Midem : le live au sommet
Le marché international de la musique qui s’est ouvert hier à Cannes mise à fond sur le spectacle vivant. Le marché est porteur et la technologie suit, avec des Français qui se lancent...
Du live, du live, du live ! C’est le mot d’ordre de l’année au Midem. En perte de vitesse, le Marché International des Éditions Musicales mise à fond sur le spectacle vivant pour se relancer. Alors que la surface du salon ne cesse de diminuer, celle consacrée aux concerts grossit d’année en année. Avec la création d’une «Midem Beach», vaste espace de rencontres, de restauration et de concerts, ouvert sur la plage du palais, le « Midem by Night » est devenu presque permanent : groupes et artistes solo se succèdent sur les trois scènes de 11h00 à 2h00 du matin. Les rappeurs Chinois de B Square ont ouvert le bal, hier matin, et le duo electro français AKA devait faire la clôture dans la nuit.
Live Summit
Côté salon, un «sommet du live» réunissant les principaux acteurs de la filière a été créé cette année pour étudier les tendances d’un marché en plein boom. Selon le magazine professionnel Pollstar, les 100 plus grosses tournées de l’année dernière (dont celle de U2) ont généré à elles seules 5,6 milliards de dollars de recettes. Un chiffre en hausse de 15,8 % par rapport à l’année précédente. Onze tournées ont dépassé les 100 millions de dollars de recettes, contre 7 « seulement » en 2016. Deux cabinets de consultants spécialisés parient que le chiffre d’affaires mondial du live pourrait atteindre 29 milliards de dollars en 2021 et dépasser les 38 milliards en 2030 ! L’appétit du public pour les spectacles vivants semble inextinguible. Ce n’est pas Morgane Canastra qui vous dira le contraire. Cette jeune entrepreneuse de 27 ans a abandonné son boulot bien payé de chef de projet digital dans une agence parisienne pour créer Wyker. Une application qui est aussi un réseau social pour les amateurs de concerts comme elle : «J’en avais assez de rater des concerts parce que je n’étais pas (Photo N-M)
au courant et, encore pire, de ne pas trouver quelqu’un pour m’y accompagner quand j’avais envie d’en voir un »raconte-t-elle. Grace à la géolocalisation et aux algorithmes de recommandation des plateformes de streaming auxquelles Wyker est reliée, l’appli est capable de vous proposer en temps réel les concerts qui sont programmés dans un rayon de 1 à 100 kilomètres autour de vous en priorisant ceux que vous aimerez sûrement voir. On « swipe » comme sur Tinder pour choisir ou éliminer les propositions, on peut réserver ses places directement et, surtout, on sait quels sont les membres de la communauté qui vont au même concert et on peut leur proposer d’y aller ensemble ou de s’y retrouver. Deux mois après son lancement sur les stores IOS et Android, Wyker revendique déjà 50 000 utilisateurs et a prévu d’en réunir un million d’ici à la fin de l’année avec son lancement aux EtatsUnis. Plus modeste dans ses objectifs, mais pas moins ambitieux Scenso.TV, également présent au Midem, est une plateforme de streaming par abonnement dédiée au spectacle vivant.
Le Netflix du spectacle
« Si on ne peut pas aller au concert, parce qu’il est trop loin ou trop cher, Scenso permettra de le voir quand même avec une qualité de son et d’image exceptionnelle » promet son fondateur Denis Février. Pour dix euros d’abonnement mensuel, Scenso donnera accès à une infinité de concerts, one-man-show, opéras, revues, cirques ou ballets. Le Netflix du spectacle sera-t-il français ? Denis Février y croit: «La gestion des droits du spectacle vivant est un tel casse-tête et la solution que nous avons trouvée est si efficace que nous n’avons pratiquement pas de concurrents », soutient-il. À suivre, donc.