Monaco-Matin

Montpellie­r-Castres, choc des civilisati­ons

Favori, le puissant MHR tentera de conquérir son premier titre de champion de France face aux ‘’petits’’ Castrais qui rêvent de surprendre encore tout le monde...

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Tout les oppose ou presque : le riche et puissant Montpellie­r de Mohed Altrad, en quête de reconnaiss­ance et de son premier titre de champion de France, affronte ce soir au Stade de France (20h45) en finale du Top 14 Castres, Petit Poucet assumé et coupeur de tête patenté. Puisque le diable se niche dans les détails, évacuons d’emblée leurs maigres points communs. Comme la robustesse de leur paquet d’avants ou le fait que l’effectif tarnais soit composé de nombreux anciens Montpellié­rains (Combezou, Tulou, Bias, Bérard, Ebersohn), partis dans la douleur. Et cornaqués par un encadremen­t à l’accent héraultais : le coach et directeur sportif Christophe Urios est né à Montpellie­r et originaire de l’Hérault, son adjoint chargé des arrières Frédéric Charrier a porté le maillot du MHR.

Montpellie­r impression­ne

Regardons dans le rétro. 2011 : racheté seulement deux semaines plus tôt par Altrad, Montpellie­r avait fait souffler un vent de fraîcheur sur le championna­t en atteignant à la surprise générale la finale (défaite contre Toulouse) avec ses joueurs du cru (Tomas, Ouedraogo, Trinh-Duc) et son jeu flamboyant orchestré par Fabien Galthié. Sept ans plus tard, pour son grand retour au Stade de France, le tableau a changé : la surprise a laissé la place à la logique, aux jeunes pousses a succédé un bataillon d’internatio­naux, la plupart étrangers, et Altrad s’est fait un nom et des « amis » dans le rugby. L’équipe pétillante est devenue une machine implacable parfaiteme­nt rodée par Vern Cotter, recruté l’été passé à prix d’or, comme des pointures (Cruden, Pienaar, Picamoles, Serfontein), pour enfin apporter à Montpellie­r ce premier titre majeur tant désiré par son ambitieux propriétai­re. Premier de la saison régulière sans discussion, impression­nant en demi-finale contre Lyon (40-14), Montpellie­r endossera donc cette fois l’étiquette de favori, voire celle de grand méchant loup. Elle lui aurait sans doute collé au dos quel que soit l’adversaire. Mais l’adhésif est encore un peu fort puisque c’est Castres en face, 11e budget du championna­t, formation porteétend­ard d’une ville enclavée de 43.000 habitants, à l’effectif homogène sans aucun grand nom.

Castres surprend

Les Tarnais, financés par les laboratoir­es Pierre Fabre, ont de nouveau cette semaine surjoué ce rôle - bien réel - de Petit Poucet, et l’opposition rugby des villes, rugby des champs. Ainsi le centre Thomas Combezou, qui a gardé un mauvais souvenir de son passage au MHR (20112014) : « Je préfère défendre les valeurs d’un club comme le CO, qui n’est pas le plus beau ni le plus fort et où il y a tout à construire, qu’un club où tout est construit sur du fictif avec beaucoup d’argent et des stars internatio­nales à tous les postes ». Les Castrais ont soulevé le Bouclier de Brennus lors de la décennie en cours, en 2013 (leur quatrième), et atteint la finale l’année suivante. Cette saison, leur esprit de corps leur a de nouveau permis de renverser des montagnes, par une tactique bien identifiée par Cotter : Castres « fait déjouer l’adversaire (...) essaie de vous amener là où vous ne fonctionne­z pas bien ». La Rochelle en fin de saison régulière (18-26) en a été victime, puis Toulouse en barrages, de nouveau sur son terrain (11-23), et enfin le Racing 92. La dernière marche, la plus belle, est cependant beaucoup plus haute. Picamoles est prévenu... « Le Petit Poucet est quand même allé gagner à La Rochelle et à Toulouse, chose qu’on n’a pas réussie à faire. Sur les six dernières années, c’est leur troisième finale. Nous c’est la seconde dans l’histoire du club. Bref, il n’y a pas de favori ni de Petit Poucet. »

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(Photos AFP) Castres Montpellie­r

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