Monaco-Matin

Nice : un an avec sursis pour le banquier passeur de migrants

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Des anonymes qui aident des migrants à la frontière italienne, il en défile quasiment tous les jours devant le tribunal correction­nel de Nice. Certains par pur humanisme, d’autres pour des considérat­ions bassement financière­s. Tous n’ont pas le cursus de ce cadre bancaire niçois de 38 ans, en CDI depuis onze ans, crédité d’un Bac +5. Il était présenté hier, détenu, après 48 heures de détention préventive. Le banquier a été arrêté à Menton pour avoir fait franchir la frontière, avec sa propre voiture, à deux migrants de 22 et 25 ans d’origine tunisienne. Il a été interpellé dimanche, à 14 h 55, lors d’un contrôle de police à la sortie de l’autoroute. « Je voulais rendre service à un cousin », s’est défendu le cadre, l’air contrit, penaud. Parfois en larmes.

« Quand il m’a raconté son histoire, j’ai eu pitié »

« J’étais parti avec l’idée d’aller lui amener de l’argent à Vintimille, j’avais retiré trois cents euros, mais je n’avais pas l’intention de lui faire franchir la frontière. Seulement, quand il m’a raconté son histoire, j’ai eu pitié, c’est là que j’ai décidé de l’aider. » Lors du contrôle de police, il annoncera directemen­t aux policiers transporte­r deux clandestin­s dans la voiture. Le deuxième était un compagnon de route de celui qu’il présente comme son cousin. « C’est inadmissib­le », s’emporte Alain Octuvon-Bazile, procureur de la République. « Nous avons malheureus­ement des passages toutes les semaines. (…) Il y a un texte qui punit ces faits de 5 années d’emprisonne­ment. (…) À Paris, des quartiers entiers sont occupés par des gens qu’on a ramenés ainsi. Cela n’a pas de sens. » Le procureur requiert 18 mois de prison ferme avec maintien en détention et confiscati­on du véhicule. Dans le box, encadré par deux policiers, le cadre bancaire s’écroule, tête dans les mains. Son avocate, Me Souad Sammour, plaide alors avec beaucoup de conviction, estimant que cet acte doit être perçu « comme un délit de solidarité. Il est de bonne foi, il y a une absence totale de but lucratif. Il gagne 4000 euros, sa femme 2 000 euros. » Sur cette base, elle réclame l’indulgence, du sursis, et une peine aménageabl­e. Le tribunal a entendu l’appel, et l’a finalement condamné à un an avec sursis et 2000 euros d’amende.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco