Monaco-Matin

Mario : Oh Balo ciao !

- WILLIAM HUMBERSET

L’attaquant italien a très probableme­nt foulé la pelouse de l’Allianz pour la dernière fois devant son public niçois. A moins qu’il n’y revienne la saison prochaine sous le maillot de l’OM...

Ça ne fera pas vraiment plaisir aux supporters niçois. Mais après deux saisons magnifique­s sous le maillot du Gym, Super Mario a probableme­nt fait ses adieux au public niçois hier, sous le maillot de la Nazionale. Un épilogue qui a quand même de la gueule pour un garçon que la Squadra Azzurra fuyait comme la peste depuis quatre ans et un Mondial raté au Brésil (éliminatio­n au 1er tour). Mais l’OGC Nice, ses dirigeants, Lucien Favre, son staff, Dante et ses coéquipier­s, ainsi que le public rouge et noir ont l’immense mérite d’avoir offert à Balotelli le cadre parfait pour relancer une carrière en échec à Liverpool comme au Milan AC. Et du coup si l’Italie n’avait jamais réfuté l’idée que Mario savait marquer des buts, elle a découvert en revanche qu’il savait aussi se mettre au service d’un collectif quand on le considérai­t à sa juste valeur. En pointe d’une Nazionale très jeune, Balo a fait valoir son expérience et son sens du sacrifice. Sur un renverseme­nt de jeu bien senti (5’) et un renvoi de la tête sur coup de pied arrêté défensif (8’) par exemple.

Mario, c’est la puissance

Super Mario a eu du déchet aussi (11’), mais sur coup franc il a montré toute sa puissance et son adresse. Le premier essai a été infructueu­x (15’), comme son extérieur du pied qui est passé au-dessus des buts de Lloris (16’). Moins de vingt minutes plus tard, le portier niçois allait, lui aussi, faire face au meilleur visage de Balotelli. Sur un second coup de pied arrêté que l’attaquant italien est allé obtenir tout seul, comme un grand, avec une feinte de corps qui a rendu naïf Umtiti (34’). Dans un angle qu’il raffole, où il peut frapper en force côté gardien, c’est 90% du temps cadré et trop puissant pour que le gardien ne puisse que renvoyer tant bien que mal le cuir. Résultat, Chiellini était là pour la pousser au fond et réduire la marque (36’).

« Peau noire, sang rouge... Mario, ici, tu es le capitaine ! »

Après le repos, celui qui a fait le bonheur du Gym et parfois fait criser Lucien Favre pour son manque de mobilité, a montré qu’il savait jouer avec la profondeur aussi. Dans le dos de Umtiti pour alerter Lloris (46’), ou sur un nouvel appel à la limite du hors-jeu pour encore s’essuyer de l’exter (76’). Super Mario n’a pas fait trembler les filets hier soir malgré une tête qui a flirté avec la transversa­le après une faute malicieuse sur Umtiti, non sifflée (68’). Mais pendant deux saisons, il a fait chavirer les coeurs niçois. Et avec lui, la Squadra Azzurra aurait probableme­nt pu aller en Russie. L’Allianz a chanté à sa gloire quand il est sorti (86’) et les Ultras niçois auraient aimé faire plus encore. En réponse à la banderole raciste qu’il a vue lundi en Suisse («Mon capitaine a du sang italien»), la Populaire Sud lui en avait préparé une autre dans sa langue natale : «Peau noire, sang rouge... Mario, ici, tu es le capitaine !» Malheureus­ement, les autorités ont refusé l’entrée du message dans les tribunes de l’Allianz... Affligeant et incompréhe­nsible à la fois. Les supporters niçois rêvent d’un Super Mario 3 sous le maillot rouge et noir, «un miracle est toujours possible» selon Jean-Pierre Rivère, qui mise toujours sur Vieira, l’ancien coéquipier de Balotelli à l’Inter et à City, sur le banc. Mais la piste la plus chaude mène Balo vers la Canebière. A la pause de la rencontre, Mario a d’ailleurs fait le chemin qui mène aux vestiaires avec Adil Rami. Deux jours plus tôt, le Marseillai­s lui avait fait un appel du pied limpide, en italien : «Viens avec nous. Et allons gagner ensemble !» L’OM est sa future D’Adil Rami, évoquant l’avenir de son ancien coéquipier du Milan AC

destinatio­n la plus sérieuse, vu que le chemin menant à l’AS Rome est barré par le racisme de ses «tifosi» et que le Napoli d’Ancelotti n’est pas si chaud que ça pour l’accueillir au pied du Vésuve, là où vit Pia, sa fille. Ça ne fera doublement pas plaisir aux Niçois. Mais pour tout ce qu’il a apporté au Gym, on ne peut que lui dire «Grazie mille Mario !» Et chanter «Oh Balo ciao, Balo ciao...»

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