La sculpture du «Jardin de la paix» vandalisée au Pian
L’oeuvre a été tordue puis arrachée. Imaginée par l’artiste Gérard Haton-Gauthier, elle avait été inaugurée samedi dans le cadre d’un projet mené par des lycéens. La Ville a déposé une plainte
Il n’a pas de mot. Comme abasourdi. « J’ai du mal à digérer la nouvelle. Je suis très peiné et je ressens un désarroi immense...», confie l’artiste roquebrunois Gérard Haton-Gauthier. Dans la nuit de lundi à mardi, sa sculpture baptisée « La paix » a été vandalisée dans le parc du Pian de Menton. Samedi dernier, l’oeuvre d’art venait tout juste d’être inaugurée dans le cadre de la création d’un « Jardin de la paix » baptisé « Simone Veil ». L’ouvrage plat et rond – qui représente l’envol d’un oiseau – a été tordu puis arraché de son socle. « Je peux vous dire qu’il faut une sacrée volonté pour rompre 8 millimètres de tôle ! », fulmine l’artiste. La sculpture a ensuite été jetée dans le ravin, non loin de la voie ferrée. « Ce sont des jardiniers de la ville qui l’ont retrouvée et qui m’ont prévenu. Je ne suis pas encore allé sur place et je n’ai pas encore vu les dégâts. Mais je sais déjà que ce sont deux années de travail qui sont anéanties… »
« Un acte affligeant, décevant et ignoble»
Cet acte de vandalisme rappelle de tristes souvenirs à l’artiste roquebrunois. Il y a un an et demi, l’une de ses oeuvres avait déjà été vandalisée et taguée dans l’oliveraie du Cap-Martin à Roquebrune. « Des jeunes s’étaient amusés sans se rendre compte des conséquences. J’ai vite pardonné. Cette fois-ci, ce saccage est bien plus grave au regard de la signification du lieu…» Car la sculpture de Gérard Haton-Gauthier représente la concrétisation d’un projet pédagogique porté par une quinzaine d’élèves du lycée Pierre-et-MarieCurie. À la suite des attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, le lycée de Menton, l’association « Pax Medicalis » avec le soutien de la ville de Menton décident de créer un projet citoyen et d’y impliquer des jeunes Mentonnais. Les lycéens décident de créer un jardin, symbole de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme au parc du Pian. Samedi, le «Jardin de la Paix - Simone Veil» et une sculpture imaginée par Gérard Haton-Gauthier ont donc été inaugurés après plusieurs années de réflexion. « Ce jardin imaginé par des jeunes symbolise la paix... C’est ce qui rend cet acte de vandalisme encore plus affligeant, décevant et ignoble», lâche avec amertume, Daniel Bensoussan, secrétaire de «Pax Medicalis».
« La plaque Simone Veil n’a pas été vandalisée»
S’agit-il d’un acte antisémite ? « La plaque avec le nom et la photo de Simone Veil n’a pas été vandalisée, rassure Florence Lagache, professeur d’anglais, qui a impulsé le projet de « Jardin de la paix». Cependant, je suis triste et cela montre que le combat éducatif est absolument nécessaire.» Le projet du «Jardin de la Paix» venait de recevoir le premier prix départemental de «l’éducation citoyenne» par l’Ordre national du Mérite. « Cet acte est écoeurant, lamentable, inadmissible...», confie l’association. Propriétaire de l’espace vert, la mairie a déposé plainte et devrait réinstaller l’oeuvre d’art après réparation.