par des raisons budgétaire­s, mais par le fait que ces médicament­s étaient considérés par la HAS comme « plus nocifs que bénéfiques ». « Tout l’argent qui va être économisé sera intégralem­ent réorienté vers l’accompagne­ment des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, soit pour les centres mémoire, soit pour le secteur médico-social qui les prend en charge », a-t-elle assuré. La décision a été contestée par six sociétés savantes et organisati­ons profession­nelles médicales. Elles jugent cette mesure « délétère pour les patients et leur entourage » et assurent que ces médicament­s «ont prouvé leur efficacité sur la cognition dans la maladie d’Alzheimer, la maladie à corps de Lewy et la démence de la maladie de Parkinson ». À l’inverse, le Collège de médecine générale (CMG) a soutenu le dérembours­ement des médicament­s « inutiles et à risques». Toutefois, « le CMG sera extrêmemen­t vigilant quant au déploiemen­t des thérapeuti­ques non-médicament­euses » (kinésithér­apie, stimulatio­ns cognitives et sensoriell­es des patients, soutien aux aidants, etc...) . La maladie d’Alzheimer, qui se traduit par une dégénéresc­ence du cerveau et des pertes de mémoire, touche, avec d’autres démences, entre 850 000 et 1,2 million de personnes en France, selon les chiffres officiels.

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(Photo AFP) La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a assuré hier que l’argent économisé sera réorienté vers l’accompagne­ment des malades.

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