Suillet : de l’incivisme qui empoisonne le quotidien
Dans une ambiance constructive, les habitants du haut du Borrigo ont fait part de leurs doléances au maire, lors d’une réunion de quartier. Évoquant la petite délinquance, mais aussi des problèmes d’ordre plus général
Peu d’éclats de voix, pas de réels reproches, mais une volonté d’ouvrir le débat pour trouver une solution à des problèmes – bien réels – qui se répètent. Jeudi, une grappe d’habitants du Suillet s’est déplacée à l’école RenéCassin pour une réunion de quartier, en présence du maire. Afin d’exprimer, en premier lieu, une inquiétude commune face à une petite délinquance qui s’est installée. Générant du bruit, et quelque danger pour les riverains.
« Voyoucratie »
« Je suis obligée de ramasser les joints par terre, au parc, pour que les enfants ne les trouvent pas», souffle une femme. « Peut-être même qu’il y a des seringues et des bébés vont s’amuser juste devant », embraie-t-on. Un homme suggère qu’on ferme le parc la nuit. « S’ils enjambent, il y a violation de domicile… » « La solution, ce serait un truc électrique », grommelle-t-on en écho, sans trop y croire néanmoins. De l’avis général du public, une petite serrure ne suffira pas, de toute manière, à juguler les allers et venues des inopportuns. Le maire, Jean-Claude Guibal, répond posément. «Nous allons faire le point avec l’agent concernant l’entretien du jardin d’enfants. Pour le reste, nous sommes dans de la voyoucratie. Toutes les plaintes déposées sont classées sans suite. La moindre des choses quand on met des enfants au monde, c’est de les aider. Mais les ados qui dealent gagnent plus que leurs parents… » Et, puis, ajoute-t-il, « les jeunes qui posent problème ne sont pas forcément du quartier ». Au fond de la salle, une responsable du service des parcs et jardins témoigne de son étonnement. « Normalement il y a une personne dont le travail est de passer tous les jours pour nettoyer. Elle est consciencieuse, elle aime les enfants et sait pourquoi elle effectue cette tâche… » commente-t-elle. Indiquant qu’elle ira «à la pêche aux infos ». «Vous me donnez un souffleur, une balayette et je vous le fais tous les jours », répond, hilare, une femme. Au premier rang, on évoque le problème du bruit et des nuisances qui vont s’intensifier avec les beaux jours: «On commence à dormir les fenêtres ouvertes. Or ils montent en scooter jusqu’ici. Ça va mal finir, un jour l’un d’entre eux va péter un câble. » Une dame demande s’il n’est pas possible de mettre en place des caméras – qui photographieraient les plaques d’immatriculation – pour sanctionner « les jeunes qui arrivent très tard». « Ils vont la casser… » , objecte son voisin. «Il faut pour cela un policier derrière un écran. Mais quand une équipe de forces de l’ordre arrivera, les jeunes joueront tranquillement au ballon ,rétorque le maire. Il y a déjà 72 caméras dans la ville. Mais ce n’est pas une solution magique. Entre autres parce que pour infliger une amende, il faut du flagrant délit. » Le responsable de la police municipal, Jean-Marc Cazal, souligne que la solution proposée par la riveraine n’est autre que de la vidéoverbalisation… en attente d’autorisation. « Une solution satisfaisante, il n’y en a pas. On passe notre temps à faire notre possible », tranche Jean-Claude Guibal.
Ordures partout
Autre souci: les témoignages d’incivisme ne sont pas propres au parc, et de nombreux riverains se plaignent du fait que le petit groupe jette ses ordures où bon lui semble. « Je dis à ma femme d’arrêter de nettoyer par peur qu’elle se coupe. Ils jettent toute leur merde là…» , témoigne un homme. «Il n’y a pas que les jeunes qui jettent partout », souligne une jeune femme, se proposant de mettre en place une action écocitoyenne. «J’ai déjà fait le nettoyage des plages, on peut bien le faire dans le quartier» .En vue de sensibiliser. Et pourquoi pas intégrer quelquesuns des fauteurs de trouble. Réponse immédiate du maire : « Je suis prêt à vous soutenir, c’est bien si vous créez une dynamique ! »