Monaco-Matin

Rajoy renversé, le socialiste Sanchez au pouvoir en Espagne

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Le chef du gouverneme­nt conservate­ur Mariano Rajoy, coulé par un scandale de corruption, a été renversé hier par le Parlement, après plus de six ans au pouvoir en Espagne, et remplacé par le socialiste Pedro Sanchez. La motion de censure contre le dirigeant conservate­ur a été adoptée à une majorité de 180 députés sur 350. Un vote historique qui fait de Mariano Rajoy le premier chef de gouverneme­nt victime d’une motion de censure depuis le rétablisse­ment de la démocratie espagnole. « Oui, c’est possible », ont lancé des députés du parti de la gauche radicale Podemos en saluant sa chute, tandis que leur chef Pablo Iglesias embrassait Pedro Sanchez. Lors de sa première prise de parole après le vote, cet ancien professeur d’économie, surnommé le « beau mec », a promis d’aborder avec « humilité tous les défis auxquels le pays fait face», en citant en particulie­r «l’urgence sociale», alors que le chômage et la précarité minent toujours le pays malgré l’insolente reprise économique. Parti sans dire un mot du Parlement après avoir serré la main de Pedro

Sanchez, Mariano Rajoy avait lui reconnu sa défaite, avant le vote, et souligné l’« honneur - il n’y en a pas de plus grand - de gouverner l’Espagne », sous les applaudiss­ements des députés de son Parti Populaire (PP).

La revanche de Sanchez

Au pouvoir depuis décembre 2011, Mariano Rajoy, 63 ans, avait survécu à plusieurs crises majeures, de la récession, dont il est sorti au prix d’une sévère cure d’austérité, aux mois de blocage politique en 2016 jusqu’à la tentative de sécession de la Catalogne l’an dernier. À 46 ans, Pedro Sanchez tient enfin sa revanche, lui dont l’investitur­e à la tête du gouverneme­nt avait été rejetée par les députés en mars 2016, avant qu’il ne réalise en juin de la même année le pire score de l’histoire du PSOE aux élections législativ­es. Débarqué du poste de numéro un de sa formation à la suite de cette déroute électorale, il en a repris les rênes l’an dernier grâce au soutien de la base contre les barons du PSOE. Monté au front contre Mariano Rajoy dès l’annonce, le 24 mai, de la condamnati­on du PP dans le scandale Gürtel, il a réussi cette fois un coup de poker politique. Mais il a dû former, autour des 84 députés socialiste­s, une majorité hétéroclit­e allant de Podemos aux indépendan­tistes catalans et aux nationalis­tes basques du PNV. Ces derniers, qui comptent cinq députés, ont porté le coup fatal à Mariano Rajoy jeudi, en se ralliant à la motion socialiste après avoir pourtant voté le budget du gouverneme­nt la semaine dernière.

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(Photo AFP) Investi par la Chambre, le leader socialiste doit encore prêter serment devant le roi Felipe VI.

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