Député, un rêve éveillé
Emmanuel Macron n’était pas élu depuis trois mois que déjà, les premiers signes de fatigue apparaissaient au palais Bourbon. « Ce n’est pas la peine de parler de rénovation de la vie politique si vous ne laissez pas les gens se reposer » (JeanLuc Mélenchon. FI), « le rythme ne peut pas rester aussi intense, sinon les députés vont mourir » (Cédric Villani LREM) ou bien encore « Quand on veut bien faire son boulot, il faut être en forme » (Philippe Gosselin. LR). À l’approche des vacances de Noël, le lamento reprenait, l’épuisement professionnel guettait. Refrain, en boucle : les représentants du peuple légifèrent tant que leurs joues se creusent, que leur teint se grise, que leurs paupières deviennent lourdes, si lourdes. Or, la chambre est le pire endroit du pays pour fermer l’oeil. Sous peine de rater le vote d’un amendement et de s’assurer un réveil douloureux. Pour se faire porter pâle, ils pourraient se déclarer en burnout ? Impossible : Même si des centaines de milliers de Français en sont victimes, ce syndrome ne figure toujours pas au tableau des maladies professionnelles. À un mois des congés d’été, François de Rugy, président de l’Assemblée Nationale, a préféré prendre les devants en annonçant, mardi sur Europe , qu’il songeait à supprimer les séances du week-end, « comme cela a été fait plusieurs semaines de suite pendant le mois écoulé ». L’agenda parlementaire est sur-char-gé. Une pierre dans le jardin de ses amis du gouvernement qui dicte le tempo législatif. Mezza voce, un appel à mieux fluidifier les projets de réformes plutôt qu’à ralentir la cadence des réformes. La perche était trop belle pour que Benjamin Griveaux, au nom de Matignon, ne s’en empare à deux mains. « C’est une très bonne nouvelle que les députés travaillent beaucoup, ça veut dire qu’ils sont pleinement à leur tâche de transformation du pays ». En mode rouleau compresseur à la vitesse d’une formule : normal que certains aient du mal à suivre. À moins de rendre leur écharpe, les députés vont donc devoir s’accrocher. Quitte à sécher quelques séances de nuit, comme la semaine dernière : ils étaient malheureux rescapés du grand sommeil sur le coup de heures du matin, pour refuser d’inscrire l’interdiction du glyphosate dans le marbre de la loi. Ne pas flancher. Surtout qu’il leur faut garder des forces, alors que le nombre de députés devrait passer à terme de à . A ce rythme, les week-ends, Noël, le jour de l’an et le juillet n’y suffiront pas.
« Ils étaient 63 malheureux rescapés du grand sommeil sur le coup de deux heures du matin, pour refuser d’inscrire l’interdiction du glyphosate dans le marbre de la loi. »