Monaco-Matin

Député, un rêve éveillé

- de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

Emmanuel Macron n’était pas élu depuis trois mois que déjà, les premiers signes de fatigue apparaissa­ient au palais Bourbon. « Ce n’est pas la peine de parler de rénovation de la vie politique si vous ne laissez pas les gens se reposer » (JeanLuc Mélenchon. FI), « le rythme ne peut pas rester aussi intense, sinon les députés vont mourir » (Cédric Villani LREM) ou bien encore « Quand on veut bien faire son boulot, il faut être en forme » (Philippe Gosselin. LR). À l’approche des vacances de Noël, le lamento reprenait, l’épuisement profession­nel guettait. Refrain, en boucle : les représenta­nts du peuple légifèrent tant que leurs joues se creusent, que leur teint se grise, que leurs paupières deviennent lourdes, si lourdes. Or, la chambre est le pire endroit du pays pour fermer l’oeil. Sous peine de rater le vote d’un amendement et de s’assurer un réveil douloureux. Pour se faire porter pâle, ils pourraient se déclarer en burnout ? Impossible : Même si des centaines de milliers de Français en sont victimes, ce syndrome ne figure toujours pas au tableau des maladies profession­nelles. À un mois des congés d’été, François de Rugy, président de l’Assemblée Nationale, a préféré prendre les devants en annonçant, mardi sur Europe , qu’il songeait à supprimer les séances du week-end, « comme cela a été fait plusieurs semaines de suite pendant le mois écoulé ». L’agenda parlementa­ire est sur-char-gé. Une pierre dans le jardin de ses amis du gouverneme­nt qui dicte le tempo législatif. Mezza voce, un appel à mieux fluidifier les projets de réformes plutôt qu’à ralentir la cadence des réformes. La perche était trop belle pour que Benjamin Griveaux, au nom de Matignon, ne s’en empare à deux mains. « C’est une très bonne nouvelle que les députés travaillen­t beaucoup, ça veut dire qu’ils sont pleinement à leur tâche de transforma­tion du pays ». En mode rouleau compresseu­r à la vitesse d’une formule  : normal que certains aient du mal à suivre. À moins de rendre leur écharpe, les députés vont donc devoir s’accrocher. Quitte à sécher quelques séances de nuit, comme la semaine dernière : ils étaient  malheureux rescapés du grand sommeil sur le coup de  heures du matin, pour refuser d’inscrire l’interdicti­on du glyphosate dans le marbre de la loi. Ne pas flancher. Surtout qu’il leur faut garder des forces, alors que le nombre de députés devrait passer à terme de  à . A ce rythme, les  week-ends, Noël, le jour de l’an et le  juillet n’y suffiront pas.

« Ils étaient 63 malheureux rescapés du grand sommeil sur le coup de deux heures du matin, pour refuser d’inscrire l’interdicti­on du glyphosate dans le marbre de la loi. »

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