Monaco-Matin

Mercredi, c’est Panahi !

- PHILIPPE DUPUY

Une célèbre actrice iranienne (Behnaz Jafari) reçoit la troublante vidéo de suicide d’une jeune fille (Marziyeh Rezaei), qui avait en vain réclamé son aide pour échapper à sa famille conservatr­ice et devenir actrice elle aussi. Elle demande Navet alors à son ami, le réalisateu­r Jafar Panahi, de l’aider à vérifier s’il s’agit d’un vrai suicide ou d’une tentative de manipulati­on. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest, où les traditions ancestrale­s continuent de dicter la vie des hommes… Et surtout des femmes ! Interdit de travailler et de sortir de son pays, Jafar Panahi, 57 ans, a fait de sa condition de réalisateu­r empêché la matière même de ses derniers films. Après Taxi Téhéran (Ours d’Or 2015 à Berlin), l’Iranien a de nouveau transformé sa voiture Médiocre en studio de cinéma pour aborder les thèmes qui lui sont chers: l’absence de liberté, le sort des femmes et le poids des traditions. Mais il sort cette fois de l’habitacle, pour filmer les habitants d’un village reculé des montagnes du Nord-Ouest de Téhéran, où on a beau être fans Moyen de séries télé, il est inconcevab­le qu’une fille veuille faire ce métier de « saltimbanq­ue » (sic). Mélange de drame et d’humour à la manière du néoréalism­e italien, Trois Visages est aussi un bel hommage au regretté Abbas Kiarostami, qui fut le maître en cinéma de Panahi et dont on Bon retrouve la patte dans plusieurs plans du film (notamment le dernier). Sous ses allures de petite fable tragicomiq­ue, Trois Visages fut un des films marquants de Cannes 2018, où le réalisateu­r n’a, hélas, pas pu venir recevoir son Prix du scénario.

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